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Manmoutch, la résistance nommée Femme
Mille feuilles de Nouri Bouzid en compétition au Festival culturel
Publié dans La Tribune le 06 - 11 - 2013

Nouri Bouzid dans ce film sorti en Tunisie en mars 2013, raconte l'histoire de deux jeunes filles que tout oppose sur la question du port du voile. L'une y a trouvé son salut, l'autre y voit sa tombe. Pourtant les deux sont des amies intimes et se soutiennent dans leur combat pour s'imposer et se faire respecter. Un combat où la femme est un objet de démarcation politique religieuse et sociétal. Les Tunisiennes et ce n'est pas une légende, sont de vraies lionnes. Elles refusent de se soumettre ni au dictat des pseudos religieux ni à cette société hypocrite qui ne voit en la femme qu'un objet de convoitise charnel. Les uns veulent le voiler et le faire dérober à la face du monde. Les autres, au contraire, veulent le dénuder et l'exposer pour mieux le vendre. Les deux héroïnes de Manmoutch existent autrement et elles le prouvent par leur résistance. Aïcha interprétée par Souhir Ben Amara et Zaïneb interprétée par Nour Mziou, deux actrices de la révolution tunisienne aux prises avec une société aux limites de la schizophrénie. Le réalisateur Nouri Bouzid, également scénariste du film avec Joumène Limam a réussi cette exploit de nous faire vivre la révolution vue de l'extérieur mais de l'intime aussi.
Par la porte grande ouverte, des jeunes, filles et garçons confondus, s'engouffrent à la hâte dans le hall étroit d'un immeuble. Dehors, au ras du bitume, des policiers s'acharnent sur des manifestants. Sirènes tonitruantes, fumée bleutée des gaz lacrymogènes, détonations sourdes. A l'intérieur, un homme gît sur le carrelage. Quelqu'un crie: «Réveille-toi!». Puis chuchote : «En plein cœur». En contre-plongée, accoudés à la rambarde, des gens, à chaque étage, assistent au spectacle. Puis, le réalisateur nous plonge dans l'univers glacé d'une morgue. On ouvre des casiers: «Celui-là est mort...
Celui-là, c'est kif-kif». Dans le couloir, des corps alignés à même le sol, aux visages endormis, attendent leur tour, maculés de sang...
Nous sommes le 13 janvier 2011. Rien ne sera plus comme avant.
Dans les ruelles ensoleillées, le cinéaste, en grand témoin de cette révolution qui a bouleversé le monde arabo musulmans et pas seulement Nouri Bouzid se glisse dans la peau d'un vieux joueur d'accordéon aveugle qui arpente les rues en quête de sa pitance. Son sort ne fera que s'aggraver jusqu'à voir sa dépouille embaumée. Après ce double prologue musclé, Nouri Bouzid, en parfait maître de sa fiction entre dans le vif du sujet avec cette chronique de la vie quotidienne des deux jeunes filles. Essence même de cette révolution tunisienne qui a essuyé une dictature de longues décennies. Elles y participent, main dans la main en dépit de leur quotidien mouvementé. Nouri Bouzid réussit magistralement, à travers ses deux héroïnes à restituer cette Tunisie déchirée et instable, à l'instar de la majorité des pays arabes. Il parvient sans forcer le trait à mettre en exergue ses contradictions les plus profondes et comment elles sont vécues par les membres de cette société.
Des scènes d'actualité reconstituées, plus vraies que nature, renvoient une image pas très reluisante de la Révolution de janvier 2011. Au moment où l'on se battait dans les rues pour obtenir la liberté du peuple, un autre combat se déroule en arrière plan.
Des femmes qu'on veut soumettre car l'islamisme commence, déjà, à avoir le vent en poupe.
