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Quand l'art nourrit la haine et la violence
L'Occident défend la liberté de création
Publié dans La Tribune le 17 - 09 - 2012

De Washington à Paris, on fait fi des censures artistiques pour des raisons politiques et morales pour invoquer la liberté d'expression quand il s'agit d'offenser l'Islam, sachant que le rapport à la foi n'obéit pas au rationnel mais à l'émotionnel. A ce titre, le débat sur la liberté de création est une fuite quand l'œuvre en question touche au sacré et enflamme les masses qui se sentent offensées. Pourtant, l'Occident qui se cache hypocritement derrière la liberté d'expression, ne s'empêche pas de censurer l'art, la presse ou toute autre forme d'expression quand ses intérêts sont directement touchés. C'est ce que révèle avec brio l'essai de Thomas Schlesser, L'Art face à la censure, édité en 2011 (Beaux Arts éditions). Au début des années 2000, le Congrès américain avait adopté à une très large majorité une loi répressive qui porte à un demi-million de dollars l'amende contre une station de radio ou de télévision jugée indécente. La même amende peut être infligée à un artiste coupable d'indécence. Bernard Sanders, un élu indépendant, s'est indigné de cette loi et s'est déclaré «de plus en plus inquiet du culte de la censure qui est exercé par les grandes sociétés propriétaires de médias, et, de plus en plus, par le gouvernement». Depuis cette date, l'obscénité est officiellement bannie des ondes aux Etats-Unis et les émissions «indécentes» sont strictement réglementées. L'autorité chargée de censure, la FCC, a infligé plus de 8 millions de dollars d'amende en 2004, contre 440 000 dollars en 2003.Choquer une famille américaine avec des images ou des paroles jugées obscènes serait-il donc plus grave que de choquer plus d'un milliard de musulmans avec un film qui porte atteinte à leur foi et profane leur sacré ?
Dans une étude plus exhaustive sur la censure aux Etats-Unis, réalisée en 2008, par Vincent Demeusoy, l'auteur estime qu'en dépit du premier amendement garantissant la liberté d'expression et artistique, la censure s'exerce sur les discours incitant à la violence, sur le blasphème, l'obscénité, l'indécence, la nudité, la sexualité et la pornographie. Les motifs invoqués pour exercer la censure sur
cette forme de discours artistique sont : la protection des mineurs, le maintien de la cohésion sociale, le respect des personnes, la protection de la sécurité nationale, la contestation à l'égard de la politique du gouvernement, une forme d'art «inférieure».

Le premier amendement n'est pas absolu
Ainsi, la liberté d'expression artistique n'est pas absolue aux Etats-Unis. L'étude citée ci-dessus précise que «les droits du Premier amendement ne sont pas absolus et ils connaissent des exceptions. Par discours non protégé par le Premier amendement, il est notamment question de : l'incitation à des activités illégales, et/ou à une violence imminente, discours séditieux, diffamation et calomnie, menaces et intimidations intentionnelles, appel à la violence, discours de haine, violation de la sphère privée, publicité commerciale mensongère, publication d'informations légales confidentielles, discours non obscène mais sexuellement explicite et indécent, en vue de la protection des mineurs, pornographie infantile, Obscénité. Ainsi, nous le voyons, les nécessités du maintien de la cohésion sociale ont poussé la cour suprême à limiter la portée du Premier amendement. En revanche, la suppression par le gouvernement de toute autre forme de discours légal ne peut seulement être justifiée que si le gouvernement avance une raison de force majeure. Par exemple, les questions de sécurité nationale peuvent, en temps de guerre, autoriser la suppression d'un article qui décrirait une stratégie militaire. La plupart du temps, les litiges autour de la liberté d'expression impliquent des plaintes pour des réglementations gouvernementales trop vagues ou extrêmement larges, ou encore lorsque le gouvernement s'est engagé dans une discrimination d'opinion et qu'il tente par cette action de supprimer un discours en raison de son opposition au message véhiculé».
Le cas du film incriminé ne nécessite pas une jurisprudence pour certaines des raisons citées plus haut. Au-delà de la «forme artistique inférieure», l'innocence des musulmans est un blasphème, une insulte, une obscénité, un manque de respect à un milliard de personnes, a provoqué des troubles et des violences ayant coûté la vie à quatre diplomates américains, menace les intérêts américains dans des pays musulmans, alimente la haine entre les peuples et les religions… autant de raisons pour censurer ce sous-produit afin de calmer les esprits. Pour être plus précis, Vincent Demeusoy affirme dans son ouvrage : «Ainsi la censure apparaît lorsque les valeurs traditionnelles religieuses sont contestées ou mises en confrontation avec d'autres valeurs pas ou peu conformes aux principes de la doctrine religieuse. Des artistes qui interrogent leurs propres croyances, peuvent -afin d'explorer leurs craintes, le dogme et ses contradictions- exprimer visuellement leurs doutes. À travers leurs œuvres, ils posent des questions, provoquent des réflexions, et par des représentations artistiques souvent contestataires, suscitent des protestations de la part du spectateur. Comme nous l'avons déjà évoqué dans notre chapitre ‘‘Quelques exemples de l'implication du Premier amendement en matière de création''.» L'auteur donne
un exemple : «Certains pratiquants catholiques ont été outragés par l'œuvre multimédia de l'artiste Chris Ofili, The Holy Virgin Mary, représentant une Vierge Marie noire avec une poitrine en relief fabriquée à partir d'excréments d'éléphant ! Ils ont vu là simplement une icône sainte enduite de merde, une vierge barbouillée, mais ils ont oublié que Ofili était lui-même catholique et que cette représentation de la Vierge était tirée de ses origines africaines. Dans la culture d'Ofili, l'excrément de l'éléphant symbolise la fertilité et la Terre ; il a donc assimilé la Vierge à la déesse de la fertilité dans sa propre culture.Ainsi nous le voyons, lorsque des groupes d'individus imposent une certaine interprétation d'une œuvre d'art, une incompréhension peut naître et entraîner des accusations de blasphème. Quoi qu'il en soit, la religion demeure par excellence l'un des sujets de controverse qui a suscité de nombreuses représentations artistiques. Dans diverses communautés, elle est source inévitable de conflits. Cependant, le simple fait que l'œuvre ne corresponde pas avec l'opinion religieuse dominante justifie-t-il les tendances de ne pas lui reconnaître ses qualités artistiques ?»
Au-delà du déchaînement des musulmans qui se sentent offusqués, ce film intervient dans un contexte de tension extrême dans les pays musulmans où les populations se sentent méprisées par la politique de l'Occident à leur égard et l'attitude de deux poids deux mesures vis-à-vis de la situation en Palestine opprimée. L'extrémisme religieux est alimenté par ce sentiment et peut pousser des milliers de personnes dans les bras du terrorisme aveugle d'autant plus que ce film a ressuscité Al-Qaïda et son icône Ben Laden.
L'Innocence des musulmans est un argument pour les terroristes qui peinent à justifier le Jihad aussi bien dans le Sahel qu'au Moyen-Orient.
A. G.


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