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Litiges joueurs-clubs : Nos clubs, ces mauvais payeurs !­­
Publié dans Le Buteur le 23 - 03 - 2012

Boutadjine : «Le plus grave, c'est qu'il y a des joueurs même pas assurés»
Kerbadj : «La DNCG sera la solution»
«Ce sont des hors-la-loi qui agissent en toute impunité». C'est avec des termes aussi durs que virulents que qualifie notre interlocuteur ses ex-dirigeants qui refusent de le payer et qui font la sourde oreille à toutes ses requêtes. Aujourd'hui à la retraite, cet ex-international, qui tient, pour le moment, à garder l'anonymat, vit dans la précarité, mais sa dignité l'empêche de tendre la main ou d'aller frapper aux portes. «Je ne veux pas que vous citiez mon nom, car j'ai encore un espoir de pouvoir toucher mon argent. Les gens croient qu'on roule sur l'or, alors que parfois, croyez-moi, je ne trouve pas de quoi subvenir aux besoins de base de mes rejetons. J'ai des contrats en bonne et due forme, je suis allé voir toutes les institutions, j'ai tout fait, en vain. Je ne quémande pas, je ne demande que mon dû, ce qui me revient de droit, mais j'ai l'impression qu'on vit dans une jungle où les plus forts marchent sur les plus faibles sans qu'aucune loi ne puisse les rappeler à l'ordre», nous confie-t-il, en nous promettant de dénoncer, le moment venu, les pratiques mafieuses de certains dirigeants de clubs. Plusieurs joueurs se retrouvent aujourd'hui dans la même situation, certains ont raccroché les crampons dans l'anonymat, d'autres sont toujours en activité, ne sachant plus à quel saint se vouer face à des dirigeants pour le moins irresponsables.
Près de 30 clubs en cessation de paiement
En se constituant en SSPA, les clubs savaient pertinemment qu'ils devaient dès lors s'autogérer financièrement, avec toutes les exigences du monde du professionnalisme. Personne ne les y a obligés, ils avaient le choix de rester amateurs ou de s'y engager en répondant aux critères exigés. 32 clubs s'y sont pourtant engagés, sans qu'ils aient mesuré au préalable les conséquences de leur démarche, pensant sans doute, les connaissant, qu'il y avait là encore à boire et à manger. Moins de deux ans plus tard, le constat est catastrophique. Endettés jusqu'au coup, ces clubs, qu'on appelle professionnels, n'arrivent même pas à assurer le minimum, un salaire à leurs employés, en continuant à sucer l'argent du contribuable. Hormis un ou deux clubs, l'USMA et à un degré moindre la JSK, ils sont tous en cessation paiement.
Les droits TV, l'autre esquive des dirigeants
Dans une tentative de les mettre devant leurs responsabilités, la Ligue de football professionnel (LFP) avait décidé d'interdire à tous les clubs qui sont en litiges financiers avec leurs joueurs, de recruter. Tous les clubs figurant sur le listing de la CRL et du TAS devaient se tenir à l'écart du mercato hivernal. La LFP avait même cité sur son site officiel les noms des clubs concernés par cette mesure, entre autres le MCA, l'ASK, le CSC, le MCO, le CAB, le MSPB, le MOB, l'OM, le RCK et le MOC, mais force est de constater que la majorité des clubs en question ont finalement été autorisés à recruter. Rusés comme ils sont, «les mauvais payeurs» ont trouvé la parade pour esquiver cette décision. Se désister de leurs droits TV. Une solution que la LFP a acceptée. Seulement, il faut savoir que les droits TV, qui s'élèvent à environs un milliard de centimes, ne permettront jamais aux clubs, du moins à bon nombre d'entre eux, d'apurer leurs dettes. Il y a des cas où des chèques de deux joueurs seulement d'un même club suffisent pour épuiser cette somme. La LFP le sait, mais laisse faire et ferme les yeux.
La DNCG, le gendarme des clubs
Devant une telle situation, et face à une forme d'indifférence de la Ligue, de la FAF et de la tutelle, une structure vient de voir le jour et pourrait changer les choses dès la prochaine saison. Il s'agit de la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) que préside Mohamed Mecherara, l'ancien président de l'ex-Ligue nationale de football. La DNCG veillera, avant chaque début de saison, à ce que tous les clubs présentent leurs budgets prévisionnels détaillés accompagnés de tous les documents justifiant qu'ils disposent des moyens qui leur permettront de s'engager dans une compétition professionnelle, et des engagements des différentes parties qui doivent financer les budgets présentés à la DNCG. Aucun club ne se verra octroyer la licence pro, celle qui lui donne droit de prendre part au championnat professionnel, s'il ne présente pas tous les documents nécessaires qu'exigera la DNCG.
