Le mégaprojet Trans-saharian gazoduc pipeline qui reliera l'Algérie au Nigéria nécessitera des investissements de pas moins de 20 milliards de dollars, a révélé le président Nigérian Goodluck Jonathan. Ce pays d'Afrique de l'Ouest mis sur le projet pour redorer son blason terni par les opérations de sabotage sur ses infrastructures pétrolières et gazières sur fonds d'enlèvements d'expatriés exerçant sur ces sites. D'ailleurs, les dividendes financiers tirés de ce gazoduc seront utilisés pour réaliser des projets de développements au Nigéria dont l'économie est en berne malgré d'importantes ressources naturelles. Le dirigeant Nigérian a précisé que ce projet de grande envergure sera réceptionné en principe à l'horizon 2015. Le Gazoduc permettra le transport de 30 milliards de mètres cube de la ville de Warri (Nigéria) vers l'Algérie via le Niger. La gestion de cette infrastructure sera confiée à la compagnie nationale pétrolière Sonatrach conjointement avec la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) qui en détiendront 90%, alors que le Niger aura une part de 10%. Le président Nigérian a reconnu qu'il sera difficile de mobiliser 20 milliards de dollars pour la réalisation de cet important projet. L'argument qui sera présenté aux bailleurs de fonds est lié aux retombées qu'il aura sur le développement dans le continent noir. Le ministre Algérien de l'énergie et des mines, Youcef Yousfi s'est montré moins affirmatif en soulignant que les travaux du projet ne seront lancés qu'une fois les études nécessaires sur le long du tracé de ce gazoduc achevés. «Le TSGP (Trans-saharian gazoduc pipeline) est un important projet aussi bien pour l'Algérie que pour le Nigeria et le Niger mais dont la réalisation requiert des études approfondies», a indiqué M. Yousfi lors d'un point de presse en marge d'une visite aux principales installations de la zone industrielle d'Arzew à Oran. «Actuellement, le groupe Sonatrach travaille en étroite collaboration avec son homologue nigérian (NNPC) pour le suivi de cet important projet régional auquel l'Algérie est très attachée», a-t-il ajouté. Le TSGP qui devrait acheminer le gaz vers les marchés européens à partir du sud du Nigeria via le Niger et l'Algérie, puis la Méditerranée est d'une longueur d'environ 4.300 km. Il devrait alimenter le marché européen à hauteur de 20 à 30 milliards de m3 par an vers 2015. Le projet prévoit la construction d'une vingtaine de stations de compression. Il aboutira dans sa partie onshore, soit à Beni Saf à l'ouest soit à El Kala à l'est. Le TSGP suscite de plus en plus les convoitises. L'on assiste à un regain d'intérêt pour ce projet de la part des grands groupes de l'industrie gazière. Le français Total et le russe Gazprom ainsi que le géant italien ENI ont exprimé leur volonté d'être associés dans l'exploitation de cette gigantesque infrastructure. Le PDG d'ENI, Paolo Scaroni, avait même affirmé dans un entretien au magazine hebdomadaire Jeune Afrique que «ce projet piloté par la Sonatrach et la Nigerian National Petroleun corporation (NNPC) nous intéresse d'autant plus que nos équipes possèdent la technologie de transport à haute pression nécessaire au développement de ce gazoduc ». Le mégaprojet algéro-nigérian “Trans-Saharan Gas Pipeline” (TSGP), le gazoduc transsaharien, devra permettre de récupérer le gaz à partir du sud du Nigeria et le transporter vers le Nord, d'alimenter cette zone et de créer des activités liées à l'énergie et de toucher le Niger qui est dépourvu de ressources énergétiques. Selon des experts, le Nigeria dispose de réserves qui représentent 10 ans de consommation européenne. Une étude économique, d'environnement et de risque a été réalisée par un bureau d'études anglais, sur initiative commune de Sonatrach et la compagnie nigériane. Cette étude a déterminé la rentabilité globale du projet qui doit relier le Nigeria à l'Algérie et à l'Europe via le Niger. Ce projet est inscrit dans le cadre du Nepad (nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique). Ses initiateurs reconnaissant néanmoins qu'il est très complexe. L'Algérie insiste cependant pour sa concrétisation afin de rehausser sa position dans l'échiquier mondial des entreprises exportatrices de gaz. Elle espère entre autres améliorer sa part de marché en Europe qu'elle approvisionne à hauteur de 15% mais fortement concurrencée en cela par la Russie et la Norvège.