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«Mourir de honte»
Publié dans La Tribune le 03 - 02 - 2013

Pourquoi avoir honte de parler de la…honte, ce sentiment expiatoire, salvateur des cohésions sociales et régulateur de la vie en collectivité ? Non seulement, on ne devrait pas en avoir honte, mais l'exercice, s'il pouvait exister encore, ne serait pas dépourvu de vertus cathartiques pour une société -la notre- qui régurgite dans l'aigreur plus qu'elle n'extériorise ses refoulés / refoulements dans un but de rédemption. «Tag â'la man tag» (chacun pour soi dans la curée), est devenu le credo assumé, presque glorifié avec toutes ces barrières de la «H'chouma» tombées l'une après l'autre provoquant l'effet d'une digue quand elle cède dans un grand fracas. Les effets sont connus, acquérant statut de banalité, une normalité acceptée de tous ces maux décriés du bout des lèvres et avec lesquels il faut se résigner à vivre.
La question subsidiaire de la honte est celle des valeurs qui constituent le lien entre l'Etat et la société, le pouvoir et le peuple. Si l'Etat est impersonnel et n'est pas redevable d'une expression de sentiments qu'on ne peut pas lui reprocher de ne pas éprouver, le pouvoir qui l'incarne est, lui, comptable d'une morale publique, des valeurs nécessairement véhiculées par son programme et ses actions. Et là, la réalité du terrain, un moment oubliées les déclarations de bonnes intentions, rend compte mieux que toute autre chose de l'émergence d'une inculture de valeurs visibles dans le mépris et l'incompétence d'une gouvernance éloignée du «Houkm rached», bonne guidance et sagesse de pouvoir.
A sa manière, M. Lazouni, le célèbre «policier caché» de la télévision et qui n'a pris sa retraite que pour mieux vivre sa passion de la bonne circulation routière, n'arrête pas de nous donner à voir et sentir ce déni installé du bon sens et de la raison élémentaire. Certes, souvent il ne reste à l'ingénieur des mines que ses cheveux à arracher, mais il ne manque ni d'ironie ni de phrases assassines. Dans une de ses récentes chroniques consacrée à l'instauration du permis à points, il s'interrogeait avec beaucoup d'a-propos sur cette débauche des couleurs et des points qui s'est emparée des concepteurs du permis à points algérien avant de conclure, très en colère, mais en toute humilité et honnêteté :
copier pour copier, autant le faire sans biaiser ni modifier, avec la bêtise en prime. Quand dans les pays qui ont expérimenté depuis des décennies, avec succès, ce type de permis, il est attribué 12 points à chaque détenteur du document, en Algérie ce nombre est doublé. Quel intérêt ? Aucun, puisque le nombre de points retirés à chaque infraction est lui aussi doublé. Dans les pays sérieux, la gestion des infractions et des points est centralisée et se fait à travers un réseau informatisé. En Algérie, en plus du carton rose, le conducteur sera doté d'un document vert où seront consignées les infractions. Pour le moment le livret de famille et l'acte de naissance 12 S ne sont pas exigés, mais il ne faudra s'étonner de rien. Et ce sont les daïras, déjà lourdement surchargées, qui vont gérer ce surcroît de travail titanesque !
Tenons-nous-en toujours aux questions sur la honte. Les responsables du ministère qui ont conçu ce chef-d'œuvre de l'absurdité sont-ils sensibles à ce sentiment de honte ? La question devient ici secondaire, dès lors qu'il y a lieu de s'interroger plutôt sur leurs facultés morales et de discernement : en sont-ils en pleine possession ? Ce n'est pas de l'exagération, car un célèbre neuropsychiatre français (“Mourir de dire la honte” de Boris Cyrulnik, sept. 2010) a consacré un plein livre à la résilience réussie dans la reconnaissance de la honte exprimée et assumée. Aux habituels deux certificats médicaux, l'un de médecine générale et l'autre de phtisiologie, exigés des postulants à la fonction publique, un certificat de psychiatrie ne serait peut-être pas de trop pour les prétendants à la nomination par décret présidentiel. A ajouter à la fiche bleue, deux sécurités vaudraient mieux qu'une.
Allez, disons-le sans prévenance langagière particulière, le sentiment de honte, c'est un peu comme le Principe de Peter (dit expressément à l'intention des hauts fonctionnaires qui en auraient entendu parler). Plus le regard se porte vers le haut et moins il y a de chances de le rencontrer. C'est que, à ce niveau de hauteur à ne pas confondre avec l'élévation morale et éthique, il n'est pas courant de croiser ce sentiment de honte et le devoir de vérité, son corolaire. De simples juxtapositions des déclarations de ceux qui travaillent à notre bonheur, de la dithyrambique à la lénifiante en passant par l'absconse, révéleraient l'ampleur de cet autre drame de la gouvernance à l'algérienne. Il y en aurait de quoi remplir des centaines de milliers de registres gros comme les mains courantes des greffiers de tribunal et des huissiers de justice. Les promesses non tenues étant un mensonge à l'état pur, la logique voudrait qu'elles engagent leurs auteurs jusqu'aux prétoires, s'il le faut. Mais, l'un expliquant l'autre, on n'est tenu par le devoir de vérité que si au fond de soi-même sommeille un cerbère qui empêche de quitter le périmètre de la honte. Quand il n'y a ni l'un ni l'autre…
A. S.


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