Photo : M. Hacène Par Ali Boukhlef Tout est bon pour déstabiliser l'adversaire. Dès le début de la précampagne électorale, les partis politiques et les candidats sont sur le qui-vive. Chacun surveille son adversaire. A la moindre erreur, les commissions de surveillance et de supervision –l'Algérie en a deux maintenant !- sont saisies. Quoi de plus normal.Les premières «plaintes» étaient relatives au refus d'inscrire les candidats dans plusieurs circonscriptions. Dans la majorité des cas, la Commission nationale de supervision des élections (composée exclusivement de juges) a rendu justice pour une bonne partie des candidats plaignants. Souvent, cela s'est fait contre l'avis de l'administration, jugée parfois plus réticente.Le plus gros des plaintes a donc été reçu par la Commission nationale de surveillance des élections législatives. Les saisines de cette commission sont en majorité politiques. Ainsi, à titre d'exemple, Amara Benyounès, secrétaire général du Mouvement populaire algérien a été l'un des premiers à se plaindre. Il accuse -publiquement- les partis islamistes d'avoir «utilisé la religion à des fins politiques». Un usage interdit par la Constitution. Les partis de la mouvance islamiste ont apparemment été interpellés. Cela n'a pas changé beaucoup de choses, puisque Abdellah Djaballah (le plus touché par ce reproche) a qualifié de «plus grand crime» la séparation de la religion de l'Etat. Un autre leader islamiste -qui affiche une posture plus modérée-, Abdelmadjid Menasra, a répliqué, lui, que «rien n'interdit de parler de la religion». Le président du mouvement «changement» reconnaît cependant que «l'instrumentalisation de la religion» ne peut être acceptée.C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Le président du MPA a été lui-même remis à l'ordre par la commission Zerrouki. La raison ? Amara Benyounès diffuse, depuis le début de la campagne, un spot publicitaire sur une chaîne étrangère. Chose considérée comme «illicite». Le concerné, lui, ne veut rien entendre. Il accuse l'ambassadeur d'Algérie à Tunis (un militant FLN) d'avoir été derrière cette plainte. Puis, il assène ses vérités : «cela fait 50 ans que le FLN squatte seul la télévision nationale, sans que personne ne trouve à redire». L'incident est clos.Le plus grand nombre de plaintes arrivées à la commission de surveillance concerne l'usage de l'argent public. Ainsi, des partis politiques ont reproché à Amara Ghoul, candidat tête de liste de «l'Alliance verte» à Alger d'utiliser les réalisations du secteur des travaux publics à des fins électorales. Son affiche comporte, en arrière-plan, des images de l'autoroute Est-Ouest et d'autres chantiers. Ce que la commission de surveillance trouve anormal, d'autant plus que les réalisations mises en avant ne sont pas celles du candidat, mais plutôt de l'Etat. Depuis, les affiches électorales de Amar Ghoul ne comportent plus d'images de routes ou de barrages.Ahmed Ouyahia a été sévèrement critiqué. On reproche au chef du RND d'utiliser sa position de Premier ministre dans ses déplacements à l'intérieur du pays. Des partis, tels que le PT et Ahd45, font remarquer que les autorités locales font «un traitement de faveur» au Premier ministre. Cela se voit à travers notamment les énormes dispositifs qui sont mis en place à chacune de ses visites. Des travaux d'embellissement sont même réalisés dans certaines villes pour accueillir celui qui doit normalement se présenter comme un simple chef de parti. Soucieux de sauvegarder son image, Ouyahia –qui laisse de coté sa cravate- a apparemment répondu favorablement aux interpellations de la commission de surveillance des élections, selon Mohamed Seddiki.Des ministres candidats ont également interpellé sur l'utilisation des biens de l'Etat dans leur campagne. C'est le cas de Amar Tou, ministre des Transports et candidat FLN à Sidi- Bel-Abbès.D'autres remarques ont également été faites à certains candidats. Il s'agit notamment de vices de forme, comme l'usage de «langues étrangères» dans la campagne. Globalement, donc, il n'y a pas beaucoup de dépassements «dangereux». Des cas d'utilisation d'argent «sale» par certains partis et candidats ont été dénoncés. Sans effet.