«Un club qui n'a pas les moyens de garantir son engagement jusqu'au bout d'une compétition en sera exclu, avant qu'il ne prenne le départ de la course. On a vu, au cours de ces deux années de professionnalisme, des clubs prendre des engagements financiers avec les joueurs, entraîneurs et différents staffs et ensuite se retrouver dans l'impossibilité de les honorer», a affirmé récemment Mohamed Mecherara sur les colonnes d'El Watan. Voilà qui est dit, en attendant que cela se traduise sur le terrain d'une manière intransigeante, comme il le souligne.
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Me Aït Benbelkacem (pdt du TAS) : «Pour gagner du temps, des clubs vont
jusqu'à refuser de récupérer les lettres du TAS»
Le président du Tribunal algérien des sports (TAS), Maître Farid Aït Benbelkacem, explique ici le rôle de l'institution qu'il préside, tout en indiquant que le tribunal se déclare incompétent dans le volet exécution concernant les décisions rendues par le TAS.
Maître Benbelkacem, quel est exactement le rôle du Tribunal algérien des sports, et comment opère-t-il ?
Le TAS est une juridiction arbitrale exclusive en matière des règlements des litiges sportifs. Il a pour mission d'assurer le règlement des litiges intervenant dans le domaine du sport par la voie de la conciliation, de la médiation et de l'arbitrage.
Combien d'affaires avez-vous eu à traiter en football ?
Une centaine environ, toutes émanent de la FAF et concernent donc des litiges entre joueurs et clubs. Il faut savoir que le TAS n'intervient que lorsqu'il y a appel d'une des deux parties à la suite de la décision de la Commission des litiges. Et ce sont souvent les clubs qui font appel après les décisions prises par la CRL en faveur des joueurs.
Et le rôle du TAS, c'est de trancher les litiges, c'est cela ?
Exact, conformément au règlement d'arbitrage.
Quand vous rendez une décision, quelle est la procédure à suivre par la suite ?
Il faut savoir d'abord que les sentences arbitrales sont confidentielles, elles ne peuvent être rendues publiques qu'avec l'accord des parties. Généralement, on rend des décisions en faveur des joueurs. Dans ce cas, le club est saisi dans un délai de 21 jours par courrier et on envoie en même temps un listing à la FAF et à la LFP.
Qui veille à l'application des décisions ?
La phase d'exécution n'est pas de notre ressort. Notre tâche s'arrête lorsqu'on tranche le litige en rendant une décision finale. Dans le bas du verdict, il est mentionné : la présente décision est rendue en premier et dernier ressort, elle est applicable dès sa notification aux parties. A défaut d'exécution, il sera fait application dans ce cas des dispositions de l'article 1035 du code de procédure civile et administrative en vigueur, nonobstant les sanctions de la Fédération algérienne de football.
A votre avis, les décisions que vous avez rendues ont-elles été appliquées ?
A mon avis, oui. En tout cas, personne n'est venu nous voir pour se plaindre.
Eh bien, d'après notre enquête et les témoignages des joueurs, presque aucune décision n'a été exécutée…
Vous me surprenez un peu, même si je sais qu'il y a beaucoup de clubs qui utilisent différents moyens pour gagner du temps. Par exemple, ils ne vont pas retirer la lettre que nous leur envoyons. Celle-ci nous sera renvoyée automatiquement, et le temps de la renvoyer une nouvelle fois, les clubs auraient gagné beaucoup de temps. Dès qu'ils savent que c'est une lettre du TAS, ils ne vont pas la retirer, ils sont malins. Je ne comprends pas comment fonctionnent ces clubs. Un bon nombre d'entre eux n'ont même pas de fax. Ils font venir des joueurs qu'ils payent à coup de milliards, mais ils ne payent pas leurs dettes. Je serai bien intéressé de savoir pourquoi les décisions n'ont pas été appliquées.
Beaucoup de joueurs nous ont affirmé, en effet, qu'ils n'ont touché aucun sou, bien que le TAS ait tranché en leur faveur. Trouvez-vous cela normal ?
