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«Il existe de réelles potentialités mais elles manquent terriblement de moyens»
Amar Ameziane, chercheur universitaire, à propos de la création littéraire kabyle :
Publié dans La Tribune le 05 - 02 - 2009


Entretien réalisé par Azeddine Lateb
LA TRIBUNE : Bravo ! Vous venez de soutenir une thèse à l'Inalco intitulée «Tradition et renouvellement dans la littérature kabyle». Après une longue tradition de critique de type essentiellement sociologique, linguistique, voilà peut être un renouvellement de critique qui interroge le texte autrement ...
Amar Ameziane : Effectivement, depuis la période coloniale jusqu'à très récemment, la linguistique a eu la part du lion dans les études berbères, la littérature en est restée le parent pauvre. Les rares études à investir la littérature kabyle se sont consacrées aux aspects extra-littéraires : le conte comme miroir de la société, l'image de la femme dans le texte littéraire…
Or, aujourd'hui, le champ des études berbères intègre de plus en plus une nouvelle donne : la nécessité d'appréhender le fait littéraire kabyle, ou la littérarité, selon la terminologie de Roman Jakobson, comme un objet d'étude. C'est dans ce cadre que s'intègre la recherche que nous avons effectuée.
Le renouvellement de l'approche des textes littéraires kabyles est aujourd'hui impératif d'autant que l'espace littéraire kabyle connaît un renouvellement constant qui, par conséquent, dicte un renouvellement des approches.
Si la critique considère le texte de Belaïd Ath Ali comme le premier texte moderne écrit en kabyle, n'est-il pas difficile de situer le renouvellement puisque les indices de la tradition reviennent assez fréquemment dans le texte, l'oralité par exemple, les formules figées ?
La présence d'indices de la tradition dans les textes littéraires est un fait ordinaire, sinon impératif. Il faut savoir qu'on ne crée jamais à partir du néant. Les auteurs (écrivains, poètes…) puisent toujours de la tradition dans laquelle ils ont été formés. Ceci étant, ils ont des attitudes diverses à son égard. Ils peuvent en être fidèles (Slimane Azem), nostalgiques (Si Moh)… Quant à Belaïd Ath Ali, il faut remarquer que s'il reprend les éléments esthétiques traditionnels dans ses écrits publiés à titre posthume sous le titre les Cahiers de
Belaïd ou la Kabylie d'antan, c'est pour mieux les outrepasser. Ainsi, il reprend les contes traditionnels mais en les transformant. Dans son texte Lwali n wedrar (Le saint homme de la montagne), il réactualise une légende de saint pour créer une esthétique du roman. C'est précisément là que se situe le renouvellement littéraire (genre littéraire, type de discours, langue…).
La fièvre identitaire dissémine aussi les textes… Longtemps, le texte était figé dans cette question. Dans quelle rupture s'inscrit cette littérature, celle que Salem Chaker appelle étrangement la néo-littérature ?
La question de l'identité occupe, comme vous le dites si bien, une place très importante dans les textes littéraires kabyles contemporains. Ceci est un fait très légitime en soi : le déni dont la culture kabyle est victime sur son propre sol a trouvé dans la littérature ‘moderne' un espace d'expression favorable. Dire qu'il y a figement de cette question dans le texte n'est pas exact.
Si vous examinez les différents romans publiés, vous verrez que s'ils traitent majoritairement de la question identitaire, ils le font de manière différente : Mezdad et Alliche par exemple, n'abordent pas de la même façon cette thématique. Tous les poètes ont composé sur l'amour mais l'originalité de l'un et de l'autre réside dans la manière dont ils abordent ce thème universel. Pour ce qui est de l'expression «néo-littérature», elle n'est pas aussi étrange qu'elle vous semble. Elle est d'autant plus appropriée qu'elle désigne une littérature nouvelle si on la compare à la littérature traditionnelle : contrairement à celle-ci, elle est écrite ; au renouvellement thématique, il faut ajouter l'adoption de nouveaux genres littéraires (roman, nouvelle, théâtre). Il y a une rupture évidente par rapport aux modèles traditionnels.
La forme n'est-elle pas l'essentiel dans le travail d'un écrivain ? Les exemples de Rachid Alliche et de Mezdad sont importants, même s'ils traitent de la question de l'identité, il y a tout un travail de fond, la réinterprétation du mythe entre autres...
Le débat est ancien qui fait de la littérature une question formelle. Sans évincer le contenu, la forme occupe en effet une place capitale dans le texte littéraire. La forme, c'est entre autres, la manière dont le thème est traité : Ainsi dans son roman I? d Wass (La nuit et le jour) Mezdad emploie une forme dialogique : le dialogue de deux personnages (de deux tranches de vie), l'un représentant la vie traditionnelle et l'autre l'époque contemporaine.
Ce dialogue montre l'image d'une société qui subit des mutations profondes et qui s'interroge sur elle-même.
Alliche, de son côté, aborde la question dans le roman Faffa en focalisant sur Amar, le personnage central. Le texte dépeint le conflit
psychologique profond vécu par le personnage, qui le pousse au suicide. Concernant les mythes, il est ordinaire que les écrivains revisitent les mythes car ceux-ci sont porteurs d'une vision du monde. La littérature est l'espace par excellence où se confrontent diverses visions du monde, différents points de vue…
La critique du texte écrit en kabyle bénéficie d'un brin de renouvellement. Le champ critique est-il totalement désenclavé des fausses questions qui enveniment par ailleurs la critique dans ce domaine ?
Cette question recoupe en partie la première. Envenimer n'est peut-être pas le juste mot. La critique doit exister, c'est une certitude et elle doit être diverse et variée. Si par le passé, certaines disciplines ont pris la part qui devait revenir à d'autres, il serait souhaitable qu'il y ait équilibre. Le texte littéraire kabyle doit bénéficier de l'apport des approches diverses, sans occulter un aspect essentiel : sa littérarité.
Est-ce que le manque d'énergie créatrice en kabyle n'assurera pas un avenir pour la critique ? C'est assez difficile, non...
Dire qu'il y a un manque d'énergie créatrice en kabyle est faux ! Il existe de réelles potentialités mais elles manquent terriblement de moyens. Il y a des poètes, des romanciers en herbe qui n'ont pour seul moyen que leur plume. Sous d'autres cieux, ils seraient vite pris en charge.
Il serait donc plus sage d'examiner pourquoi une culture, qui n'a rien à envier à d'autres, n'émerge pas. Le statut de la langue et de la culture kabyles, quoi qu'en disent les discours officiels, est encore précaire. C'est cela, nous semble-t-il, qui freine la création en kabyle.
Tant que les éditeurs restent frileux à l'égard de la littérature kabyle, tant que celle-ci ne ‘donne pas à manger', pour traduire littéralement une expression kabyle, toute l'énergie créatrice en éveil ne sera pas utilisée à bon escient. Quant à l'avenir de la critique, il est inéluctablement lié à la création. Pour que la critique fleurisse, il faudrait qu'il y ait profusion de publications.


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