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«L'objectif de la politique économique de l'Algérie doit être d'équilibrer son budget»
L'économiste El Hachemi Aliouche soutient :
Publié dans La Tribune le 13 - 08 - 2011


Photo : M. Hacène
Entretien réalisé par Bahia Aliouche
La Tribune : Quelle lecture faites-vous de la crise de la dette américaine ? Quels sont les facteurs déclencheurs de cette crise ?
EL HACHEMI ALIOUCHE : Cette crise était prévisible, surtout après l'accord passé à contre-cœur entre les républicains et les démocrates le 2 août dernier pour réduire le déficit budgétaire et augmenter le plafond de la dette publique américaine qui approchait rapidement le seuil des 14 290 milliards de dollars. Cet accord n'est en fait que temporaire et ne résout pas les causes fondamentales de la crise de la dette publique américaine. Les débats au Congrès ont montré que beaucoup de politiciens américains n'étaient pas prêts à un compromis qui résoudrait la crise durablement. En fait, c'est l'un des facteurs principaux qui a finalement poussé Standard & Poor's à abaisser la notation des bons du Trésor américain de AAA à AA+. La crise actuelle a été déclenchée par des facteurs immédiats (mais temporaires) et des facteurs fondamentaux. Le principal facteur immédiat est la baisse de la notation de Standard & Poor's des bons du Trésor US de AAA à AA+, ce qui traduit une augmentation des risques de défaut de paiement sur les bons du Trésor américain. C'est la première fois dans l'histoire des Etats-Unis que les bons du Trésor US perdent leur notation AAA. La décision de S&P a été motivée par le fait qu'il pense que l'accord passé début août entre les républicains et les démocrates ne résout pas la crise de la dette US. Cette agence de notation pense, également, que les politiciens US, à cause de désaccords idéologiques profonds, ne sont pas en mesure actuellement de s'attaquer sérieusement aux problèmes économiques du pays (récession, chômage, etc.). Au chapitre des facteurs fondamentaux de la crise actuelle figure le déficit budgétaire chronique du gouvernement fédéral américain depuis 2001 du à l'augmentation des dépenses militaires après le 11 septembre et à la réduction des taux d'impôt par le président Bush, ce qui a réduit, sérieusement, les revenus du gouvernement fédéral. A cela s'ajoute l'augmentation des dépenses nationales du secteur de la santé qui consomme, actuellement, près de 17% du produit intérieur brut des USA. La récession commencée en décembre 2007 a, quant à elle, accéléré le déficit qui est passé de 458 milliards de dollars en 2008 à 1 423 milliards de dollars en 2009, pour atteindre en 2010 près de 1 556 milliards de dollars. La dette publique US a plus que doublé en 10 ans. Elle est passée de 5,6 trillions de dollars (57,3% du produit intérieur brut) (1 trillion = 1 000 milliards) en 2000 à 13,8 trillion (94,3% du PIB) en 2010. Il faut toutefois relativiser la dette publique US. Par exemple, la dette publique japonaise représente 225,8% du PIB du Japon et celle de l'Italie 118,4% (source : FMI, 2010).Il faut aussi se rappeler que les risques de défaut américain (risques de ne pas pouvoir rembourser ses dettes) sont encore minimes, quoique pas absolument nuls. Un AA+ (cotation Standard and Poor's) est moins bien qu'un AAA, mais c'est encore une cotation qui traduit un risque de défaut minimal.
La crise de la dette américaine est-elle liée à celle des subprimes de 2008 ?
Oui, indirectement, parce que la crise des subprimes a été l'un des facteurs déclencheurs de la récession, qui a conduit à l'aggravation du déficit budgétaire, et donc de la dette.
Quelles sont les conséquences de la perte du triple «A» sur l'économie américaine et mondiale ?
