La question palestinienne semble passer au second degré de l'intérêt médiatique, particulièrement depuis l'éclatement de la crise syrienne qui risque de dégénérer en conflit généralisé. Cependant, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, se caractérise depuis quelques temps par un activisme pressant au Proche-Orient. Lors de la clôture de la réunion du Forum économique mondial dans la ville jordanienne d'Al-Chounah, sur la mer Morte, il annonce un plan de 4 milliards de dollars pour, soit disant, relancer l'économie palestinienne. Une annonce qui laisse particulièrement sceptique tant la situation dans les territoires occupés est loin de constituer un terrain «normal» où les investissements pourraient apporter «un mieux vivre». Les Palestiniens, instruits par des expériences antérieures diverses, n'entendent nullement faire de concession politique en échange de facilités économiques. Après l'annonce du secrétaire d'Etat américain du plan de 4 milliards de dollars pour «relancer l'économie palestinienne» le doute est de mise. Ainsi la carotte financière est proposée pour pousser les Palestiniens à venir à la table des négociations sans parler notamment de «colonies» ni de «réfugiés». Ces deux points restent pourtant d'une importance capitale, non seulement dans le long combat des Palestiniens pour leur liberté, mais surtout deux clefs inévitables dans le «dialogue» avec le colonisateur. La direction palestinienne dira qu'elle n'offrira pas de concessions politiques en échange de facilités économiques, et n'acceptera pas que l'économie soit le premier et seul composant, mais souhaite un cadre politique qui garantisse la création d'un Etat palestinien sur les frontières de 67 avec Al-Qods-Est pour capitale, et l'application des droits des réfugiés et une référence pour une solution politique. La question économique est de fait devenue un élément de la «guerre» de positions qui se joue sur le plan diplomatique. L'argent, nerf de la guerre, laisse peu d'acteurs indifférents. Le président Mahmoud Abbas a appelé les investisseurs à venir en Palestine vantant à l'occasion plusieurs expériences réussies pour l'investissement dans de nombreux et divers domaines. Mais le plan initié par Washington, allié d'Israël, comporte certains éléments qui appellent à la méfiance. Le chef de la diplomatie américaine a souligné que l'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) chargé de concevoir ce plan n'est autre que Tony Blair. L'ancien Premier ministre britannique, connu comme étant un fervent partisan d'Israël, et qui n'a jamais osé émettre la moindre des critiques envers la politique d'apartheid de l'Etat hébreu, ne peut, par manque de crédibilité, faire consensus. Sans même attendre la réaction des Palestiniens, les services du Quartette annoncent déjà être «en train d'analyser le potentiel de plusieurs secteurs de l'économie palestinienne et d'identifier les mesures qui pourraient être prises pour stimuler la croissance». Appréhendant la réaction des Palestiniens, le Quartet précisera néanmoins que «ce plan complètera, soutiendra et se développera parallèlement à un processus politique et n'a pas pour but de le remplacer». Mais l'incrédulité est une «vertu» que les Palestiniens ont fini par intégrer, tant leur histoire est saturée de manipulations en tous genres, «œuvres» de capitales pour qui seul compte la sacro-sainte sécurité d'Israël. Ainsi donc l'arme économique est de nouveau arborée pour faire plier les Palestiniens, qui n'on plus rien à concéder, sur des points-principes. Pour l'heure les Palestiniens n'entendent pas faire de concessions gratuites. La direction palestinienne exige pour reprendre les négociations de paix, interrompues depuis presque trois ans, un gel total de la colonisation israélienne. Mais l'Etat hébreu, toujours engagé dans des constructions de colonies illégales, ne veut point entendre raison. Il est vrai que la «communauté internationale» ne fait rien pour presser Tel-Aviv à s'engager dans de véritables pourparlers de paix. Israël poursuit, dans l'impunité la plus totale, un blocus militaire sur la bande de Ghaza depuis 2007 aggravant ainsi la situation humanitaire de 1,6 million de Palestiniens. Fort d'un sentiment d'impunité, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se permet, de ce fait, de rejeter la revendication légitime des Palestiniens, disant vouloir des pourparlers sans «condition préalable». Les responsables israéliens veulent probablement négocier tout en colonisant. Une posture absolument insoutenable pour un peuple vivant sous le joug colonial voilà plus de soixante années. M. B.