Si, pour les spécialistes en la matière, le marché de l'or ne ressemble guère aux autres marchés de matières premières, ce métal, ô combien précieux, est soumis aux mêmes règles que celles du marché du pétrole. En effet, son prix dépend de trois variables, en l'occurrence, l'offre, la demande et le contexte financier mondial. L'année 2009 a été marquée, en sus des fluctuations des prix de l'or noir, ou récemment de la crise du Dubai, par l'envolée du cours de l'or, à tel point que même certains experts se posent la question de savoir si cela va affecter la bijouterie et la joaillerie. Le cours du métal jaune a augmenté de plus de 25% depuis début juillet pour atteindre au mois de novembre dernier un record historique de 1 150 dollars l'once. Depuis mi-janvier, son cours le plus bas de l'année, l'or a grimpé de 40,71%. Si l'or jaune continue ainsi son vol -un lingot flirte déjà avec les 24 000 euros- plusieurs pays en achètent massivement, à l'instar de l'Inde ou du Sri Lanka. L'or étant depuis longtemps perçu comme valeur refuge, un bon nombre d'économies émergentes sont enclines, ces derniers mois, à accroître leurs réserves d'or, parfois à en acheter de grosses quantités auprès du GMI. Car d'aucuns estiment, contrairement à l'idée répandue, que la crise financière n'est pas terminée, que d'autres secousses sont probables. Ces achats sont-ils de purs fantasmes ? Pas si sûr, car les motifs avancés ici et là sont d'ordre économique et financier. En effet, un bon nombre d'acheteurs, donc d'investisseurs, estiment que «la crise financière va encore continuer, elle n'est pas terminée et que le dollar n'inspire plus confiance à personne». D'autres soutiennent par ailleurs que cette flambée est l'un des dommages collatéraux de la crise, à commencer par la montée du chômage, qui conduit de plus en plus de personnes à vendre quelques bijoux hérités ici d'une tante, là d'une arrière-grand-mère pour arrondir «des fins de mois difficiles». Prenant pour exemple le scénario de la fin des années 1970, lorsque l'or avait grimpé de 185 dollars à 850 dollars l'once en dix-huit mois, les observateurs indiquent que, si une flambée de cette ampleur se reproduisait aujourd'hui, l'once d'or serait propulsée à plus de 5 000 dollars. S. B.