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Les beaux jours de la lutte finale !
Le réalisateur Steven Soderbergh dépeint un Che Guevara réaliste et esthétique
Publié dans La Tribune le 07 - 01 - 2009

De notre envoyé spécial à Paris
Noureddine Khelassi
S'il était Algérien, allez, pour plaisanter, on dira qu'il s'appellerait Mbarek Ould El Ferd ! Benicio Del Toro, puisque c'est de l'acteur américain d'origine portoricaine qu'il s'agit, a, en effet, la puissance physique du taureau mais pas seulement. Il a, surtout, l'immense talent, unique et fou, d'un artiste perfectionniste et intense qui campe ses héros avec une appétence tout artistique pour la mort. Pas la sienne, évidemment. Plutôt, celle de ses héros, tel Che Guevara dont il incarne l'homme plus que le leader révolutionnaire. L'osmose artistique entre l'acteur déjà oscarisé et le grand symbole de la lutte finale, s'est réalisée dans un diptyque de plus de quatre heures de l'Américain Steven Soderbergh, qui sort en salles, en France, les 7 et 28 janvier 2009. Bien sûr, ce biopic, une biographie filmée de l'icône de la révolution mondiale, les cinéphiles algériens ne le verraient probablement pas dans un pays où il n'y a pratiquement plus de salles obscures dignes de ce nom. Sauf, peut-être, grâce à des duplications du film que des malins ne manqueraient pas de pirater.
Enfin, qu'importe le flacon, pourvu que le spectateur algérien ait l'ivresse de savourer ce film didactique et elliptique joué et coproduit par Benicio Del Toro qui a consacré sept ans d'énergie inlassable pour la préparation minutieuse du scénario (recherche documentaire, éléments biographiques, interviews, livres d'histoire…). En deux parties donc, l'Argentin et Guérilla, le film tourne autour de trois faits majeurs : la révolution cubaine en 1958, la débâcle en Bolivie en 1967 et le discours de Che Guevara aux Nations unies en 1964. S'il n'ignorait rien de la légende du Che, en revanche, Benicio Del Toro l'a rencontré, artistiquement parlant, en faisant un détour par le grand romancier américain, Jack London. Il est tombé par hasard sur Construire un feu quand il tournait Permis de tuer de John Glen, au Mexique, en 1989. Un libraire avait attiré son attention sur des lecteurs prestigieux comme Lénine ou…Ernesto Che Guevara, entre les mains desquels le recueil de nouvelles de l'auteur de Martin Eden était passé. Après la lecture particulière de la nouvelle Construire un feu où, dans une atmosphère «très grise et très froide» dans la glaciale Alaska, le personnage central décide d'affronter la mort avec dignité, l'acteur confronte la nouvelle du romancier avec les multiples périples de Guevara. En 1951, quand il traverse l'Amérique latine à moto. En 1953, lorsqu'il entreprend un long périple à travers la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, le Nicaragua, le Salvador puis le Guatemala. En 1958, année où, réfugié avec les guérilleros cubains dans la Sierra Maestra, il traverse la jungle jusqu'à Santa Clara et renverse le régime du dictateur Batista. En 1967, dans les montagnes boliviennes, où il trouvera la mort. De cette confrontation intellectuelle, Benicio Del Toro dira : «Je me suis toujours interrogé sur le lien qui pouvait exister entre l'homme qui entreprenait ces voyages, longs, périlleux, et l'homme qui avait pour livre de chevet Construire un feu. Il est évident qu'à chaque instant et ce, dès son plus jeune âge, le Che savait qu'une mort violente l'attendait. Autre facteur aggravant, il était sujet à de fréquentes crises d'asthme. Il me semblait indispensable de mettre en scène cette pathologie dans ces différents périples pour montrer à quel point la trajectoire du Che était, par essence, contrainte. Ce n'est pas tant la figure historique qui me fascinait. Mais le parcours de l'homme. Que j'ai voulu accomplir, à ma manière.».
