La levée des boucliers du clan anti-réforme de l'école algérienne avec en ligne de mire la ministre de l'Education nationale, Noria Benghabrit, a mobilisé tous les moyens, médias à l'appui, pour s'offusquer contre une erreur d'impression - la maison d'édition publique l'Enag l'a reconnue et corrigée - que certains soutiennent comme étant délibérée. Associations de parents d'élèves, islamistes de tous bords et autres détracteurs se sont unis pour s'attaquer encore une fois à Mme Benghabrit accusée de tous les maux qui rongent ce secteur stratégique dépositaire exclusif de l'avenir de générations entières et par là même du devenir de tout un pays. Benghabrit responsable des fuites du sujet du Baccalauréat, Benghabrit à l'origine du concours national pour le recrutement d'enseignants ignorant la demande des contractuels, Benghabrit accusée d'occidentaliser l'école algérienne, Benghabrit accusée d'être non musulmane, allant jusqu'à fouiller ses origines pour lui inventer une généalogie qui arrange le clan, et cerise sur le gâteau, cette dernière trouvaille qui aurait pu être corrigée sans cette médiatisation et cette polémique qui constitue une aubaine pour ses opposants. La Dame est pointée du doigt à tout bout de champ car les réformes entreprises veulent mettre l'école à l'abri de toute manipulation politicienne, de toute récupération et de tout endoctrinement comme cela avait été le cas durant plus de deux décennies, avec ce que cela a engendré comme monstres. Longtemps, les programmes élaborés et mis en application au niveau de l'école ont servi certains cercles où des ignares étaient érigés en gourous consacrant ainsi une médiocrité qui est venue sur tout. De la compétence et des performances d'antan, on était passé à une école dévastée et divisée où l'intellect n'a pas droit de cité. La réflexion et l'intelligence étaient exclues pour être supplantées par un semblant de connaissances glanées par mémorisation et qui n'appellent aucune forme de réflexion. Si bien que l'apprenant devenu adulte et donc citoyen est facilement influençable et manipulable ; le résultat, tous ceux qui ont vécu la décennie noire le connaissent bien pour en avoir souffert. La médiocrité qui a pris le pouvoir au sein de l'école algérienne et qui s'en sert pour le perpétuer est bien introduite, elle est présente même dans les hautes sphères de l'éducation nationale ; des complicités et des «bienveillances» participent à ces complots ourdis contre les réformes pour les faire capoter. Des réformes qui visent la modernisation, l'ouverture sur le monde, la connaissance, le savoir, le progrès technologique et scientifique se trouvent confrontées à des forces où le conservatisme, les idéologies rétrogrades, le mensonge et la diffamation font bon ménage. Le combat de Benghabrit n'est pas aisé et s'annonce féroce, cela suppose une aptitude à encaisser tout en persévérant dans sa démarche pour transformer cette école objet de convoitises ; un chemin semé d'embûches, certes, mais qui, au final, sera fleuri. M. R.