Pourtant, la FAF m'avait affirmé qu'elle veillera à l'application des décisions et des sanctions. Que les joueurs qui n'ont pas été régularisés après notre décision nous saisissent ! Il faut savoir, toutefois, que certains joueurs sont quelque part un peu responsables. Certains n'ont pas d'adresse fixe, nous n'avons pas où les contacter, d'autres ne signent pas leur requête, ils ignorent les lois, et dans ces cas, nous sommes souvent obligés de surseoir l'affaire. Je signale aussi que le TAS n'est pas compétent pour des affaires qui relèvent du pénal, comme les chèques impayés ou les falsifications de documents.
Si les décisions du TAS ne sont pas exécutées, l'on se demande à quoi servirait-il, non ?
Je pense qu'il faut revoir le volet exécution, entre autres la loi 04. C'est à ce niveau qu'il faut revoir certaines choses, mais j'attends de voir le résultat de votre enquête.
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Il est en charge d'une soixantaine de dossiers
Boutadjine «Le plus grave, c'est qu'il y a des joueurs même pas assurés»
Avocat de formation, Mourad Boutadjine, l'ancien journaliste et commentateur de la Télévision algérienne, se bat aujourd'hui du côté des joueurs lésés par leurs clubs et les accompagne dans les différentes démarches à suivre pour que justice leur soit rendue. Entretien.
De part votre métier d'avocat et de votre vécu sportif, vous seriez en charge de pas mal de dossiers concernant des litiges financiers joueurs-clubs, non ?
Exact, un bon nombre de joueurs ont eu recours à mes services pour que je puisse porter leur cause, auprès des instances concernées et afin qu'ils puissent obtenir gain de cause, après avoir vainement tout tenté. Et je peux vous dire qu'ils sont nombreux.
Combien de dossiers avez-vous à votre niveau ?
Une soixantaine environ, dont trois dossiers qui concernent des entraîneurs. Je vous parle là des dossiers qui sont à mon niveau. D'autres joueurs auraient certainement eu recours à la même procédure en saisissant d'autres avocats, alors que d'autres se seraient débrouillés tous seuls. Tout cela pour vous dire qu'ils sont nombreux à avoir eu le même problème avec leurs clubs, celui du non paiement de leurs émoluments, en dépit de contrats en bonne et due forme.
Parmi les soixante dossiers qu'on vous a confiés, combien ont été traités ?
Tous. Je vais vous expliquer d'abord comment on procède dès qu'on est saisi par un joueur.
Allez-y…
Quand un joueur vient me voir, je lui demande d'abord de ramener son contrat. Quand je vois que tout est en règle, je commence alors toujours par tenter de régler le problème à l'amiable entre lui et son club. C'est toujours la première étape par laquelle je passe, afin d'éviter le long chemin des autres procédures. J'ai été longtemps dans le milieu du football, je connais les gens, et de ce fait, j'essaie d'abord de trouver une solution à l'amiable. Parfois ça marche, des fois non. Des clubs se montrent parfois disposés à négocier et on finit, après des concessions faites de part et d'autres, par trouver une solution qui arrange tout le monde. Mais souvent les clubs se disent dans l'impossibilité de payer, et à partir de là, on passe à une autre étape.
Laquelle ?
On saisit la CRL (Commission des résolutions des litiges) où on intente une action comme au tribunal. On fait une requête accompagnée du dossier du joueur et de toutes les pièces justificatives de sa plainte. La majorité des dossiers sont traités à ce niveau et n'iront pas plus loin. Et là, je tiens à souligner le travail remarquable que fait la CRL qui a réglé pas mal de problèmes, notamment celui de la libération des joueurs durant la dernière intersaison.
Vous dites que la majorité des dossiers n'iront pas plus loin, c'est-à-dire ?
La plupart des litiges sont réglés à ce niveau. Tous les joueurs ou entraîneurs qui sont dans leur droit obtiennent généralement gain de cause au niveau de la CRL.
