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Pour l'Histoire : vie et mort d'Henri Maillot
La Rose et le Réséda
Publié dans La Tribune le 28 - 06 - 2013

Au moment où fleurissent un peu partout dans le midi de la France des stèles en mémoire des criminels de l'OAS, comme à Perpignan ou à Marignane, il est important de rappeler le rôle éminent de ces Algériens d'origine européenne qui se sont engagés dans le combat contre le colonialisme et pour l'indépendance de l'algérie, auprès de leurs frères Algériens, avec une bravoure et un courage qui forcent, encore aujourd'hui, l'admiration.
Il n'est besoin que de rappeler le coup de tonnerre provoqué, tant en France qu'en Algérie, le 4 avril 1956, par l'aspirant Maillot qui, ce jour-là, a rejoint la lutte armée du peuple algérien, avec un camion rempli d'armes et de munitions. Le geste héroïque de ce jeune aspirant a beaucoup pesé dans les consciences de ceux qui refusaient, de tout leur être, d'aller mener une guerre contre ceux qui défendaient les mêmes valeurs qu'ils partageaient.
A ce propos, il faut citer ici sa lettre transmise à la presse parisienne de l'époque, dont le contenu résume, en quelques lignes, la profondeur de l'engagement de ce militant de la cause algérienne. C'est sous la forme d'un document ronéotypé, portant en signature le nom de l'aspirant Henri Maillot, qu'il est parvenu aux rédactions des journaux parisiens. Ce document, dont l'écho retentit encore aujourd'hui par la clarté lumineuse de son engagement, déclare notamment :
«L'écrivain français Jules Roy, colonel d'aviation, écrivait, il y a quelques mois : ‘‘Si j'étais musulman, je serais du côté des fellagas.'' Je ne suis pas musulman, mais je suis algérien d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. Au moment où le peuple algérien s'est levé pour libérer son sol national du joug colonialiste, ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur. La presse colonialiste crie à la trahison, alors qu'elle publie et fait siens les appels séparatistes de Boyer-Bance. Elle criait aussi à la trahison lorsque sous Vichy, les officiers français passaient à la résistance, tandis qu'elle servait Hitler et le fascisme.
En vérité, les traitres à la France ce sont ceux qui, pour servir leurs intérêts égoïstes, dénaturent aux yeux des Algériens le vrai visage de la France et de son peuple, aux traditions généreuses, révolutionnaires et anticolonialistes. De plus, tous les hommes de progrès de France et du monde reconnaissent la légitimité et la justesse de nos revendications nationales.
Le peuple algérien longtemps bafoué, humilié, a pris résolument sa place dans le grand mouvement historique de libération des peuples coloniaux qui embrase l'Afrique et l'Asie. Sa victoire est certaine. Et il ne s'agit pas, comme voudraient le faire croire les gros possédants de ce pays, d'un combat racial mais d'une lutte d'opprimés sans distinction d'origine contre leurs oppresseurs et leurs valets, sans distinction de race.
Il ne s'agit pas d'un mouvement dirigé contre la France et les Français ni contre les travailleurs d'origine européenne ou israélite. Ceux-ci ont leur place dans ce pays. Nous ne les confondons pas avec les oppresseurs de notre peuple.
En accomplissant mon geste, en livrant aux combattants Algériens des armes dont ils ont besoin pour le combat libérateur, des armes qui serviront exclusivement contre les forces militaires et policières et les collaborateurs, j'ai conscience d'avoir servi les intérêts de mon pays et de mon peuple, y compris ceux des travailleurs européens momentanément trompés...» Qui se souvient encore de l'importance de cette déclaration prémonitoire, dont l'exemple laissé par Henri Maillot, nous éclaire encore aujourd'hui ?
Avec son frère d'armes, Maurice Laban, le Biskri, brave entre les braves, qui parlait l'arabe comme une mosquée, leur épopée fut brève mais belle, comme au temps des cerises. Ils ont choisi de mourir comme leurs aînés de la Commune de Paris sous les balles des
Versaillais, pour défendre leur idéal de justice et de liberté, parce qu'ils pensaient qu'il ne pouvait en être autrement.
