Interrogation n Comment passait-on ses congés pendant l'occupation française pour ceux qui avaient la chance d'avoir un emploi stable, un job ? La question mérite d'être posée parce que le principe du congé en lui-même à cette époque, était nouveau et il apparaissait comme un luxe pour nantis. Les musulmans, qui pouvaient prétendre à ce droit, étaient très peu nombreux. C'était, dans la plupart des cas, des petits commis comme par exemple, des facteurs, des cuisiniers de cantine scolaire, des jardiniers de pépinière ou tout simplement des ouvriers de fonderie dans le secteur privé. Leurs salaires étaient, bien sûr, beaucoup plus bas que ceux des fonctionnaires français ou juifs assimilés et supérieurs aux revenus mensuels du reste des travailleurs. 80% environ des Algériens activaient, soit dans l'agriculture comme saisonniers ou payés à la tâche, soit dans le petit commerce type alimentation générale ou dans l'artisanat. A titre de repère, le nombre d'instituteurs musulmans dans les années 1950 ne dépassait pas la trentaine. Mieux, en 1962, la France n'avait formé en tout et pour tout qu'un seul ingénieur en électricité. Avec les trois semaines de congé qu'on leur attribuait, les rares Algériens qui faisaient partie de la classe moyenne n'avaient d'autres possibilités que de se reposer à la maison. L'occasion pour les familles par exemple de se rendre visite et de renouer les liens souvent interrompus par les impondérables, l'éloignement et les activités des uns et des autres. L'occasion également pour certains foyers de procéder à la circoncision de leur fils, aux fiançailles de leur fille et même à leur mariage. Rares, bien sûr, étaient ceux qui avaient une voiture et qui pouvaient se permettre le luxe de rompre la routine et de partir ailleurs, même le temps d'un week-end. La plupart des pères de famille mettaient à profit ces congés pour bricoler à la maison et éviter les frais d'un plombier, d'un maçon ou d'un électricien. Et quand leurs vacances coïncidaient avec le mois de chaâbane, c'est-à-dire à la veille du ramadan, ils peignaient la maison de fond en comble, comme c'est la tradition pour jeûner dans la communion et la pureté. Voilà à quoi ressemblaient, à une particularité près, les congés des anciens et voilà comment ils les passaient.