Sachant que le risque zéro n'existe pas en médecine, les spécialistes appellent à l'application stricte et sans failles des recommandations permettant de minimiser les infections en milieu sanitaire. Désinfection du matériel, port des gants, lavage des mains avec des solutions hydro-alcooliques, le seul remède pour faire baisser la courbe de danger. L'hôpital est l'espace sacré pour subir des interventions médicales et éradiquer le mal. Un mal qui pourrait dans certains cas ressurgir en devenant plus dramatique. Pour le malade tout comme pour son entourage. Il suffit d'une négligence d'ordre «hygiénique» somme toute basique pour que le patient voit son affection s'aggraver. L'entourage immédiat en est la cause. Personnel médical, visiteurs, matériel de soins, air, alimentation sont les causes principales de l'infection. Une infection qui, en devenant intensive et résistante, résiste aux antibiotiques et met en danger la vie du sujet hospitalisé. Le staff médical est plus que jamais interpellé pour suivre de près les consignes entérinées dans le canevas de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), incitant à l'hygiène et la formation du staff soignant et du personnel de nettoiement des espaces, entre autres directives. Et le protocole adopté à l'échelle nationale entre divers gestionnaires des structures doit être appliqué sans faille pour réduire le pourcentage des germes voltigeant au dessus des lits des malades, notamment ceux opérés. Or, de l'avis de quelques sources du Centre hospitalier Benbadis, il est des paramédicaux et même des médecins qui font fi des mesures, pourtant simples, dont le lavage des mains avec une solution hydro- alcoolique. Une passivité qui favorise la prolifération de multiples microbes aux retombées néfastes sur la santé des personnes vulnérables, notamment celles qui subissent des gestes chirurgicaux. Certes, le CHU de Constantine aura entrepris il y a des années une série de formations au profit du personnel soignant et même des agents chargés de la collecte des outils. Cette initiative allait réduire le pourcentage des infections nosocomiales, sachant que le risque zéro est inexistant même dans les pays les plus innovateurs et développés en matière de santé. L'inconscience de certaines parties persiste. De l'avis des épidémiologistes présents aux multiples séminaires sur le sujet, la prévalence en Algérie oscille entre 15% et 18%. Elle demeurerait «moyenne» ou «tolérée» -de sources médicales- comparativement à celle enregistrée dans d'autres pays. Le défi réside dans la capacité à réduire le nombre des infections et des mortalités. Un objectif qui s'articule, selon une étude sur le thème réalisée à Constantine par un groupe de spécialistes, sur un programme cohérent touchant à la formation par-dessus tout, en plus d'un travail «en collaboration avec les services épidémiologiques relevant de la bactériologie et des maladies infectieuses». Une prévalence élevée témoigne systématiquement de la qualité des soins. C'est un indicateur pertinent, attestent les spécialistes. A ce propos, la sonnette d'alarme est tirée mettant en cause les staffs qui font l'impasse sur la stérilisation du matériel de soin. Cela renvoie à une autre problématique constituant même le noyau de la prolifération des infections : le comportement du personnel. Quand bien même toutes les formations et les moyens mis en place en chaque espace des services, si les acteurs directs de la santé font l'impasse sur les gestes de désinfection, tous ces efforts s'apparentent à un coup d'épée dans l'eau. Les récentes études en Algérie placent les branches médicales à haut risque dans les services d'urologie et de chirurgie. «Plus de 80% des infections sont dues à des microbes résistants aux antibiotiques, ce qui complique leur traitement», soulignent des spécialistes. Quoi qu'il en soit, la lutte contre les infections nosocomiales ou celles liées généralement aux soins en milieu hospitalier se poursuit en diverses structures sanitaires. La corporation médicale insiste sur une hygiène stricte afin d'écarter, voir anéantir les principaux germes mis en cause notamment au niveau des services de chirurgie, d'urologie et de gynécologie où les soins sont dispensés le plus. En première ligne, le personnel médical devra suivre à la lettre les recommandations consignées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Concernant les facteurs de risque ils sont variables et sont classés «en facteurs intrinsèques et extrinsèques». Les premiers ne sont pas tous maîtrisables, puisqu'ils sont en rapport avec des paramètres sensibles tels l'âge, le sexe (infection urinaire plus fréquente chez les femmes), la durée de séjour qui augmente l'incidence des infections, ainsi que le type d'intervention chirurgicale. Quant aux facteurs extrinsèques, ils se manifestent après la pose des prothèses comme les sondes urinaires, les drains, les sondes digestives. Dans ce cas, l'infection est favorisée par la durée de maintien en place des prothèses et leur manipulation et l'utilisation mal maîtrisée des antibiotiques. Les infections en milieu hospitalier perdurent tant que les consignes sont bafouées et négligées. Une légèreté à endosser aux inconsciences. D'où la nécessité d'une vaste opération de sensibilisation qui s'étend au-delà des structures sanitaires : les malades et leurs proches doivent exiger du personnel soignant de se plier aux règles afin de maîtriser une courbe pour le moins «tolérable» des atteintes nosocomiales, notamment postopératoires. En plus du lavage des mains, la stérilisation du matériel et l'aération des espaces, il faut préconiser aux visiteurs «atteints d'une quelconque affection» transmissible, de ne pas se rapprocher des patients vulnérables, insistent des épidémiologistes. En somme, la conscience et le comportement de chacun comptent beaucoup. N. H.