Théoriquement, l'importante conséquence est l'augmentation des taux d'intérêt US, donc du coût de l'argent avec ses conséquences négatives sur l'économie américaine et mondiale. Paradoxalement, les taux d'intérêt des bons du Trésor US ont baissé les jours d'après l'annonce de S&P. La raison est que même avec une notation AA+, les Etats-Unis sont encore vus comme une valeur refuge par les investisseurs, surtout comparés aux autres investissements potentiels. Les investisseurs pensent que les problèmes de l'Europe sont plus graves que ceux des USA. Ils pensent, aussi, que les investissements en Bourse sont devenus plus risqués. Donc, à court terme, les investissements en bons du Trésor US sont encore relativement moins risqués que les autres investissements. Mais à long terme, la réduction de la notation se traduira par une augmentation des taux d'intérêt US, ce qui ralentira la croissance économique US et mondiale.L'autre importante conséquence est la perte de confiance en l'économie américaine et le dollar US. Les USA et le dollar ont été jusqu'à présent des valeurs refuge pour les investisseurs étrangers qui envoient leur argent aux USA. Ce ne sera peut-être plus le cas dans le futur. Une conséquence de cette perte de confiance, ajoutée à la crise de la dette en Europe, est la perception que les risques économiques aux USA sont maintenant plus graves qu'auparavant. Cela a déclenché l'effondrement de la Bourse aux USA et dans d'autres pays. La valeur du dollar US se détériore par rapport à la monnaie d'autres pays moins touchés par la crise de la dette. En somme, le statut du dollar US comme valeur de change universelle sera remis en cause.
Quels sont les effets dévastateurs que pourrait avoir cette crise sur la finance algérienne ?
La crise de la dette US pourrait avoir des effets négatifs sur la finance algérienne, mais je ne pense pas qu'ils seraient dévastateurs. Quoi que disent certains, les réserves de change algériennes investies dans les bonds du Trésor américain ne sont pas en danger de ne pas être repayées. Une cotation AA+ de S&P dénote un investissement de haute qualité et un risque de défaut minimal. Il ne faut pas oublier aussi que les deux autres agences de cotation (Moody's et Fitch) maintiennent leurs cotations AAA des bons du Trésor US. En plus, le Trésor américain peut toujours recourir à la planche à dollars pour payer ses dettes. Je pense que le danger pour l'Algérie vient principalement des conséquences liées à la dévaluation possible du dollar US. Quand les avoirs algériens seront remboursés par le Trésor US en dollars, ils auront moins de valeur par rapport à d'autres devises. Aussi, les recettes pétrolières de l'Algérie pourraient être touchées, puisque le prix du pétrole est généralement coté en dollars US. Enfin, le montant des importations algériennes payées en dollar pourrait augmenter.
Pour l'Algérie, quels sont les enseignements à tirer de cette crise ?
Des déficits budgétaires chroniques auront tôt où tard des conséquences néfastes sur l'économie algérienne (comme on le voit maintenant non seulement aux USA, mais aussi en Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie, etc.). L'objectif de la politique économique de l'Algérie doit être d'équilibrer son budget. En fait dans ce domaine, l'Algérie a mieux fait que les USA. Grâce au pétrole, l'Algérie a en fait un surplus de réserves de change (plus de 170 milliards en juillet 2011). Aussi, la dépendance de l'Algérie aux exportations d'hydrocarbures aura des conséquences négatives sur ses finances. Une récession dans les pays acheteurs de pétrole algérien réduira la demande pour son pétrole, et donc réduira ses avoirs financiers. Pour réduire les risques financiers, il est important de diversifier les placements des réserves de change algériennes dans plusieurs pays et dans plusieurs domaines. Aussi, il est important de réduire la dépendance de l'économie algérienne aux exportations des hydrocarbures.
La création d'un fonds souverain algérien est-elle d'actualité ?
La création d'un fonds souverain algérien pourrait être utile dans certaines circonstances. Mais dans les conditions actuelles de l'Algérie, dont les besoins sont énormes (logements, emplois, infrastructures, etc.), investir son argent à l'étranger est difficile à justifier. Investir ses avoirs localement dans des projets productifs sera beaucoup plus rentable à long terme. Mais il est important que ces projets soient traités comme des investissements économiques, ce qui veut dire qu'ils doivent produire une plus-value durable.
Que doit faire le gouvernement algérien face à cette situation ?
Dans l'immédiat, il n'y a pas de mesures urgentes à prendre. Les investissements algériens en bons du Trésor US ne sont pas menacés de défaut à court terme. Les Chinois et les Japonais (respectivement, premiers et deuxièmes détenteurs de bons du Trésor US) ne retirent pas leurs avoirs des USA. Mais, à plus long terme, il serait utile qu'une politique de diversification de ces avoirs soit mise en place. Investir une partie de ces avoirs en dehors des bons du Trésor US pourrait générer une plus forte valeur. Et surtout, il faut investir, localement, une partie importante des avoirs de l'Algérie pour créer des industries et des emplois productifs.


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