Kamel Amghar Le secteur des transports à Béjaïa a connu une réelle amélioration au cours des dernières années, même si beaucoup reste encore à faire au niveau de l'arrière-pays. La mise en service de la nouvelle gare routière en 2010, en plus des commodités et du confort offerts aux usagers, présente plusieurs facilités de déplacement. La nouvelle infrastructure, moderne et fonctionnelle, a en effet rassemblé toutes les anciennes stations inter-wilayas, interurbaines et urbaines, ainsi que la station de taxis, qui étaient, jusque-là, disséminées dans divers quartiers de la ville. Cette gare centrale permet à l'usager de rallier les localités de la wilaya et les quartiers de la ville dans de meilleures conditions. La qualité des prestations s'est conséquemment améliorée et de nombreux services vitaux y sont proposés. Pour toutes les localités, sises sur les routes nationales (9, 26, 24 et 12), il y a toujours des bus en partance à chaque quart d'heure. Le problème perdure cependant pour les régions montagneuses et enclavées. En ce début de l'exercice scolaire, de nombreux enseignants peinent à rallier leurs lieux de travail dans ces contrées éloignées. «Quoi que je fasse, il m'est impossible de joindre le lycée de Beni Maouche (Seddouk) à l'ouverture des classes à 8h du matin. La première desserte vers cette commune, à l'orée de la wilaya de Sétif, arrive sur place à 9h30, soit deux heures de cours ratées chaque matin. Dans l'après-midi, le dernier bus pour Béjaïa part à 14h 30, soit deux heures avant la fermeture de l'établissement», se plaint Saliha, enseignante qui réside dans une commune du littoral à 130 kilomètres de son lieu de travail. «Je me lève très tôt et je fais cinq escales pour atteindre mes élèves et cinq autres pour retrouver mes propres enfants. Malgré toute la peine que je me donne, je rate en moyenne trois cours par jour. Moi-même et mes élèves sommes fortement pénalisés par cette situation», ajoute-t-elle, en désignant du doigt la mauvaise gestion du personnel au niveau de son organisme employeur, puisque des enseignants proches de cette localité haut-perchée sont, à leur tour, parachutés quelque part, bien loin de chez-eux. Mahmoud, un instituteur de la région d'Akbou, fait autant de kilomètres pour marquer sa présence dans une école montagneuse de la commune de Darguina, à l'extrême est de la wilaya. Pour lui aussi, les retards et les souffrances constituent son lot quotidien. Dans d'autres communes comme Tamridjt, Aït Smail, Draâ El Kaïd, Addekar, Taourirt Ighil, Feraoun, Kendira, Barbacha, Ighil Ali, Ait Rzine ou Tizi n'Berbere, entre autres, le corps enseignant rencontre de grandes difficultés de transport. Désormais, toute l'attention devrait être accordée à ces régions de l'arrière-pays qui attendent, depuis longtemps, leur part de développement. Autrement, dans les grandes villes de la wilaya, des stations interurbaines sont aménagées. Le transport routier de voyageurs, dominé par le secteur privé, est en constante progression. Les voyageurs optent généralement pour ce moyen de locomotion en raison des tarifs concurrentiels pratiqués et de la disponibilité de l'offre. Le parc régional compte près de 3 000 bus, dont une vingtaine trolleybus publics dédiés au transport urbain. L'offre cumulée dépasse aujourd'hui le seuil de 60 000 places, desservant quelque 600 lignes. Cette modernisation touche aussi le secteur ferroviaire. La Sntf exploite depuis 2008 une nouvelle locomotive après avoir remis à neuf la gare centrale de Béjaïa et entièrement renouvelé la ligne reliant Béjaïa à Béni Mansour. Le nouvel autorail, doté d'une double motorisation (avant et arrière), dispose d'une capacité de 199 places assises et de 160 autres debout, et offre une possibilité de jumelage avec un autre pour doubler sa capacité. Le prix du ticket étant sensiblement supérieur au tarif pratiqué par les transporteurs routiers, les voyageurs penchent naturellement pour le bus. Cependant, la Sntf transporte annuellement près de 100 000 voyageurs. On pourrait en dire autant de l'aéroport international de Béjaïa où le trafic domestique reste généralement faible en raison de la tarification appliquée et de la restriction de l'offre (250 passagers par jour en moyenne). Sur les lignes intérieures, on enregistre, en moyenne annuelle, 29 000 arrivées et autant de départs, essentiellement sur les villes du sud du pays. À l'international, l'aéroport Abane-Ramdane atteint annuellement 90 000 arrivées et presque autant de départs. Dans ce même registre de l'international, une nouvelle gare maritime, moderne et dotée des technologies nécessaires, est en phase de construction au port de Béjaïa. En matière de projets en cours d'étude, le chef-lieu de wilaya s'apprête à se doter d'une ligne de tramway et d'une cabine de téléphérique reliant le quartier Lekhmis au mont Gouraya, principale attraction touristique de la ville. L'achèvement de la pénétrante autoroutière, en phase de réalisation entre Béjaïa et Ahnif (Bouira), sera aussi d'un grand concours dans le développement du secteur structurant des transports. Cependant, les zones montagneuses et enclavées, jusque-là si peu développées, méritent une attention particulière. Il s'agit d'un point d'une extrême importance à prendre en considération dans les plus brefs délais. Beaucoup de gens en souffrent pour y travailler, créer du bien-être ce qui rend difficile le maintien sur place des populations. K. A.