Du mouton soudanais, des poulets locaux congelés et le plus saugrenu de l'histoire des vaches indiennes importées, pour satisfaire la demande en viande pendant le ramadhan. Le consommateur algérien a, d'ores et déjà, affiché son aversion pour ces viandes qui restent loin des mœurs alimentaires algériennes pendant le mois sacré du Ramadhan. Alors que le consommateur algérien affiche son aversion pour le poulet congelé, l'Office national d'aliment de bétail (ONAB) a commencé à passer des partenariats avec les volaillers et bouchers du territoire national pour distribuer les 4.200 tonnes de poulet congelé. Jusqu'à hier, l'ONAB a affirmé que plus de 200 volaillers et bouchers ont répondu à l'appel de partenariat lancé récemment par pour la distribution de poulets congelés durant le mois de Ramadhan. De son côté, le Président du Directoire, Bouzid Boukersi, a en effet, confirmé que l'ONAB a eu «201 offres de franchise et signé 140 contrats jusqu'à présent. Nous voulons peser sur le marché en s'impliquant dans la grande distribution». Et d'ajouter : «c'est une nouvelle orientation vers l'aval, une stratégie à long terme et non pas une opération limitée au Ramadhan». Quelques 4.200 tonnes de poulet congelé local sont stockées au niveau de l'ONAB en attendant leur distribution. Quant au prix éventuel du poulet pendant le ramadan, le président du Directoire a noté que «250 DA/Kg peuvent être une référence mais ce qui compte le plus pour moi c'est le fait que le consommateur achète un poulet sain et dont la traçabilité est bien connue». Par ailleurs, le responsable de l'ONAB s'est indigné des conditions dans lesquelles se déroulent les opérations d'abattage au sein de structures informelles. «Des poulets abattus dans l'informel, loin des yeux des vétérinaires et sans le respect des moindres règles d'hygiène sont en vente», a-t-il averti. Demande nationale : 300.000 tonnes de poulet par an Avec une production de 20.000 tonnes/an dont 18.000 tonnes se vendent congelées, l'ONAB avec ses 14 abattoirs, n'assure en effet que 7% de la production nationale en poulets, estimée à 300.000 tonnes/an. Le reste, à hauteur de 20%, est assuré par les 500 abattoirs privés et communaux que compte le pays mais la majorité des poulets vendus, soit plus de 70%, sont originaires d'abattoirs du marché noir, selon M. Boukersi. Cette «fuite vers l'informel» puise son origine dans la «fiscalité élevée appliquée pour l'abattage des viandes blanches ainsi que la cherté des aliments importés», estime le même responsable. Et de renchérir que «ce sont des petits éleveurs qui méritent d'être encouragés. Le poids de la fiscalité qu'on leur impose est contraignant et doit être réduit, a-t-il plaidé en se félicitant toutefois des deux mesures incitatives pour les éleveurs de poussins, appliquées depuis le début de l'année en cours. Il s'agit notamment du crédit R'fig lancé par la BADR et le financement étatique à raison d'un million de DA pour chaque bâtiment d'élevage, a-t-il rappelé. L'ONAB, qui produit également les œufs, s'est fixé une production de 60.000 tonnes de poulet à l'horizon 2014 et compte, pour ce faire, augmenter ses capacités de stockage et de structures de froid, selon son PDG. Depuis 2009, il s'est lancé dans un nouveau type de partenariat qui consiste à «livrer les poussins aux éleveurs privés pour les récupérer ensuite et les abattre dans ses abattoirs», rappelle M. Boukersi. «Environ 60 contrats de partenariat ont été signés à ce jour permettant la livraison de 4 millions de poussins dont 70 à 80% en été récupérés en poulets vifs», a-t-il indiqué. L'Algérie, autosuffisante en matière de poulets qu'elle n'importe donc pas, veut arriver à une consommation approximative de 16 kg/habitant/an en 2014, contre 8 kg actuellement, et doit pour cela augmenter sa production annuelle pour la porter à 700.000 tonnes. La vache sacrée de l'Inde pour ramadhan Parallèlement à l'opération de stockage du poulet, une autre similaire lancée par la Société de transformation de conditionnement des viandes (Sotracov) pour la distribution de 4.000 tonnes de viande bovine congelée, importée d'Inde. Le cahier des charges établi par l'ONAB en direction des commerçants fixe deux conditions pour la signature du contrat de franchise: la possession de structures de froid et la pratique d'un prix de vente uniforme fixé préalablement par cet office public, selon M. Boukersi. Alors que d'autres sources concordantes révèlent que l'Algérie a décidé d'importer 10 000 tonnes de viande. En somme, l'Algérie et deux Etats indiens, dont le Maharastra, la Sotracov vient de passer commande de 2000 tonnes de viande congelée auprès des abattoirs indiens Allanasons. Selon El Watan, un autre contrat portant sur la fourniture de 1000 tonnes de viande de même nature a été signé avec un autre abattoir du nom d'Amrron. Toutefois, cette commande n'est pas encore tranchée . D'après le Journal El Watan, la viande bovine indienne est «régulièrement bloquée et interdite d'entrée dans plusieurs pays musulmans tels que le Liban, la Syrie, l'Egypte ou encore la Jordanie, pour des problèmes sanitaires aussi graves que récurrents : présence de vers, de poils, quelquefois de matières fécales et, très souvent, de parasitose. En Russie et en Europe, la viande indienne est également interdite, y compris pour la transformation ». D'après les responsables, les viandes bovines importées habituellement du Brésil et de l'Argentine ont été annulées car elles reviennent trop chères au consommateur. En effet, en Inde, la tonne de viande bovine est de 200 dollars moins chère qu'en Amérique latine. En fait, l'Algérie s'est tournée vers l'Inde car les acheteurs de la Société de transformation et de conditionnement des viandes (Sotracov) ont raté la période s'étalant entre décembre et avril, propice à faire des commandes au Brésil ou à l'Argentine. Les responsables de la Sotracov se sont vus dans l'obligation de faire pression sur le ministère de l'Agriculture pour ouvrir le marché indien, rapporte El Watan qui cite des sources anonymes. Et le mouton soudanais Certaines sources avaient donné comme acquis l'importation de viande fraîche du Soudan pour lutter contre la hausse des prix de ce produit. A ce propos, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a affirmé, ce jeudi, qu'«aucune demande n'a été enregistrée». Néanmoins, il a reconnu l'existence de contacts entre opérateurs algériens et soudanais dans la perspective d'en importer. La viande de ce mouton endémique à l'Afrique subsaharienne ressemble beaucoup à celle caprine (de la chèvre), apprend-on. Il s'avère donc que sa chair n'est nullement estimée chez nous. Un ramadan végétarien serait mieux pour la santé publique des Algériens… même si les légumes connaissent une flambée …. vertigineuse.