L'actualité fait partie du paysage. Elle s'invite à chaque instant, mais elle traverse le présent de Zaineb et Aïcha. Les héroïnes se sont liées d'amitié au salon de thé où elles travaillent. Elles habitent aussi un même quartier de cette Tunisie révoltée. Tout les oppose sur la question du port du voile mais elles se respectent l'une et l'autre et s'entraident pour surmonter la bêtise des hommes. Peu à peu elles sont prises au piège de cette société fâchée avec elle-même et qui n'arrivent toujours pas à trouver ses marques. On s'est mis d'accord pour chasser Ben Ali mais on ignore sur quoi sera bâtie la nouvelle Tunisie. Certains veulent des libertés personnelles. D'autres y voit de l'hérésie. Les deux projets s'affrontent se draguent mais ne trouvent qu'un seul point d'accord. Les femmes doivent se plier. Porter ou enlever leur hidjab. On réduit la chose à un simple foulard qu'on veut mettre ou enlever à tout prix. Le tout et son contraire au gré du demandeur. Mission impossible pour Zaineb qui a grandi dans une famille laïque, où le voile était proscrit. Son fiancé «moderniste» homme d'affaires qui évoluait entre la France et la Tunisie à l'époque Ben Ali, cherche à se refaire une virginité alors que les islamistes s'apprêtent à prendre le pouvoir. Il décide de voiler la jeune femme et trouve la complicité en sa future belle-mère. Celle-ci ne voit rien d'autre que ce gendre supposé idéal. C'est quoi alors l'importance d'un «simple foulard» qu'on met sur la tête? Zaineb, elle y voit une limitation de sa liberté. Elle y voit sa tombe et elle lutte au péril de sa vie pour ne pas être happée par cette haute vague. Aïcha, qui a choisi de le porter bien des années avant la révolte de 2011, au nom d'une «autre morale», est harcelée pour se départir de son voile. Elle, bien au contraire, reste convaincue, son voile la protège des harcèlements et la mette à l'abri des convoitises des hommes. Le frère de Zaineb, son ancien petit ami islamiste, vient d'être libéré de prison après une mutinerie, participe à l'enfermement de sa propre sœur. Aïcha lui résiste. Se marier ce n'est pas une fin pour elle. Elle lui lance à la figure «Tu as la prison dans ton cerveau (...) Toi, tu m'as apporté la prison en cadeau».
Autant de malheurs qui ne font que rapprocher les deux femmes et qui consolident leur complicité. Elles refusent d'être violées dans leur intégrité et leur identité la plus profonde. L'une refuse de porter le voile jusqu'à la déraison. Et l'autre de l'enlever avec la même aliénation. Leurs réactions, extrêmes et inverses, paraissent la seule réponse possible à une pression sociale grandissante et un projet social très ambigu. Cependant Nouri Bouzid ne clôture pas son film sur ce désespoir ambiant dans les sociétés arabes. Laïcs et intégristes s'affrontent mais leur affrontement est fécond. Leurs projets évoluent. Les rigidités des uns et des autres s'effritent pour parvenir à un
certain équilibre. Nouri Bouzid croit dur comme fer que cet équilibre sera trouvé un jour. Le rêve sera alors une réalité. Manmoutch, dont le titre arabe est plus éloquent, est un film magistral. Techniquement très bien fait,
interprétation brillante des acteurs, mise en scène édifiante et scénario parfait, a toutes les chances de rafler au moins un prix du premier Festival culturel maghrébin du cinéma. Le film de Nouri Bouzid n'a rien à envier aux moovies qui font les beaux jours des salles de cinéma dans le monde.
G. H.
Fiche technique du film
Millefeuille
Catégorie : Long métrage
Durée : 110'
Réalisateur : Nouri Bouzid
Scénario : Nouri Bouzid / Joumène Limam
Casting : Souhir Ben Amara, Nour Mziou, Lotfi Abdelli, Fathi Messelmani, Bahram El Aloui
Image : Bechir Mahbouli
Montage : Saief Ben Salem
Musique : Sami Maatouqui
Son : Michel Ben Sai


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