Pourtant, à notre connaissance, la majorité des joueurs qui ont obtenu gain de cause au niveau de la CRL n'ont pas été régularisés, et il y a des cas qui datent même de plusieurs années…
Ça c'est vrai, et je vais vous expliquer pourquoi. Quand elle traite le dossier, la CRL informe le club concerné de sa décision dans les deux semaines qui suivent en même temps que la LFP. Les clubs prennent donc connaissance de la décision, mais font comme si de rien n'était. Le problème, c'est dans l'application des décisions. Personnellement, tous les dossiers que j'ai déposés à la CRL ont été recevables dans le fond et dans la forme, nous avons obtenu gain de cause, mais aucune décision n'a été appliquée jusqu'à ce jour, sauf pour les cas de libération que nous avons traités à l'intersaison.
Et quelle est l'autre étape après celle de la CRL ?
C'est le TAS (Tribunal algérien des sports). Après que la décision de la CRL soit rendue, il y a des clubs qui font recours, et là, le dossier atterrit automatiquement au TAS. Les clubs savent qu'ils ne gagneront pas au TAS, mais ils font ce recours juste pour gagner du temps. Ils vont gagner 4 ou 5 mois de plus, et l'affaire va traîner encore, et pendant ce temps-là, ils ont la paix, le temps de trouver une autre astuce pour gagner encore du temps.
Est-ce qu'il y a des décisions qui ont été appliquées ?
Je ne peux pas vous le dire, mais à mon niveau, parmi tous les dossiers qui ont obtenu gain de cause, 99% des décisions n'ont pas été appliquées.
Ils servent à quoi alors la CRL et le TAS ?
Malheureusement, ils n'ont aucun pouvoir pour appliquer les décisions. Normalement, après qu'ils aient rendu leur verdict, ce sont la LFP et la FAF qui doivent veiller à l'application des décisions, mais comme vous pouvez le constater, ça traîne et on ne sait pas vraiment pourquoi.
Est-ce qu'il y a des joueurs qui ont saisi la justice ?
Je pense qu'il y a un certain nombre de joueurs qui ont dû avoir recours à la justice. On va au pénal surtout quand il s'agit de falsification, de chèques sans provision et tout ce qui s'en suit. Mais la majorité des joueurs n'y vont pas, parce que ça prend beaucoup de temps, en plus, cela arrange les clubs, ou plutôt les présidents de club.
Quels sont les cas les plus graves ?
Ils sont nombreux, je ne peux pas tous les citer. Quand un employeur ne paie pas ses employés, c'est déjà grave. C'est interdit par la loi. Mais je vais vous dire ce que j'ai découvert de plus grave encore. Il y a des joueurs qui ne sont même pas assurés. Ils jouent avec leurs clubs sans assurances, mais les pauvres, ils ne le savent pas, bien sûr.
Pouvez-vous nous citer des cas ?
Il y en a deux dans deux clubs de L1. On allait régler ces deux cas à l'amiable, mais leurs clubs ont tenté de les flouer en calculant le pourcentage de l'IRG. Les deux joueurs sont allés alors vérifier cela avec leurs compagnies d'assurances, et là, ils ont été surpris d'apprendre qu'ils n'y sont même pas affiliés. Plus tard, j'ai pu m'apercevoir de l'ampleur de ce phénomène. A l'exception de trois ou quatre clubs qui sont réglos, tous les autres ne déclarent pas leurs joueurs. Il est urgent de mettre fin à cette dérive.
Que risquent les dirigeants de club dans pareilles situations ?
Tout simplement la prison. C'est comme si vous rouliez en voiture sans assurance. Vous risquez la prison, non ? Eh bien, c'est la même chose, sauf que là, c'est encore plus grave puisqu'il s'agit de vies humaines. Je dois dire toutefois qu'avec l'avènement du professionnalisme, beaucoup de clubs ont pris conscience de la gravité des choses et on commence à faire plus attention.
Quelle serait la solution, selon vous ?
Les instances qui gèrent notre football doivent agir avec fermeté. Il faut séparer la politique du football. Si un club doit rétrograder parce qu'il n'a pas honoré ses engagements, qu'il rétrograde pour qu'il serve d'exemple à tous les autres. Malheureusement, pour d'autres considérations, on ferme les yeux et on laisse la porte ouverte à toutes les dérives.
