«Oui, j'étais déçu de ne pas avoir eu suffisamment de temps de jeu, mais je ne me suis pas accroché avec le coach.» Après un long silence, le jeune talentueux milieu de terrain des Verts, Djamel Abdoun, a choisi Le Buteur pour se confier et mettre les choses à plat, notamment après tout ce qu'a été dit et écrit sur la prétendue altercation qu'il aurait eue avec le sélectionneur national, Rabah Saâdane, en Afrique du Sud. Pour la première fois depuis le retour de la sélection du pays de Nelson Mandela, le sociétaire du FC Nantes décide de revenir sur le parcours de l'EN durant le Mondial et des raisons qui ont fait que la sélection n'a pas pu passer ce fatidique premier tour. Le joueur a tenu à préciser aussi qu'il n'avait pas de problème avec Saâdane et assure qu'il sera toujours disponible à répondre à l'appel de la sélection. Pour finir, Abdoun affirme que, jusqu'à l'heure actuelle, il est toujours Canari, mais ne ferme pas la porte quant à un possible départ, si on lui propose un challenge intéressant. Depuis peu, vous êtes papa d'un petit garçon prénommé Jouhayni. A cette occasion, on vous présente nos félicitations… Je vous remercie, c'est gentil de votre part. Je suis à présent papa et je savoure ces instants de bonheur en compagnie de ma famille. El Hamdoullah. Après votre retour d'Afrique du Sud, vous êtes resté longtemps injoignable et loin des médias. Peut-on en connaître la raison ? A vrai dire, et après deux mois de préparation et de compétition, j'ai voulu m'éclipser un peu et prendre un peu de recul. Je profitais de mes quelques jours de vacances en toute tranquillité. J'avais envie d'oublier un tant soit peu le monde du football durant ma période de repos et me consacrer à ma petite famille. On va revenir en arrière si vous le voulez bien et parler un peu du parcours de l'EN durant ce Mondial. Comment évaluez-vous les performances de l'équipe durant cette compétition ? Je trouve qu'on a fait de bons matches dans l'ensemble. Il nous manquait juste cette qualification au second tour pour couronner le tout. On a été solides et aucunement ridicules. On n'a pas réussi à passer, c'est un regret pour tout le monde, principalement pour nous, les joueurs. On avait à cœur de réaliser l'exploit et procurer du bonheur ainsi à nos fans, mais malheureusement, ça n'a pas pu se faire. C'est ça la loi du football. Est-ce qu'on peut dire que le fait que l'équipe n'a pas pu franchir ce premier tour équivaut à un échec dans ce tournoi ? On aurait pu passer, mais c'est comme ça. On n'y peut rien. Cela dit, on ne peut pas dire que c'est un échec pour nous du moment qu'il y a des choses positives qu'on peut relever de notre participation à ce Mondial. On dispose d'une équipe jeune et je reste persuadé que cette aventure sud-africaine va nous servir pour l'avenir. Comment expliquez-vous le problème de l'inefficacité de la ligne offensive qui ne fait que perdurer ? Ecoutez, le problème ne concerne pas uniquement les attaquants. On est tous responsables de ce manque de réalisme qui touche l'équipe. Rafik (NDLR : Saïfi), Djebbour ou bien Ghezzal, n'ont tout simplement pas eu suffisamment de ballons devant, ni même d'actions franches. On ne peut dans ce cas pas trop les blâmer. Ce n'est pas un problème d'attaque, c'est tout un ensemble. Peut-on dire alors que le système tactique mis en place durant ce Mondial n'a pas trop joué en faveurs des attaquants ? Il y a un entraîneur en place, qui sait ce qu'il fait. C'est à lui que revient le dernier mot et on doit, nous les joueurs, respecter ses choix. On doit appliquer ce qu'il nous demande de faire, sans trop rouspéter. Vous concernant, vous n'avez pas bénéficié de beaucoup de temps de jeu au Mondial. Peut-on dire que vous êtes sorti de cette compétition frustré ? Tout joueur qui joue la Coupe du monde aimerait jouer plus, c'est évident. Maintenant, ça reste un choix de l'entraîneur, que je me dois de respecter. S'il ne m'a pas trop fait jouer, c'est que le coach a ses raisons, voilà tout. J'essaye de ne pas trop me prendre la tête, je n'ai que 24 ans et je sais que j'ai de l'avenir en sélection nationale. J'espère en tout cas être un des cadres de l'équipe dans le futur. Avez-vous parlé avec Saâdane pour avoir des explications ? Non, je n'ai pas parlé avec lui. Je suis jeune et je suis là pour apprendre, pas pour poser des problèmes. C'est clair que j'étais un peu déçu de ne pas avoir eu suffisamment de temps de jeu durant ce Mondial, du moment que je suis un compétiteur et que j'ai toujours envie de jouer, mais bon, ça reste une bonne expérience pour