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L'intégrisme chrétien enfonce l'Europe dans la crise
La tragédie de la Norvège confirme la tendance
Publié dans La Tribune le 26 - 07 - 2011

L'Europe du progrès, du développement, l'Europe attirante, destination de millions d'Africains, d'Asiatiques et de Latino-Américains n'est que la partie visible de l'iceberg. L'Europe, qui évolue en lame de fond, est une Europe raciste, xénophobe, qui vise, sinon à chasser tous les étrangers, du moins à réhabiliter l'apartheid. Si le racisme n'est pas nouveau en Europe, ses adeptes se structurent de plus en en plus et gagnent du terrain à la faveur des crises économiques générées et entretenues par un ordre économique mondial exclusif, injuste et inique. Depuis les années quatre-vingts, les partis populistes fondés sur la préférence raciale, culturelle, nationale et religieuse se sont implantés à travers toute l'Europe, des pays latins au pays nordiques, en passant par les pays germaniques et slaves. L'opinion publique non européenne ne connaît de ce phénomène que la France à travers le Front national et l'Autriche à travers le FPÖ et le BZö. Ces deux pays ne sont que l'arbre qui cache la forêt. La progression des partis fascistes et racistes est terrifiante à la lumière des chiffres compilés par les spécialistes de ces courants qui se développent à travers toute l'Europe. Ces mouvements, dont la base sociale s'élargit dans tous les pays de l'Europe, se banalisent et font partie désormais du paysage politique européen. Les scores électoraux réalisés par les partis de l'extrême droite sont en nette croissance et commencent à menacer les partis classiques de droite et de gauche en grignotant à chaque échéance électorale leurs électeurs aussi bien parmi la frange de la jeunesse que de celle du troisième âge. Même si ces partis sont en général fondés par des activistes issus de la classe moyenne laminée par la crise, c'est cette même classe qui sert de rempart contre les idées et les idéologies racistes et fascistes. Pourtant, certains sondages annoncent que certains partis de l'extrême droite sont en passe d'occuper le haut du pavé dans certains pays européens, à l'image du Front national présenté comme le premier parti de France, selon une enquête du Parisien. En tout état de cause, le score que le FN a réalisé lors des dernières élections régionales (19,18%) en fait la troisième force du pays. Cependant, ce qui est grave, c'est cette approche qui consiste à remettre en cause l'appartenance du FN à la famille politique de l'extrême droite. Pour les défenseurs de cette thèse, Marine Le Pen ne fait que réhabiliter le «discours gaulliste traditionnel» abandonné par la droite mainstream. Pis, pour d'autres, le FN est résolument «passé à gauche», avec un discours anti-élites, anti-mondialisation, anti-Euro, que ne renierait pas la gauche radicale.
Pour Laurent Bouvet, «l'évolution qu'elle (Marine Le Pen) poursuit, c'est celle qu'elle a elle-même entreprise il y a quelques années en faisant bouger le discours économique et social de son parti vers… la gauche !». Pour d'autres enfin, c'est la notion d'extrême droite elle-même qui est périmée. Daoud Boughezala considère par exemple que «l'extrême droite n'existe pas». Inventée par les thuriféraires du buonisme, elle demeure pour lui «un objet politique non identifié voué aux gémonies éternelles (qui) répond à un besoin moral. Celui de se draper dans sa vertu antifasciste plutôt que de se frotter au réel». Et de lister les lignes de fractures qui, traversant la droite radicale, induiraient, selon lui, qu'elle ne soit qu'un mirage. Cette thèse est battue en brèche par Coralie Delaume qui estime que «des lignes de fractures» existent aussi au sein de la droite et de la gauche. «Les tensions tous azimuts qui parcourent la putative ‘'gauche unie'' comme elles traversèrent jadis ‘'l'union de la gauche'' doivent-elle nous amener à conclure que la gauche n'existe pas ? Ou simplement qu'il existe une ‘'gauche plurielle'' ? Et pourquoi pas, dans ce cas, une extrême droite plurielle ? Et puisqu'il exista une ‘'deuxième gauche'', pourquoi ne pas admettre que nous sommes aujourd'hui face à une ‘'deuxième extrême droite'' ? C'est ce qui semble en effet se produire avec l'émergence d'une droite radicale ayant rompu avec les oripeaux du post-fascisme.» Delaume relève qu'«en France, au sein même du Front national cohabitent désormais les tenants ombrageux d'une extrême droite traditionnelle et austère à la Gollnish et ceux d'une droite radicale jeune, moderne et dynamique, qui s'auto-désignent plus volontiers comme ‘‘marinistes'' que comme militants frontistes». Pour Coralie Delaume, l'extrême droite se met à la page puisqu'elle est incarnée par des modèles qui séduisent la jeunesse. «Cette extrême droite festive et sexy dispose désormais de figures de proue dans toute l'Europe. On pense par exemple à Oskar Freysinger, le séduisant chevelu au look de guitariste folk de l'UDC Suisse. Mais comment ne pas évoquer également le Néerlandais Geert Wilders, semblant tout droit sorti d'un spot publicitaire pour le Coca zéro ou la ‘'fraîcheur de vivre'', incarnation par excellence de ce que Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin ont appelé ‘‘l'hédonisme sécuritaire''.»
