Les pouvoirs publics se rendent enfin à l'évidence ! Les spéculateurs et leurs réseaux sont puissants et mettent à profit le jour présent sans croire au lendemain. D'ailleurs, les dernières émeutes motivées par la hausse subite survenue sur les prix du sucre et de l'huile ont fait plier le gouvernement Ouyahia qui a décidé, dès samedi, lors de la réunion interministérielle de procéder au gel de la loi "controversée" sur la concurrence. Ouyahia procède à la suspension et l'exonération "des droits de douanes, de taxes et d'impôts représentant un total de charge de 41% qui vient en déduction des prix de revient, du 1er janvier au 31 août 2011". Cette décision prise afin de parer au mécontentement populaire est loin de satisfaire. Bien au contraire, elle ne règle que conjoncturellement une situation explosive et reflète à peine "un replâtrage" social par des artifices économiques. Par ces mesures circonstancielles qui sursoient à la loi sur la concurrence, le gouvernement algérien tente d'acheter la paix sociale. Cependant, de l'avis des économistes et des experts, la solution réside bien plus loin. Elle consiste en la relance de la production nationale, à commencer par l'agriculture qu'il faut promouvoir et encourager. Visant Cevital sans le nommer, il va même jusqu'à dénoncer le " quasi monopole sur le marché local du sucre" en instaurant, "à partir de janvier à fin août 2011, une exonération temporaire exceptionnelle des droits de douanes et de la TVA exigibles à l'importation du sucre blanc". Un jeu malsain qui consiste à jeter à la vindicte populaire des opérateurs économiques dont le seul tort serait d'avoir opté pour la légalité. Le communiqué du Premier ministère ne rappelle-t-il pas qu'"il est interdit à quelque opérateur économique que ce soit de se substituer aux pouvoirs publics dans l'imposition de procédures ou de délais excessifs pour fournir les grossistes distributeurs, notamment lorsqu'il s'agit de produits de base" et d'ouvrir bien grandes les portes de la spéculation, de la fraude en "invitant" les commerçants à ruser en décrétant que "les grossistes sont informés qu'ils n'ont nullement à présenter au producteur de sucre ou d'huile alimentaire ni une documentation nouvelle ni à procéder au règlement de leurs commandes par chèque, cette dernière mesure ne devenant obligatoire qu'à la fin du mois de mars prochain". Et pourtant cette décision reflète à peine une abdication doublée par un manque de vision et de projection. Les exonérations de taxes ne peuvent à elles seules combler le vide que génère le manque de production.