Quarante organes de presse iraniens ont ajouté 600 000 dollars à la récompense qui serait reversée à l'assassin potentiel de Salman Rushdie. L'objectif ? Marquer le «vingt-septième anniversaire de la fatwa» dont fait l'objet l'écrivain depuis 1989, Quarante organes de presse iraniens ont ajouté 600 000 dollars à la récompense qui serait reversée à l'assassin potentiel de Salman Rushdie. L'objectif ? Marquer le «vingt-septième anniversaire de la fatwa» dont fait l'objet l'écrivain depuis 1989, et «montrer qu'elle est toujours en vigueur», explique Mansour Amir, président de la Saraj Cyberspace Organization, affiliée au Bassidj, la force paramilitaire fondée en 1979 et grande alliée des Gardiens de la révolution, garants de l'intégrité des valeurs héritées de la Révolution islamique. En effet, depuis 27 ans, l'auteur britannique est visé par un décret religieux criminalisant son ouvrage, Les Versets Sataniques, paru en 1988. En 1989, l'ayatollah Ruhollah Khomeini, le leader de la Révolution iranienne, avait appelé, quelques mois avant sa mort, tout bon musulman à assassiner l'auteur de cet ouvrage jugé blasphématoire. Un organisme religieux iranien avait alors offert 2,7 millions de dollars à toute personne qui appliquerait cette fatwa. En 2012, cette prime est passée à 3,3 millions de dollars, avant d'atteindre aujourd'hui le montant de 3,9 millions de dollars pour l'assassinat de Salman Rushdie. Depuis 1989, le célèbre auteur britannique d'origine indienne vit sous haute protection, les autorités iraniennes ayant fait savoir que la fatwa ne pouvait être annulée. Pourtant, un mince espoir avait joué en sa faveur. En 1998, le président réformateur Mohammad Khatami prend ses distances avec la fatwa et déclare que la menace contre Salman Rushdie est terminée, après plus de 9 années passées à se cacher. Mais en 2005, le successeur de l'ayatollah Ruhollah Khomeini, l'Ayatollah Ali Khamenei, au poste de Guide Suprême, met fin à toute possibilité pour l'écrivain d'être gracié. Le Guide suprême fait savoir que la fatwa est toujours valide, appelant de nouveau à l'assassinat de Salman Rushdie. Ce regain de sévérité à l'encontre de l'auteur de Les Versets sataniques traduit la crainte des mollahs proches de Khamenei d'une ouverture de l'Iran aux puissances occidentales. Depuis l'accord sur le nucléaire iranien signé avec les Etats-Unis et la levée des sanctions internationales, les partisans proches d'Ali Khamenei voient d'un mauvais œil ce rapprochement engagé par le président Hassan Rohani, source éventuelle de discrédit des valeurs issues de la Révolution Islamique. Si cette relance est justifiée par le 27ème anniversaire de la fatwa prononcée par l'Ayatollah Ruhollah Khomeini, elle est intervenue à quatre jours des deux scrutins cruciaux d'hier 26 février. Un vote législatif pour renouveler les 290 sièges du Parlement, et un vote pour élire les 88 religieux de l'Assemblée des experts, une institution chargée d'élire ou de révoquer le guide suprême. Les deux assemblées étant dominées à l'heure actuelle par les conservateurs. La publication de l'information sur Salman Rushdie par l'agence Fars a suivi en effet de très près l'appel lancé aux électeurs par les deux anciens présidents Mohammed Khatami et Akbar Hachemi Rafsandjani à voter massivement pour les candidats réformateurs.
Revendiquant le succès du président modéré Hassan Rohani à la présidentielle de 2013, Mohamed Khatami, grande figure des réformateurs, estime qu'il faut transformer l'essai au Parlement. Son appel a été suivi d'une déclaration similaire de Rafsandjani.