Disséquant le profil du leader politique qui incarne la nouvelle vague de l'extrême droite, Delaume voit qu'«en France, tonique et décontractée, Marine Le Pen arbore un côté pin-up, qui émoustille volontiers les plumitifs vulgaires de la ‘'gauche réenchantée''. Outre sa plastique fashion, cette dextre new-look revendique désormais sans complexe les acquis de la modernité en matière de moeurs, bien loin de la défense des valeurs familiales, d'une part, ou du culte des ‘'hommes forts'', d'autre part. Comme Pim Fortuyn avant lui, Wilders revendique son homosexualité. Marine Le Pen affiche un féminisme assumé et refuse désormais toute mise en cause de la loi Weil autorisant l'avortement. C'est d'ailleurs l'hyper-conservatisme sociétal et le caractère liberticide supposés intrinsèques à l'Islam que cette dernière prétend pourfendre en se faisait héraut d'une laïcité unilatérale qui, essentiellement applicable aux musulmans, semble n'être que le cache-sexe d'un occidentalisme militant». L'extrême droite en Europe n'est pas homogène pour autant et n'a pas de référents idéologiques et politico-économiques communs. Coralie Delaume considère qu'«au-delà de leurs points communs, ces jeunes extrêmes droites présentent toutefois bien des différences, évidemment liées aux spécificités des Etats dans lesquels elles évoluent, et à l'histoire propre des différentes formations politiques dont elles sont issues. Celles-ci peuvent être d'authentiques créations ex-nihilo, comme le PVV de Wilders, ou de très vieux partis d'extrême droite en plein renouveau. Leurs propositions sont par ailleurs fort variées, notamment sur le plan économique, et vont de l'appropriation des valeurs de la gauche à l'ultralibéralisme habituel au sein de cette famille politique». Les années 2000 sont incontestablement celles de l'émergence spectaculaire de l'extrême droite européenne. En France, en Italie, en Suède, en Hollande, en Hongrie, en Autriche… les partis fascistes et racistes sont portés par un électorat extrémiste traditionnellement auquel se sont joints des électeurs de la gauche et de la droite, déçus par les politiques économiques et sociales des partis classiques et déclassés par la crise économique. Plus l'extrême droite gagne du terrain, plus la société civile et les courants progressistes reculent. On est loin des imposantes manifestations antifascistes que l'Europe a connues dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix. En 2002, la Suède, jusque-là épargnée par la vague extrémiste, les démocrates ne récoltent que 20 sièges au Parlement, ce qui ne leur permet pas de gouverner seuls. Dans la même période, tout comme son homologue suédois, le parti Jobbik hongrois obtient 16,7% des voix et entre pour la première fois au Parlement, et avec 46 sièges. Au lendemain de ces résultats, de nombreux analystes ont espéré que cette situation serait propre à la Hongrie, frappée de plein fouet par la crise et sous perfusion du FMI. Pour le politologue Jean-Yves Camus, ces partis surfent sur les mêmes thèmes : hostilité à l'Islam, crainte d'une société multiculturelle et multiraciale. Mais les résultats des législatives en Hollande ont brisé tous les espoirs des optimistes qui considéraient la montée de l'extrême droite comme un épiphénomène. Dans ce pays fondateur de l'Europe, à l'économie solide, le PVV de Geert Wilders s'est installé comme troisième force dans le paysage politique néerlandais, avec 24 sièges au Parlement, contre neuf auparavant. Un résultat qui a déclenché une crise politique. Les négociations pour former une coalition gouvernementale ont pris beaucoup de temps. Autre succès électoral de l'extrême-droite : l'Autriche, où elle séduit le cinquième des électeurs. En Italie et au Danemark, l'extrême droite a franchi un pas de plus en entrant au gouvernement. Symbole de cette politique : Roberto Maroni, le ministre italien de l'Intérieur et membre de la Ligue du Nord, d'Umberto Bossi. Au Danemark, l'alliance dure depuis 2007. Là où l'extrême droite est contenue dans les urnes, elle parvient à polluer le débat en imposant ses thèmes aux formations classiques. L'exemple le plus parlant se trouve en Suisse, où en novembre dernier elle a réussi à faire interdire la construction de minarets grâce à une votation. En Grande-Bretagne, où jusqu'à présent l'extrême droite était quasi inexistante, le British National Party s'est imposé dans le paysage politique. Et l'immigration a été l'un des principaux thèmes de campagne. Quant à la France, le débat sur l'identité nationale et le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy surfent sur les thèmes chers au Front national.
A. G.


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