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Quels sont les enjeux de la bataille de Fallouja ?
Irak
Publié dans La Tribune le 24 - 05 - 2016

Les Américains, dont le soutien aérien est indispensable, ne voient pas la libération de Fallouja comme un objectif stratégique, et préféreraient concentrer tous les efforts sur Mossoul, la «capitale» de l'EI. C'est en revanche une priorité pour Bagdad, qui veut écarter la menace des attentats-suicides dans la capitale, à seulement 65 kilomètres de là, et les villes saintes chiites
Du haut du talus de sable qui marque la ligne de front, les premières lignes défensives de l'organisation Etat islamique (EI) autour de Fallouja, son principal fief dans la province sunnite de l'Anbar, ne sont qu'à une centaine de mètres, derrière les bâtisses et les palmiers qui se dessinent à l'horizon. Des marais parsemés de roseaux séparent les positions des combattants sunnites d'Amriyat Al-Fallouja de celles des djihadistes.
La grande bataille est enfin arrivée pour le cheikh Fayçal Al-Essaoui, sous-préfet d'Amriyat Al-Fallouja, 30 000 habitants, et ses combattants tribaux. L'occasion pour eux de prendre leur revanche. Pendant deux ans et demi, les 2 000 hommes ont résisté aux assauts de l'EI contre leur bourgade, située à une quinzaine de kilomètres au sud de Fallouja, première grande ville d'Irak à être tombée aux mains des djihadistes en janvier 2014.
Dans la nuit de dimanche 22 à lundi 23 mai, le premier ministre Haïder Al-Abadi a annoncé le début de l'offensive contre Fallouja. Préparée par des frappes aériennes de la coalition internationale contre l'EI dirigée par les Etats-Unis, elle a débuté par un feu nourri de l'artillerie. Les unités d'élite de l'armée irakienne ont commencé leur avancée vers la ville. Plus tôt, ses habitants avaient été appelés à fuir les combats ou à mettre des drapeaux blancs sur les toits pour éviter d'être pris pour cible. Vingt mille policiers fédéraux ont rejoint, sur le front, l'unité antiterroriste, les 8e et 9e divisions armées et les miliciens de la force paragouvernementale de la mobilisation populaire (MP). «Après les frappes de l'aviation, les unités avanceront et les familles viendront à nous», assure le cheikh Fayçal Al-Essaoui, dont les combattants appuient l'armée sur le front Sud.
«L'offensive va avancer à grande vitesse», prédit Rajaa Al-Essaoui, un membre du conseil provincial de l'Anbar, à la tête d'une unité de la MP composée d'exilés de Fallouja. Il assure que le commandement de l'EI a quitté la ville. Selon les estimations, entre 500 et 700 combattants, venus de tout l'Irak et de pays arabes, étaient encore en ville avant la bataille, parmi 50 000 à 100 000 habitants leur servant de boucliers humains. Même si la population parvient à fuir à la faveur des combats, les experts prédisent que l'offensive gouvernementale sera ralentie par les mines posées par les djihadistes en deux ans et demi de présence.
Jalousie des cheikhs locaux
Cela fait plusieurs semaines que le sous-préfet d'Amriyat Al-Fallouja se prépare à la bataille. Il a déserté sa villa cossue pour les lignes de front. Une kalachnikov en bandoulière et un chapelet noir à la main, le théologien de 42 ans devenu chef de guerre a troqué sa dichdacha marron – la longue tunique traditionnelle – et son keffieh rouge pour un treillis beige, ses petites lunettes rectangulaires coincées sous le casque.
Lui, dont la tribu des Albou Eissa combattait déjà Al-Qaida en Irak à Fallouja en 2007, s'est imposé à la tête de la plus importante force combattante tribale sunnite de la province d'Anbar : 1 700 hommes mobilisés sur son seul nom et sa fortune. Orateur habile et homme posé, il a obtenu des autorités irakiennes leur intégration au sein de la MP et deux chars Abrams. Ses relations privilégiées avec Bagdad et les Américains suscitent la jalousie des cheikhs locaux.
Ses multiples allers-retours à Bagdad n'ont pas suffi à convaincre les autorités irakiennes d'avancer l'offensive. Il est allé jusqu'à proposer de prendre seul Fallouja avec ses hommes. «On ne peut plus attendre. Après des mois de siège, la situation humanitaire est catastrophique. Le moral des combattants de Daech (acronyme arabe de l'EI) est au plus bas. Les combattants tribaux ont gagné en expérience et en puissance de feu, et ils travaillent en collaboration étroite avec la coalition. Si on me dit de lancer l'offensive, je reprends Fallouja ce soir !», assurait-il au Monde début mai. Le chef sunnite est persuadé qu'il sera accueilli en libérateur, même s'il craint que certains dans ses rangs mènent des représailles contre les habitants ayant collaboré avec l'EI. Plus de cinquante hommes de son clan, dont quatre de ses frères, ont été tués par les sicaires djihadistes.
«Les combattants sunnites d'Amriyat Al-Fallouja et de Fallouja doivent être la force principale de l'offensive», lui a assuré le général Rachid Fleikh, commandant de la MP dans l'Anbar. Mais les forces fédérales tiennent à garder la main sur la bataille. L'armée a donné à la libération de Ramadi, Hit puis Routba, trois autres bastions djihadistes dans l'Anbar, avant de s'attaquer à Fallouja. Pendant des mois, elle a renforcé son siège sur la ville, pour affaiblir les combattants de l'EI.
Dissensions entre Bagdad et Washington
Fallouja a mauvaise réputation. Sa libération est jugée ardue. Les Etats-Unis y ont déjà livré deux batailles difficiles, en avril puis en novembre 2004, contre Al-Qaida en Irak : 80 soldats américains y avaient été tués, ainsi que 2 000 insurgés, et des milliers d'immeubles avaient été détruits. Dix ans plus tard, en janvier 2014, les djihadistes, cette fois-ci de l'EI, prenaient la ville de 250 000 habitants, sans combattre, tant le ressentiment y est fort contre le gouvernement de Bagdad, contrôlé par les partis chiites.
Ali Alaaq, un député chiite proche du premier ministre Abadi, justifie les «délais et hésitations» dans l'offensive contre Fallouja par les «craintes que l'attaque n'affecte les populations civiles, et pour leur donner le temps de quitter les zones de guerre». Pour les chefs sunnites, les dissensions entre Bagdad et Washington ont retardé la bataille. Les Américains, dont le soutien aérien est indispensable, ne voient pas la libération de Fallouja comme un objectif stratégique, et préféreraient concentrer tous les efforts sur Mossoul, la «capitale» de l'EI. C'est en revanche une priorité pour Bagdad, qui veut écarter la menace des attentats-suicides dans la capitale, à seulement 65 kilomètres de là, et les villes saintes chiites. Il a aussi fallu trancher la question du rôle des milices chiites de la MP, détestées et craintes par la population sunnite de l'Anbar. «Nous voulons que la libération soit commune aux sunnites et aux chiites, même si ces derniers resteront hors de la ville», a assuré le général Rachid Fleikh, sans convaincre les sunnites.
H. S.
In lemonde.fr


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