«Black Stars Monko yan, wiase Mu Nsroma.» Allez les Black Stars, les stars de notre monde. Hier, contre les Allemands, les Ghanéens furent en effet des étoiles planétaires. Ils ont réalisé un nul éblouissant (2-2) contre la panzer-division allemande, un dos-à-dos de toute beauté. Une performance dantesque tant leur technique, leur puissance physique et leur détermination en titane faisaient beau à voir. Allemands freinés mais pratiquant toujours un football en mouvement et Black Stars éblouissants de combativité et de justesse technique, ont livré une rencontre en essuie-glace. Les attaques allaient d'un but à l'autre sur un rythme échevelé ! La veille du match, le Marseillais André Ayew avait prévenu : «Nous sommes prêts à mourir pour le Ghana.» Contre la Mannschaft, les joueurs de James Kwesi Appiah avaient les jambes et la tête. Et c'est sur un coup de tête qu'André Ayew a remis ses coéquipiers dans le match et rétabli le respect dû à un Ghana des grands jours. Installé au cœur du jeu, le fils aîné de la légende Abédi Pelé a fait valoir son sens du timing, sur son but naturellement, et en mettant son équipe dans le bon tempo et le sens du but. Droit devant. En livrant ainsi le plus beau match d'une Coupe du Monde déjà spectaculaire, le Ghana a aussi exécuté la plus belle partition jamais réalisée par une sélection africaine depuis l'historique victoire de l'Algérie contre l'Allemagne au Mondial-1982. La prestation des Ghanéens est certes exceptionnelle mais elle n'est guère étonnante. Et pour cause. Les Black Stars ne sont pas par hasard les Brésiliens d'Afrique. Le Ghana est en effet une terre de foot fait de puissance physique et de finesse technique. Football produit par une nation chargée de lauriers, qui a gagné la Coupe d'Afrique à quatre reprises et détient en 2014 le record des finales disputées (8). Ainsi que trois participations successives à la Coupe du Monde depuis 2006. Le Ghana est aussi l'une des rares nations africaines à avoir passé le cap du tour préliminaire, ajoutant son nom à une short list comprenant le Maroc, le Nigéria et le Cameroun. Elle est aussi le seul pays avec le Cameroun à avoir atteint le stade des quarts de finale. Ce pays du football samba à l'africaine a compté des joueurs fabuleux comme Abédi Pelé, considéré comme le meilleur footballeur africain de tous les temps, qui a fait le bonheur de l'Olympique de Marseille. Autres étoiles filantes parmi les Black Stars, les attaquants Arthur Moses et le jeune frère d'Abédi Pelé Kwame Ayew et le milieu Stephen Appiah. Sans oublier bien sûr l'autre attaquant de haut niveau Anthony Yeboah. Dans la constellation de joueurs ghanéens emblématiques, éparpillés à travers divers championnats européens, on peut distinguer aujourd'hui Derek Boateng de Fulham, Daniel Opare du Standard de Liège, Emanuel Agyemang Badu de l'Udinese et Anthony Annan de Schalke 04. Sans oublier les grands Sulley Ali Muntari de l'AC Milan, Christian Atsu Twasam du FC Porto et Kwadwo Asamoah de la Vieille Dame italienne, la Juventus de Turin. «Un seul sport n'a connu ni arrêts ni reculs : le football. A quoi cela peut-il tenir sinon à la valeur intrinsèque du jeu lui-même, aux émotions qu'il procure, à l'intérêt qu'il présente ?», disait le baron Pierre de Coubertin. Contre des Allemands, toujours écœurants de justesse et d'efficacité, les Black Stars ont joué un match de très grande valeur et nous ont surtout procuré l'ivresse des émotions des grands soirs. Inoubliable. N. K.