Leur épopée se termine au matin du 5 juin 1956 dans la région d'Orléansville, près de Lamartine au djebel Derraga. Plusieurs versions existent concernant la mort d'Henri Maillot, mais l'une des plus plausibles et qui s'inscrit bien dans les mœurs de l'époque nous est fournie par l'hebdomadaire France Observateur qui, dans son édition du 14 juin 1956, sous le titre «La mort de l'aspirant Maillot», publie une nouvelle version des faits.
«Un correspondant européen nous a fait parvenir le récit de la mort de l'aspirant Maillot. Connaissant les sources de ce correspondant, nous avons décidé de publier, à titre d'information, un texte dont l'authenticité ne saurait être contestée. Maillot n'a pas été tué au combat comme on l'a dit. Il a été pris vivant (et absolument indemne) avec deux musulmans des Beni-Rached et l'instituteur Maurice Laban. Tous les détails qui ont été donnés par la presse sur la première phase de l'opération sont vrais (arrestation d'un ravitailleur avec sa mule volée au douar des Beni-Rached ; action du caïd des Beni-Boudouane ; participation de nombreux musulmans aux opérations). Au moment de la capture, on ignorait de qui il s'agissait et on a continué de l'ignorer jusqu'après le massacre ; bien mieux : on n'était pas sûr qu'il s'agissait d'un Européen, car la couleur rousse de ses cheveux et de ses sourcils (décolorés) prêtait à confusion. Il a été arrêté par des soldats du 504° BT, mais les gendarmes mobiles d'Orléansville l'ont «vite pris en main». Coups de pied dans les côtes, coups de poing dans la figure, etc.
La séance a duré une demi-heure selon les uns, presque deux heures selon les autres. Il était torse nu, un genou à terre, les mâchoires serrées et il refusait de parler.
Au bout d'un certain temps, un adjudant ou un lieutenant de gendarmerie lui a dit : «Lève-toi, tu peux filer». Il s'est relevé lentement, en sachant ce qui l'attendait et s'est mis à s'en aller à reculons, suivi à quelques pas par deux hommes armés de mitraillettes. Il a fait une dizaine de mètres et a crié d'une voix forte : «Vive le Parti communiste algérien». Une rafale lui a scié les jambes ; il s'est écroulé
en criant.
Les trois autres, Laban en particulier, ont été exécutés de la même façon. On a réuni ensuite gendarmes et soldats pour leur dire de se taire : «Oubliez ce que vous avez vu. Ces hommes ont été tués au combat.» Ce qui est important, c'est que l'on ait ignoré l'identité de Maillot au moment où on le frappait et où on l'a tué. Identifié, l'aspirant Maillot aurait été probablement fusillé.
Ces exécutions sommaires n'en sont pas moins révélatrices du climat de l'actuelle pacification. Tout est dit sur l'ignominie de cette époque et sur ces évènements que le gouvernement d'alors se refusait à nommer par leur nom. Quelques colons fanatiques de Lamartine ont refusé que les deux résistants et leurs trois frères de combat musulmans soient inhumés dans le cimetière de Lamartine. Ils ont été enterrés à la va-vite sous de petits tertres de terre à l'extérieur du cimetière.
Tandis qu'en 1963 les restes d'Henri Maillot ont été officiellement transférés à Alger pour y être inhumés au cimetière d'El Alia, ceux de Maurice Laban et de ses autres camarades le seront, bien des années après, au carré des martyrs du cimetière de Lamartine, désormais appelé El Karimia.
Dans ses dernières volontés, le Dr. Pierre Chaulet, chrétien progressiste, a demandé à être inhumé récemment aux côtés de son camarade de lutte pour l'Algérie indépendante, Henri Maillot, ce qui a été fait.
Ainsi, se trouvent réunis sur la terre algérienne, dans leur sommeil éternel, comme dans l'ode à la résistance d'Aragon, la Rose et le Réséda, «celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas». Il est important de raconter ici ce qu'on fait ces Hommes afin que cela ne
meurt ou ne s'efface de la mémoire avec le temps. Ils sont immortels !
R. F.
* Journaliste français et secrétaire général du comité du groupe Socpresse


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