Photo : Riad De notre correspondant à Constantine A. Lemili A trop parler de la folie que subit le marché à chaque fois que le mois de Ramadhan approche, celle-ci s'en trouve banalisée, d'autant plus que si l'Etat ne parvient jamais à juguler la flambée qui étreint les espaces commerciaux qu'ils soient réglementés ou informels, le consommateur, en ce qui le concerne, contribue pour beaucoup à l'arnaque générale. Quelque part et sur cet aspect précis de la question, le ministre du Commerce ne peut qu'avoir raison, lui qui aurait considéré que «la faute incombe aux consommateurs», lesquels achètent et stockent en abondance durant le mois considéré. C'est une évidence et elle est plus que remarquable à Constantine où la razzia des étals est visible à partir de 13h. Le lait en sachet n'est pas disponible à… l'heure du laitier même, autrement dit dès potron-minet. Pour l'anecdote, certains distributeurs ont trouvé une astuce qui consiste à écouler une partie du produit en cours de route en s'arrêtant à hauteur des lieudits et autres mechtas isolées. Quand boulangeries, pâtisseries n'ont plus rien à proposer aux clients, ces derniers se rabattent sur les revendeurs étalant leurs produits dans les rues, à même le sol et rarement protégés. Parfois à côté de caniveaux dont les relents incitent à des rejets nauséeux.S'il semble logique, voire relever du devoir de reprocher à l'organe chargé du contrôle et de la répression de telles pratiques, que n'est-il pas dit au sujet du mouvement associatif et plus particulièrement des associations de défense du consommateur. Il en existe deux dans la ville des Ponts, l'une dans la commune du Khroub et l'autre au chef-lieu de wilaya. L'une, créée il y a moins de trois ans, est très officielle et n'est en fait que la caisse de résonance de représentants des pouvoirs publics et des élus et est donc chargée de distiller des informations ouatées en des moments opportuns sinon à vocation de rabatteur à l'occasion des diverses élections. La deuxième a près de quatorze ans d'âge et a pour porte-parole une représentante qui aurait plus tendance à s'effaroucher de l'indisponibilité du caviar sur le marché local ou du coût élevé de la mangue que des conditions effroyables que vivent ses semblables. Tout cela ne dédouane pas pour autant les pouvoirs publics et la responsabilité qu'ils ont sur une grave dérive dont les victimes essentielles demeurent évidemment les familles à faible revenu. Bien entendu, les services de l'Etat tentent de se rattraper à travers les actions de solidarité gérées par les communes, mais là également ces actions, parce qu'elles ne sont pas sérieusement préparées, encadrées et contrôlées, ne sont qu'un alibi à la présence des pouvoirs publics dans la mesure où une grande quantité des produits proposés aux nécessiteux est détournée parfois sciemment et généralement parce qu'il n'est pas accordé une très grande importance au recensement primaire des catégories sociales éligibles. Cela va du comité de quartier à la DAS, en passant par les APC et les secteurs qui les représentent. Dans la matinée de lundi dernier, nous avons essayé de suivre le parcours d'un postulant au couffin du Ramadhan et, pour ce faire, nous avons pris attache avec l'un des vice-présidents de l'APC de Constantine qui a quand même tenu à préciser que «l'opération avait été clôturée en mai dernier. Il nous est impossible aujourd'hui de trouver une solution à ce demandeur aussi critique soit sa situation et légitime sa demande. Le recensement a quand même duré cinq mois et nous nous demandons souvent où se trouvent ces postulants de dernière minute. Cela étant, il leur est possible de faire une démarche auprès de la DAS. Sait-on jamais ?».La démarche a été effectivement faite par la personne précédemment évoquée et effectivement, trois heures plus tard, elle louait un moyen de transport pour récupérer un sac de semoule, deux bidons d'huile, etc.Nous saurons et confirmerons d'ailleurs à hauteur de la cité où habite le bénéficiaire que sa famille est quand même aisée et que deux membres d'entre elle sont des cadres d'établissements publics. En fait, dans une politique qui se veut plus populiste qu'humainement juste, les pouvoirs publics bradent et accentuent le mal. Ce qui leur importe peu, sachant que l'opération qui sera bilantée en fin de mois ne brillera que par les montants faramineux qu'elle aura coûté. Ces montants serviront à alimenter les discours de toute la chaîne hiérarchique.