De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Beaucoup d'élèves, si ce n'est la majorité, de la wilaya de Tizi Ouzou continueront de souffrir, cette année encore, des mauvaises conditions d'études à l'intérieur comme à l'extérieur des établissements scolaires avec parfois de graves répercussions sur leur santé et leur scolarité. Certaines dispositions des réformes introduites cette année scolaire 2009-2010 ne feront qu'accentuer les malheurs de milliers d'enfants de la région de Kabylie, connue pour la densité de sa population, son relief accidenté et l'éparpillement des établissements scolaires. Tout cela sachant que le transport et le ramassage scolaire n'ont pas, déjà par le passé, trouvé de solution à la mesure de la demande et des vœux des parents d'élèves qui ont peur pour leur progéniture, surtout pendant le premier trimestre, caractérisé par la baisse de la température et des journées relativement courtes. A Tizi Ouzou, où la rentrée s'annonce houleuse, vu les menaces de débrayage et autres déclarations des syndicats en rapport avec les conditions socioprofessionnelles, le régime indemnitaire, le problème récurrent des contractuels, la mesure qui fera sûrement parler d'elle en cette nouvelle année scolaire est celle relative à l'augmentation du volume horaire, durant les après-midi, qui sera désormais de 4 heures (13h30-17h30). Soit au total 8 heures de cours par jour ! Des enseignants, interrogés à propos de cette prolongation d'une heure, ne cachent pas leur colère au vu du maintien d'une «décision anti-pédagogique» avec des conséquences incalculables sur les capacités d'intégration d'informations scientifiques et le niveau des enfants. Cela pour le volet pédagogique. Côté conditions de travail et de prise en charge des enfants scolarisés après l'introduction de cet allongement horaire, des voix parmi les premiers concernés s'élèvent pour dénoncer l'«aggravation» de la situation, déjà déplorable, des élèves en matière de transport scolaire. «On libère les élèves à 17 h 30 en hiver ; cela va devenir insupportable pour les enfants ; je pense que ceux qui ont apporté ce changement n'ont pensé qu'aux écoles situées dans le quartier huppé de Hydra et n'ont aucune idée de la situation qui prévaut dans les contrées déshéritées, les village enclavés», s'insurge un inspecteur d'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou qui avertit de la «dégradation des conditions de scolarisation de nos enfants dans les région oubliées par les autorités et qui constituent la majorité écrasante du nombre d'établissements scolaires». Un syndicaliste du secteur de l'enseignement dans la région d'Azzefoun, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, fera aussi part de son indignation sur ce point. «Chez nous, à Azzefoun, cela fait des années que, faute de moyens de transport en nombre suffisant, des camions aménagés se relaient dès la fin des cours pour acheminer les enfants dans des villages aussi loin les uns des autres ; l'opération prend parfois plusieurs heures, les enfants rentrent chez eux à des heures tardives, notamment ceux du village Tidmim et Aït Ali Abdellah [commune de Aït Chafaa]. Les enfants, transis par le froid, attendaient sous la pluie le retour d'une navette ; une situation déjà insupportable, alors que dire avec cette autre aberration du système de Benbouzid !?» dira-t-il. Sur ce plan, il faut dire que, dans la wilaya de Tizi Ouzou, les solutions préconisées par les autorités pour régler le problème de transport des enfants scolarisés n'ont pas eu de résultats significatifs. La proposition de convention entre les APC, l'APW de Tizi Ouzou et les parents d'élèves n'a pas tardé à montrer ses limites, surtout par rapport à la qualité des services fournis par les transporteurs et la répartition des quotes-parts entre les partenaires. «L'APW nous a eus ! Pour toute participation de sa part au payement des prestataires de services, l'APW nous a débloqué 40 millions de centimes, une somme dérisoire, car, pour couvrir les frais manquants, nous sommes obligés de débourser plus que prévu, aggravant ainsi notre trésorerie déjà faible», nous affirmait un maire de la wilaya de Tizi Ouzou qui appréhende le courroux des parents d'élèves pour ce début de l'année scolaire. Pour rappel, l'an dernier en plein hiver, lycéens et collégiens du chef-lieu de cette commune (Draa El Mizan), située à une trentaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, et qui figure parmi les plus pauvres de la wilaya, ont déserté les bancs de l'école pour manifester leur colère par rapport à l'absence de chauffage. Les élèves du «nouveau lycée» d'Aït Yahia Moussa ont été poussés à fermer la RN 25 pour exprimer leur mécontentement qui fait suite aux difficultés d'étudier sans chauffage et de s'alimenter de repas froids sous la pluie. «Comment voulez-vous que des enfants de cet âge puissent suivre normalement les cours dans de telles conditions ? Comment peuvent-ils se concentrer sur leurs cours ? Ils ont, durant tout le temps qu'ils passent à l'école, très froid, et cela est insupportable», s'est emporté un parent d'élève. D'autres enfants, qui se comptent par milliers, inscrits en demi- pension, sont jetés à la rue de midi jusqu'en début d'après-midi sans surveillance ni loisirs. Les écoliers grelottent dehors dans l'attente de la reprise des cours. La réaction des élèves, de leurs parents et des syndicats, est attendue ces jours-ci sur cette question de 8 heures d'études par jour, du problème du transport scolaire et de l'absence de commodités dans les écoles.
