Malgré l'existence à Oran d'un marché très dynamique, fort de la présence de l'ensemble des concessionnaires automobiles et une profusion de vendeurs et revendeurs de pièces de rechange, les automobilistes sont souvent confrontés aux pires difficultés pour entretenir leur véhicule : inexistence de certains articles, cherté excessive des produits de marque, contrefaçon généralisée, duplicité de certains commerçants, cupidité de certains artisans..., rien n'est épargné aux propriétaires qui, dans le désordre ambiant, sont parfois abusés, voire arnaqués. «C'est simple : on doit choisir entre la pièce contrefaite, plus ou moins abordable mais à durée de vie plus que limitée et porteuse de danger pour la sécurité, et l'article d'origine qui, lui, est excessivement cher», résume un chauffeur de taxi en déplorant, au passage, que des «facilités» ne soient pas accordées aux corps de métiers pour lesquels le véhicule est le principal outil de travail. L'impératif de la sécurité Exemple tout simple du dilemme enduré : un pneu neuf, de marque reconnue, pour une Renault Dacia (véhicule réputé accessible au grand nombre) peut coûter jusqu'à 8 000 dinars alors qu'un produit contrefait, provenant généralement de pays asiatiques, est proposé à 4 300 ou 4 500 DA. «32 000 DA pour changer l'ensemble des quatre pneus», s'exclame le propriétaire d'une Renault Dacia, année 2010, en jetant un œil à l'intérieur d'un magasin de «Pneus pas chers» dans le quartier des Castors, quartier «spécialisé» dans la pièce détachée, où il tombe sur une occasion rare : une paire de pneus de marque, quasiment neufs, qu'il négocie à 6 200 DA l'unité. «Je les ferais monter à l'avant et verrais avec le vulcanisateur quels pneus, parmi les originaux, tiennent encore le coup pour être placés à l'arrière...», sourit-il, manifestement soulagé d'avoir trouvé un compromis entre l'impératif de la sécurité et son pouvoir d'achat. Car l'homme sait que d'autres que lui, possédant des véhicules plus chers, doivent débourser trois, quatre et même cinq fois le prix qu'il vient de débourser... Le recours à la casse Dans le marché anarchique de la pièce détachée, qui ne semble obéir à aucune règle ni aucune norme, les propriétaires de voitures doivent souvent courir plusieurs magasins, dans plusieurs quartiers de la ville ou de la wilaya, pour se faire une idée approximative des articles existants et des prix pratiqués. «Il faut faire le tour de la ville mais aussi les communes environnantes parce que les prix ne sont jamais les mêmes», explique le propriétaire d'une Peugeot Expert, habitué des magasins de pièces de rechange, en quête, aujourd'hui, d'une pompe de direction assistée. «J'en ai trouvé une pour 80 000 DA, ce qui est extrêmement cher pour moi», déplore-t-il en disant qu'il allait continuer d'écumer les «casses» et les magasins de pièces usagées à la recherche de l'«occasion» qui lui permettrait de régler définitivement ce problème auquel il est confronté depuis bientôt deux années. Au regard des prix pratiqués dans les magasins, beaucoup de «débrouillards» s'adressent aux marchés aux puces qui peuvent recéler des occasions en or, récupérées sur des voitures accidentées. «On peut même y trouver des articles neufs cédés au prix de vieux. Il faut juste s'y rendre régulièrement», conseille un mécanicien de la banlieue oranaise pour lequel rien ne vaut les pièces d'origine, fussent-elles usagées. L'original non conforme à l'original Certains propriétaires de véhicules qui se résignent à s'adresser aux concessionnaires parce que n'ayant pas trouvé la pièce de rechange dans les magasins ou, simplement, parce qu'ils privilégient la sécurité qu'offre une pièce d'origine, sont, parfois, surpris par la qualité de l'article proposé par la maison. «J'ai acheté un rétroviseur latéral de la maison-même et j'ai eu la surprise de trouver qu'il ne correspondait pas au rétroviseur qui se trouvait sur ma voiture. On m'a expliqué que mon véhicule n'était pas destiné au marché algérien et que c'est pour cela que le rétroviseur était différent», se désole le propriétaire d'une Huyndaï sport en expliquant que le nouveau rétroviseur ne disposait pas de l'option dégivrage comme cela devait être normalement le cas «puisque je me suis adressé à la maison-mère». En attendant la régulation d'un marché pourtant en plein boom - il est estimé à 600 millions de dollars-, les propriétaires de véhicules sont appelés à prendre leur mal en patience et à subir avec stoïcisme le diktat des commerçants de pièces de rechange. S. O. A.