La grève des boulangers a bien eu lieu mais tous ne l'ont pas observée. Dans la capitale comme dans les autres wilayas, il a été difficile de se procurer du pain, hier, toutefois il n'y a pas eu de pénurie. En réalité, les boulangers ont pour la plupart honoré leurs commandes quotidiennes. Cette grève a surtout bénéficié aux revendeurs informels. Selon notre correspondant à Oran, «la baguette a atteint les 30 dinars sur les marchés parallèles». Ce sont principalement les ménages qui ont été pénalisés par ce débrayage. «J'ai dû chercher longtemps avant de trouver enfin une boulangerie ouverte», raconte Fatima, une mère de famille rencontrée à Belouizdad. D'autres consommateurs ont préféré se rabattre sur les épiciers qui proposent différents types de galettes faites maison. «La boulangerie du quartier était ouverte mais il y avait une longue file d'attente. J'étais pressée, donc j'ai acheté de la galette chez l'épicier», explique une autre mère de famille habitant Birkhadem. Cependant, la grève n'a pas pénalisé les activités commerciales consommatrices de pain telles que les fast-food, restaurants et autres cantines qui ont fonctionné normalement. «J'ai menacé mon fournisseur (qui observe la grève) de ne plus acheter chez lui. Il a accepté de me livrer tôt le matin, même plus que mon quota habituel», affirme Nabil, propriétaire d'un restaurant situé Place du 1er Mai. De leur côté, les boulangers non-grévistes disent partager les mêmes revendications mais ne voient pas en quoi la grève fera avancer les choses. «Le prix de la baguette est resté inchangé depuis 1996 alors que les charges ne cessent d'augmenter. Il n'y a pas de logique à travailler à perte» argue un boulanger de Ruisseau qui souhaite garder l'anonymat. «L'Etat connaît le problème et j'espère qu'il le règlera au plus vite», a-t-il ajouté. Toujours selon lui, «pour que la baguette soit rentable, il faudrait que son prix soit au moins de 13 dinars». L'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) s'est opposée à ce débrayage, allant jusqu'à envoyer aux boulangers un contre-appel. «Cette grève a été initiée par des agitateurs qui voudraient politiser ce dossier. Nous œuvrons en étroite collaboration avec le ministère du Commerce afin de solutionner ce problème sans pénaliser le consommateur», a déclaré Bellal Djemaa, conseiller auprès du SG de l'Ugcaa. Ce dernier dénonce par ailleurs «la malhonnêteté» de certains artisans qui, selon lui «ne respectent pas le poids minimum de la baguette». En outre, il souhaiterait voir la Direction du contrôle des prix (DCP) intervenir plus souvent et sanctionner les boulangers contrevenants. Rappelons que le ministre du Commerce, M. Benbada, avait affirmé la semaine dernière «qu'un groupe neutre chapeauté par le comité interprofessionnel des céréales travaille sur cette question pour dégager et proposer ses conclusions concernant le prix de la baguette de pain». D'autres solutions sont à l'étude. Il s'agit de la mise en place d'avantages fiscaux spécifiques aux boulangers ou encore de la réduction du grammage légal de la baguette actuellement fixé à 250g. A. H.