Le fléau est tellement bien ancré dans les mentalités et dans les pratiques de tous les jours que l'on a du mal à imaginer des prestations sans les éternelles embûches qui enveniment le quotidien des Algériens. La bureaucratie a étendu ses tentacules à tous les secteurs, rendant la moindre démarche une tribulation des plus insoutenables. Tous les organismes, toutes les administrations, tous les domaines sont pris dans l'engrenage de services tortueux qui plombent l'action avant même qu'elle soit lancée. Ce sont les dédales conçus par des esprits tordus et vicieux qui s'offrent aux citoyens que la seule pensée d'y être confrontés glace totalement. Nombreux sont ceux qui, appréhendant les tracasseries accompagnant forcément et obligatoirement la constitution d'un dossier pour le renouvellement de leurs documents officiels, traînent le pied et remettent de jour en jour l'obligation de se retrouver face à divers guichets, soumis à la loi de préposés dont c'est vraisemblablement un plaisir que de les mettre à mal. Sans compter les inévitables allers-retours pour les rectifications de noms et autres renseignements personnels qui se retrouvent écorchés par des mains malhabiles, les employés n'étant pas obligés de présenter un niveau d'instruction convenable. Ni même d'être aimables et coopératifs, l'arrogance étant bien au contraire le principal défaut dans ces espaces où même les personnes âgées trouvent leur lot de tourments. Aucun service Récupérer une carte grise ou un permis relève de la mission impossible, il faut montrer patte blanche et user de passe-droits pour disposer du précieux document dans des délais raisonnables. A défaut, ce sont des mois d'attente, de reproches et de supplications. Les guichets de la Poste ne sont pas plus accueillants, particulièrement les fins de mois qui voient les retraités partir en quête de leur modeste pension. La rénovation de ces espaces ne s'est malheureusement pas faite avec le désencrassement des mentalités qui continuent à sévir de manière aussi désinvolte qu'avant. Ce goût de la flemmardise et de l'inconvenance vis-à-vis des citoyens a atteint le secteur de l'éducation où l'on voit des responsables faire attendre des élèves quant à la rectification de leurs notes, de nombreuses erreurs marquant les corrections des examens de fin d'année. Ce qui, bien évidemment, ne manque pas d'influer sur la scolarité de ces élèves qui, à ce jour, attendent que l'on veuille bien leur indiquer l'établissement censé les accueillir et les orienter vers une filière donnée. Le mal est si profond qu'un ministère a été créé afin d'en venir à bout à travers la réforme du service public. Il reste à savoir de quelle manière procèdera-t-il pour révolutionner les mentalités, en espérant bien sûr que ses propres structures ne s'encrassent pas trop vite. R. M.