Sur «sa manière», c'est-à-dire sur la préparation méticuleuse, tout ou presque a été dit à l'occasion de la présentation du film au dernier Festival de Cannes, où Benicio Del Toro a obtenu le prix d'interprétation masculine. La préparation a été fastidieuse. Il y a eu les années passées par l'acteur à Cuba, en Bolivie, à Miami, à Paris pour rencontrer la famille du Che et la plupart de ceux qui l'ont côtoyé durant la révolution cubaine puis en Bolivie. Le dépouillement minutieux des journaux, des écrits politiques et discours rédigés par le Che, puis la lecture de ses multiples biographies.
Le visionnage de Carnets de voyage, un excellent film de Walter Salles, racontant Ernesto avant le Che. Un autre film, justement oublié, Che ! de Richard Fleischer, en 1969, avec Omar Sharif dans le rôle-titre et feu Jack Palance en Fidel Castro ! Enfin, ce travail d'orfèvre, cet ouvrage de haute précision pour retrouver la diction et le rythme de l'espagnol propres au Che, qui n'a rien à voir avec la phonétique de l'acteur portoricain, un peu comme si un acteur anglais s'entraînerait à prononcer comme un homologue d'Hollywood. La fusion entre Benicio Del Toro et son personnage n'est pas seulement le résultat direct de l'immense talent de l'acteur. Elle est favorisée aussi par une chanceuse morphologie. Le morphotype de Benicio Del Toro fait de lui presque un double vivant du Che tant la ressemblance est frappante. Mais le film n'est pas uniquement une affaire de mimétisme, d'identification et de communion. Il ne raconte pas seulement la défaite inéluctable du Che, sa désastreuse tentative d'exporter la révolution en Bolivie, mais le présente aussi comme un homme, tout simplement, un Che pas toujours minéral, surtout pas une statue du Commandeur.
Malgré une empathie molle pour la légende révolutionnaire que fut le Che, le film n'est guère un péplum hagiographique, style Ben Hur ou les Dix Commandements, ancêtres des biopics modernes. Bref, dans ce film où longueur ne signifie aucunement langueur, on découvre que Che Guevara concevait finalement la révolution comme un combat et un théâtre. Une vaste scène où il jouait sa vie et mettait en scène sa mort, sur un rythme échevelé. Comme l'acteur dont le jeu de la mort a fait sa fortune et sa célébrité au…cinéma. Avec ce film, qui, heureusement, ne casse pas la baraque du box-office auxEtats-Unis où ses dialogues en espagnol sont déjà une provocation aux lois élémentaires du business, Steven Soderbergh, cinéaste polymorphe, s'est lancé, finalement, dans une entreprise périlleuse mais noble. Infiniment courageuse, qui l'a en partie dépassée, ce qui l'a rendue belle, en aucun cas conforme aux règles de la «bien-pensance» capitalistique. D'ailleurs, les critiques américains n'ont pas manqué d'y voir «un film complaisant, complaisant, angélique, procubain», etc. etc. «Ce qui est bon signe», a estimé Benicio Del Toro qui s'y attendait à tout le moins. Même son de cloche à Cuba où le quotidien du Parti communiste, Granma, a trouvé le film «conventionnel et superficiel». Ce qui n'a pas empêché les 5 000 places du cinéma le Karl Marx de se vendre comme de vrais cigares cubains lors de la présentation du film par Benicio Del Toro, début décembre 2008.
Dans cette œuvre qui défie les canons du conformisme commercial, artistique et esthétique du Star System américain, Benicio Del Toro est, lui, époustouflant de profondeur lorsqu'il prête ses traits et son esprit au révolutionnaire argentin. Enorme de modestie dans son approche d'un homme qui ne fut pas, selon sa propre formule, Mère Teresa. L'humilité de l'artiste lui a permis en fin de compte de ne pas rendre le Che plus beau qu'il ne fut. Mais, en contournant le mythe, il a remis la notion d'engagement révolutionnaire à hauteur d'homme.


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