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Kerbadj : «La DNCG sera la solution»
Sollicité par nos soins afin de connaître la position de la Ligue de football professionnel par rapport aux litiges joueurs-clubs, le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, estime que le problème est complexe et que la Ligue fait tout pour obliger les clubs à payer leurs joueurs, «nous n'avons pas beaucoup de solutions entre nos mains, mais nous avons fait ce qu'il fallait faire à notre niveau, à savoir interdire aux clubs de recruter tant qu'ils ne se sont pas acquittés de leurs dettes». Comment explique-t-il alors le fait que les clubs aient été autorisés par la suite à recruter ? «Ils se sont désistés de leurs droits TV», répond-il, sans préciser quand cet argent rentrera dans les caisses de la Ligue, tout en indiquant que les droits TV vont suffire pour payer le dû des joueurs,
«cet argent va rentrer incessamment et il n'y a pas de raison pour que cela ne soit pas le cas. Je pense que les droits TV vont suffire pour payer les joueurs. Bien entendu, on ne payera que les joueurs qui sont sur la liste établie par la Commission des litiges.»
«Quand on fait du 38, on ne met pas du 44»
Par ailleurs, le président de la Ligue nous a fait savoir que cette solution ne va pas arranger les choses et que la situation va empirer davantage la saison prochaine. «On va se retrouver à la prochaine intersaison dans une situation pire que celle-là. Les clubs sont incapables de s'autogérer financièrement, on va droit vers une crise sans précédent. Les dirigeants sont incapables de gérer leur club, mais ils s'accrochent à leur poste. Quand on fait du 38, on ne met pas du 44 et quand on est impuissant face une situation, on doit rendre les clés, tout simplement», fait-il savoir. Et la solution selon Mahfoud Kerbadj serait la DNCG, «cette direction sera installée incessamment. Elle pourrait être la solution à ce problème.»
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A quand une association des joueurs professionnels ?
Il faut le dire néanmoins, ce phénomène n'est pas propre à nos clubs. Aujourd'hui, la crise a touché les championnats les plus huppés d'Europe, et le sport en général. L'on se rappelle qu'en début de saison, la première journée du championnat espagnol avait été reportée en raison de la grève déclenchée par l'Association des footballeurs espagnols (AFE) à cause de salaires non versés. Les joueurs de la Liga ont ainsi obligé les responsables du football espagnol à réfléchir à la question. En Colombie, le gouvernement a dû lancer une procédure administrative contre 18 clubs qui composent la Ligue professionnelle colombienne pour identifier ceux qui ne paient pas les salaires et éventuellement les punir, «si un club n'a pas d'argent pour payer les salaires de ses joueurs, il n'a vraiment aucune raison d'être», avait déclaré le vice-président colombien. Les exemples ne manquent pas, le football n'est pas épargné aujourd'hui par la crise économique. Sauf que partout dans le monde, on réfléchit à la question, on prend des décisions, mais surtout, on sévit. Chez nous, des clubs sont en situation de dépôt de bilan et de cessation de paiement, et ce, en toute impunité. Le plus grave, c'est que des dirigeants, incapables de trouver des solutions, s'accrochent à leur poste. Devant la flexibilité de la LFP, de la FAF et de la tutelle, il est temps peut-être pour les joueurs de se prendre en charge en s'organisant en association pour défendre leurs intérêts et obliger les clubs à assumer leurs responsabilités. Les grèves déclenchées par les joueurs du CRB il y a quelques semaines, puis récemment par ceux de l'USMH, en sont des exemples, mais il faut que cela soit fait dans un cadre plus généralisé et mieux organisé. L'on nous fait savoir qu'on y réfléchit déjà. Nous avons voulu recueillir les témoignages des joueurs victimes de l'amateurisme et de l'irresponsabilité de leurs dirigeants, mais ils sont tellement nombreux qu'il faut toute une édition pour pouvoir tous les publier. Le MCA, le CSC, le CAB, le CABBA, l'ASK, le MOB et le MCO détiennent de tristes records. De Hosni, Hamadou, Zemammouche, Benhamou, Zekri, Michel, Bracci (MCA), en passant par B. Daoud, Kechamli, Ghoul, Benatia, Mezaïr (MCO), ou Soualh, Ouecham, Rasmal, Boufenara (CAB), sans oublier les Mounir Dob, Aouameur, Benkedjane, Chakir (CSC). La liste est encore longue et l'espace ne nous permet pas de tous les énumérer, mais une chose est sûre, au cours de notre investigation, nous nous sommes rendus compte à quel point le professionnalisme est un vain mot en Algérie, et jusqu'où nos dirigeants peuvent aller, en osant mettre en péril la vie de leurs joueurs, en ne les déclarant pas à la CNAS pour s'accrocher à leur poste. Hallucinant !


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