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La Guerre d'Algérie, un sujet tabou sur les écrans français
Après la censure et l'interdiction, vient la marginalisation
Publié dans La Tribune le 18 - 12 - 2012

La Révolution algérienne a été dès les premières années du déclenchement de la Guerre de libération nationale victime de la censure au cinéma par le gouvernement Français. La guerre sur le terrain se propagea à la guerre d'images. Pour contrer les images des actualités de l'armée coloniale française, véritable outil de propagande, des cinéastes engagés mettent leur vie et leur carrière en péril pour porter au regard de l'opinion publique la réalité des exactions commises par la patrie des droits de l'homme en terre algérienne.
Du côté algérien, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra), mesurant l'importance de l'image et du cinéma pour la cause algérienne, initiera le premier service cinéma dans l'histoire d'un mouvement révolutionnaire.
Le cinéma pour porter la cause algérienne
Dès 1957, les cinéastes sont formés et organisés grâce à l'aide notamment de jeunes cinéastes français qui ont rejoint l'ALN. Un critique de cinéma algérien souligne que, officiellement, la première collaboration cinématographique algéro-française est un court-métrage
documentaire réalisé en 1956 par Cécile Decugis, intitulé Les réfugiés. Tourné en 1956, ce film de 14 mn est un reportage sur les déportations-déplacements de populations : regroupements et exils tunisiens. L'auteure, qui a fait cette production dans un cadre privé avec l'armée algérienne, a été emprisonnée en France deux ans pour ce courtmétrage documentaire.
Mais l'une des figures marquantes de ces années de guerre est sans conteste René Vautier. Le réalisateur militant communiste, n'a pas attendu une directive du parti et a rejoint les combattants pour la liberté de l'Algérie de sa propre initiative. Il sera poursuivi pour atteinte à la sureté intérieure de l'Etat par le ministre de l'Intérieur d'alors, François Mitterrand, à cause de son documentaire Une nation, l'Algérie, réalisé en pleine guerre d'Algérie, notamment pour cette phrase lourde de sens dans le contexte de l'époque : «L'Algérie a été
indépendante sous la Sublime-porte et redeviendra indépendante.»
René Vautier réalisera également L'Algérie en flammes qui sera aussi censuré. Près d'une dizaine d'années après l'indépendance, il réalise Avoir 20 ans dans les Aurès, où il aborde le malaise et la désertion des appelés français des contingents en Algérie. Le sujet était encore tabou à l'époque en France, ce qui vaudra, encore une fois, la censure au réalisateur engagé.
Le film qui portera un grand coup à la propagande française a été Sakiet Sidi Youssef de Pierre Clément et René Vautier. Réalisé à la demande de Frantz Fanon et de Abane Ramdane pour le service cinéma du FLN, le film retrace l'acte illégal de bombardement, en 1958, du village tunisien de Sakiet Sidi Youssef à la frontière avec l'Algérie. Ce témoignage poignant conduira à une condamnation internationale de la France.
D'autre cinéastes rejoindront également la cause algérienne et seront, quand ils ne sont pas victimes de la censure, écartés du circuit cinématographique. Ces «sanctions»
perdureront même après l'indépendance de l'Algérie, entre autres pour James Blueet, Yann Le Masson ou Jacques Panijel qui a réalisé en 1962 Octobre à Paris, portant sur les massacres d'algériens lors de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961.

Le petit soldat, 1er long-métrage censuré par la France
Dans les faits, le premier long-métrage consacré à la guerre d'Algérie a été réalisé par Jean-Luc Godard. Le tournage remonte à 1960. Le film est interdit sous le gouvernement du général de Gaulle sur le territoire français et ne sort qu'en 1963 après de nombreuses coupures au montage.
Le petit soldat pose le cas de conscience d'un tueur à la solde de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) qui, soudain, hésite à remplir ses missions.
Sur le site du journal en ligne français Rue 89, qui a mené un travail de recherche et mis sur le Net plusieurs archives de l'INA sur le sujet de la censure des films sur la guerre d'Algérie, on peut trouver une vidéo de Louis Terrenoire, ministre de l'Information de l'époque, justifiant l'interdiction du film Le Petit soldat :
«Les paroles prêtées à une protagoniste du film et par lesquelles l'action de la France en Algérie est présentée comme dépourvue d'idéal, alors que la cause de la rébellion est défendue et exaltée, constituent à elles seules, dans les circonstances actuelles, un motif d'interdiction.»
Jean-Luc Godard avait expliqué dans une interview de l'époque que «du temps de Malraux, on prenait mal ces choses, la guerre d'Algérie. Mais comme j'avais reçu des menaces de mort dans ma boîte aux lettres, j'ai été content qu'on l'interdise.
Le Pen avait été jusqu'à demander mon expulsion de France»,

