De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Au-delà des revendications et des calculs des uns et des autres, la manifestation de la coordination nationale pour le changement et la démocratie a finalement provoqué une certaine tension au sein de la société oranaise. Les manifestants ont gagné leur pari. Ils étaient enseignants, universitaires, artistes, journalistes, écrivains, poètes, étudiants, syndicalistes, etc. Ils ont réussi à briser le mur du silence et à crier haut et fort des revendications, certes, incompréhensibles pour ces centaines de jeunes badauds, mais ô combien importantes pour notre société. Un jeune a même interrompu certains mots d'ordre pour crier les siens. «Je suis chômeur depuis des années. Et je ne trouve pas de travail. Ils ont l'argent et nous n'avons rien.» Il sera aussitôt embarqué. Le rassemblement de la place d'Armes a créé une certaine suspicion et amalgames, les jeunes ayant fait le lien avec les événements d'Egypte et de Tunisie. Des rassemblements de jeunes de l'UNJA brandissant des portraits de Bouteflika s'étaient vite constitués aux alentours. Les policiers ont finalement opté pour une évacuation musclée de la place du Premier Novembre. Les manifestants conviendront que «ce ne sera pas la dernière fois. La prochaine fois, nous serons plus nombreux», ont-ils clamé haut et fort. Au cours des brèves échauffourées créées par les éléments de la police, des arrestations ont été opérées et des anachronismes sont apparus sur le terrain. Les éléments des renseignements généraux de la police qui connaissent parfaitement les organisateurs et la majorité des manifestants sont intervenus, à plusieurs reprises, pour calmer les esprits et rétablir l'ordre. Ces agents se sont mis entre les policiers et les manifestants pour éviter les accrocs. Mais rien n'y fait. Les policiers ont finalement opté pour une intervention musclée en procédant à l'arrestation de plus d'une vingtaine de manifestants. L'une des conclusions que d'aucuns pourraient tirer de cette manifestation, c'est que l'équilibre est fragile et que de telles tensions risquent de donner lieu à des situations équivoques. Les citoyens regardaient la répression des manifestants sous prétexte que «la manifestation n'était pas autorisée». «Nous n'allons pas nous taire. Nous allons encore demander une nouvelle autorisation de manifester. Jusqu'à ce qu'on ait gain de cause. Ils auraient pu nous autoriser et nous laisser scander nos slogans. Je pense que c'est mieux comme ça. Des citoyens ont pris acte de la hogra et des brutalités policières», notera M. Messaoud Babadji, avocat et l'un des organisateurs de cette manifestation. On apprend également que deux mineurs, qui participaient à la manifestation, ont été également embarqués. Un journaliste d'El Khabar a été arrêté et d'autres ont été brutalisés.