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Mama Africa, l'Algérienne
Publié dans La Tribune le 11 - 11 - 2008

Elle était Sud-Africaine, panafricaine, citoyenne du monde et… Algérienne. Uzenzile Makeba Ogawashu Nguyama Yikhetheri, dont le nom complet est composé de 30 termes, s'est éteinte de la plus belle des morts. Celle que la planète entière a connue sous le prénom œcuménique de Miriam est décédée en Sicile. Elle venait de chanter durant une demi-heure à l'occasion d'un concert de soutien à l'écrivain Roberto Saviano, l'auteur du courageux film Gomorra, menacé de mort par la mafia. Pour la femme de toutes les luttes contre l'oppression, le racisme et pour les droits de l'Homme, pour l'artiste unique qu'elle fut, mourir sur scène, debout, souffle encore long et voix forte, donne encore plus de sens à une vie toute vouée au combat pour la dignité humaine.
Le destin de chanteuse de Miriam Makeba s'est confondu avec l'histoire tourmentée de l'Afrique du Sud. Il a ensuite épousé le panafricanisme au point de devenir, selon ses propres mots, «cette voix et cette image de l'Afrique sans même en être consciente».
Uzenzile, dont le prénom veut dire «tu ne dois t'en prendre qu'à toi-même», a pourtant été marquée par le fer rouge d'une adversité implacable. Ce symbole de la lutte anti-apartheid, avant même Nelson Mandela, a commencé son destin tragiquement exemplaire en prison : elle n'a que quelques jours lorsque sa mère est emprisonnée durant six mois pour avoir fabriqué de la bière artisanale afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père meurt alors qu'elle était âgée de cinq ans et, dès sa prime jeunesse, elle est notamment bonne d'enfant et laveuse de taxis dans son township de Soweto. Uzenzile, qui avait de la ressource morale et de l'énergie, avait aussi de la voix. Elle commence à chanter par hasard avec les Cuban Brothers avant d'être adoptée par les Manhattan Brothers qui en feront, à vingt ans à peine, leur choriste fétiche. Deux dates auront symbolisé le plus sa carrière : 1956, année où elle écrit Pata Pata, la rengaine africaine la plus célèbre dans le monde, et 1959 au cours de laquelle elle rencontre la chance et une gloire fulgurante. Contrainte à l'exil en raison de son apparition dans le film anti-apartheid Come Back Africa, elle fait la rencontre de sa vie en croisant le chanteur et acteur noir américain Harry Belafonte, qui lui donne sa chance. Star en quelques semaines, elle tutoie dès lors les cimes et côtoie, entre autres, Marlon Brando et Duke Ellington. Elle chante aussi au Madison Square Garden avec Marilyn Monroe pour l'anniversaire du président John F. Kennedy. Pata Pata est finalement enregistrée en 1962, quelques semaines après l'indépendance de l'Algérie. Celle qui a tenu des discours anti-apartheid jusque devant l'ONU, chante en 1963, en amharique, pour fêter la naissance de l'OUA. Ses auditeurs : le Négus, Kwame Nkrumah, Houphouët-Boigny, Habib Bourguiba, Ahmed Ben Bella, Sékou Touré, Djamel Abdennasser. La suite de sa carrière est faite de lumières et de douleurs. 31 ans d'exil, perte cruelle de sa fille qui fut son enfant unique, impécuniosité, dénuement, Grammy Award en 1966, divorces, nationalité d'une dizaine de pays, dont l'Algérie. Pourtant, dans les chansons de cette souveraine, belle de toujours, toujours rebelle, pas l'ombre de la moindre amertume et une dignité à toute épreuve. Sa voix de combattante inlassable et son énergie de militante inflexible furent dédiées à la tolérance, au devoir de mémoire, à la solidarité, à la fraternité et à l'humanisme. Miriam, qui rêvait d'une Grande Afrique Unie, avait avec l'Algérie une belle histoire d'amitié fraternelle. Ce fut donc un film d'amour paisible qui aurait pu s'intituler «nous nous sommes tant aimés» puis perdus de vue. Le coup de foudre a eu lieu en 1969. Le commencement fut avec le merveilleux, l'unique Festival panafricain au cours duquel l'Afrique a fait la fête dans les rues d'Alger, irradiées par le bonheur de vivre la joie africaine. Il a fini par un passeport de pleine citoyenneté et un superbe duo avec monsieur 100 000 volts algériens, l'immarcescible Mohamed Lamari. Miriam chantait : «Ana hourra fil Djazaïr.» Ce fut au cours des temps immémoriaux de l'Algérie tiers-mondiste, non-alignée et révolutionnaire.
N. K.


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