La bataille d'Alger interdit de salle et de projection
Des années plus tard, c'est un autre film, produit cette fois par l'Algérie indépendante, qui sera, pendant plus de trente ans, interdit de diffusion en France, à cause de la pression de l'extrême droite française. Il s'agit du film culte La bataille d'Alger, coproduit par la société de production privée Casbah Film de Yacef Saadi et l'Italie. Le film réalisé par le cinéaste italien Gillo Pentecorvo, sera refusé à Cannes et n'obtiendra son visa d'exploitation en France qu'en 1972, avant d'être retiré à cause des menaces de l'extrême droite. L'explication officielle de cette interdiction sera «le traumatisme des rapatriés d'Algérie et la crainte que le film soit perçu comme une provocation».
Il faudra attendre une trentaine d'années après sa sortie et sa projection au Pentagone devant les plus hauts gradés de l'armée
américaine pour que La bataille d'Alger retrouve une place sur les écrans français.
En 1975, le cinéma algérien obtient sa revanche à Cannes avec la consécration du cinéaste algérien Mohamed Lakhdar Hamina, lauréat de la Palme d'or au festival avec son film Chroniques des années de braise qui relate sur près de trois heures les principales étapes de la guerre de libération algérienne, en mettant en avant le personnage de l'algérien longtemps occulté des productions françaises. Le prix fera grincer des dents tous les nostalgiques de «l'Algérie française». Mohamed Lakhdar Hamina avait déjà remporté, en 1966, la Caméra d'or à Cannes avec Le vent des Aurès. Le cinéaste algérien avait obligé à l'époque les organisateurs du Festival de Cannes à lever les couleurs de l'Algérie.

La nouvelle ère des levées des sujets tabous
Il faut attendre la fin des années quatre-vingt-dix et la reconnaissance officielle de la Guerre d'Algérie au Parlement français, pour qu'après plusieurs années de censures, les cinéphiles français puissent avoir accès à des films qui lèvent des tabous de la guerre d'Algérie, à l'instar de la question de la torture et des exécutions sommaires dont s'est rendue coupable l'armée française durant cette guerre. On peut citer à cet effet La trahison de Philippe Faucon, qui retrace les rapports entre un officier français et des supplétifs algériens. Il y a aussi Mon colonel, réalisé par Laurent Herbiet et produit par Costa Gavras. Et L'ennemi intime de Florent Siri. Adapté d'un documentaire de Patrick Rotman, ce film revient sur les atrocités commises par l'armée française en Algérie. La majorité de ces nouvelles productions ont été projetées des deux côtés de la Méditerranée.
Mais même si ces films n'ont pas été censurés, leur distribution n'a cependant pas été à grande échelle et il a fallu le travail de fourmi des ciné-clubs, associations et réseaux de cinémathèques pour que ces productions soient vues par le plus grand nombre en France.

Un passé qui ne passe pas, un demi-siècle plus tard
Ainsi, près d'un demi-siècle après la fin de la guerre, la censure est toujours présente, même si c'est sous une forme insidieuse, à l'instar de la levée de boucliers de la droite française et aussi de ceux que l'on surnomme «les nostalgérie» contre le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Il y a à peine deux années, Lionnel Luca de l'UMP avait sorti l'éternel reproche des politiques de film «anti-France» pour discréditer une production cinématographique française qui n'avait rien à voir avec un film historique ou sur la guerre d'Algérie. Paradoxalement, le film connait un grand succès et bénéficie du soutien des médias et des institutions étatiques françaises. En réalité, dans la lignée d'Indigène, le film écorne l'image des militants de la cause nationale algérienne et s'apparente plus à un film de gangsters qu'à un véritable film sur la guerre d'Algérie.
Dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, en France plusieurs colloques, forums, cycles de projection dans le réseau des cinémathèques sont consacrés à la question de la représentation de la Guerre d'Algérie dans le cinéma. Mais au final, à l'instar de la polémique qui a suivie la diffusion sur une télévision publique française du documentaire La Guerre d'Algérie : la déchirure et surtout après le débat qui a suivi cette diffusion, avec la campagne de diffamation menée contre la moudjahida Zohra Drif qui reflète une remise en question de la légitimé du combat du peuple algérien pour son indépendance, on ne peut que constater que cinquante après son indépendance la représentation en images de la Guerre d'Algérie pose toujours problème.
Il est important de souligner que les cinéastes algériens ont payé leur tribut durant la guerre d'indépendance. Une dizaine d'entre eux ont payé de leur vie leur engagement pour la liberté de leur patrie, dont Ali Djenaoui, un des plus grands espoirs du cinéma algérien.

S. A.


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