moi. J'espère que j'aurai la chance de jouer d'autres Coupe du monde à l'avenir. Les Algériens estiment que Abdoun est mal exploité par le sélectionneur et trouvent anormal le fait que vous ne jouiez pas trop. Certains parlent même de hogra. Vous dites quoi ? Non, je ne dois pas penser ainsi. Je me dis que le collectif prime avant tout. En tout cas, moi, je suis quelqu'un de bosseur et toujours sérieux en ce qui concerne le travail. Ne vous inquiétez pas, la chance tournera bientôt, et quand j'aurai ma chance, je la saisirai et je ne quitterai plus l'équipe. Certains ne se sont pas empêchés pourtant d'affirmer qu'il y a bien eu lieu une altercation entre vous et le coach Saâdane en Afrique du Sud. On a même dit, que ce dernier songe à ne plus vous rappeler en sélection. Qu'en est-il au juste de tout cela ? Je tiens à dire qu'il n'y a rien eu entre moi et Saâdane. Je ne lui ai pas du tout manqué de respect. Maintenant, je ne sais pas, posez-lui la question. Et si le coach décide de ne pas vous appeler pour le prochain stage, comment prendriez-vous la chose ? Ecoutez, et comme je viens à l'instant de vous le dire, je n'ai eu aucun problème particulier avec le coach. Cependant, s'il décide de ne pas me convoquer pour le prochain stage, j'accepterai sa décision. En tout cas, moi je reste toujours à la disposition de mon pays et je répondrai toujours présent quand on me fera appel, ça c'est clair. Comment définissez-vous votre relation avec Saâdane ? Moi, je m'entends bien avec lui, il n'y a pas de problème. Après, comme je l'ai dit, c'est lui le décideur et c'est à lui aussi que reviennent les décisions. Je suis en sélection pour défendre les couleurs de mon pays et être à l'écoute du coach, tout simplement. Permettez-moi de préciser une chose cependant. Oui, Allez-y… J'ai pu lire après notre retour d'Afrique du Sud que j'aurais dit que je ne voulais plus revenir en sélection et que je ne répondrais plus favorablement aux convocations de l'EN. Eh bien que les gens sachent que c'est totalement faux et rien de tout cela n'est vrai. Comment voyez-vous l'avenir de la sélection après ce Mondial ? Il ne faut surtout pas s'endormir. On doit continuer à bosser et à préparer le plus sérieusement possible nos prochaines échéances. Les éliminatoires pour la CAN 2012 débuteront dans pas très longtemps et, de ce fait, on doit rester concentrés. On est dans un groupe pas du tout facile, donc la vigilance doit être de mise. On se dirige vers le maintien de Saâdane à la tête de la sélection pour les deux prochaines années. Vous en pensez quoi ? Il connaît bien le groupe et ça fait longtemps qu'il est là, donc je pense que c'est une bonne chose pour la sélection. De toute manière, si le président de la Fédération a reconduit le coach, c'est qu'il a ses raisons et jugeant qu'il est préférable que Saâdane poursuive sa mission à la tête de l'équipe. On reproche à Saâdane d'avoir perdu la maîtrise du groupe lors du séjour en Afrique du Sud. Est-ce vrai ? C'est faux. On s'entraînait le plus normalement du monde, et il y avait au contraire une excellente ambiance au sein du groupe. On n'a pas marqué de buts, c'est tout. Si on l'avait fait, on se serait qualifiés et il n'y aurait pas eu toutes ces polémiques. Parlons à présent de votre avenir. On croit savoir que vous comptez reprendre le chemin de l'entraînement avec le FC Nantes le 19 juillet c'est ça ? Oui, tout à fait. Peut-on comprendre par là que vous allez continuer l'aventure cette saison avec Nantes ? Pour l'instant, je suis à Nantes. Je suis toujours lié par un contrat avec ce club jusqu'en juin 2012. Maintenant, à moins de recevoir une offre concrète d'ici à la fin du mercato d'un club ambitieux, peut-être dans ce cas les choses changeront. Récemment, l'entraîneur du FC Nantes, Baptiste Gentili, a déclaré que vous désiriez partir… Attendez. J'ai dit juste que si j'avais une proposition dans les jours qui viennent et une proposition qui me plaise et qui plaise aussi aux dirigeants de Nantes, là, oui, je peux envisager un départ. Cela dit, je tiens à dire que si je devais quitter Nantes, c'est certainement pour jouer dans un club ambitieux de palier supérieur. On a cru comprendre que le club d'Auxerre et celui du nouveau promu en L1, Arles-Avignon, seraient intéressés par votre profil et songeraient à vous recruter. Vous confirmez ? Je ne confirme pas pour le moment. Ce que je peux vous dire, c'est que j'ai plusieurs contacts à l'heure actuelle, mais rien de concret. Djamel, on vous remercie de nous avoir accordé cet entretien… Merci à vous et bon courage.
