En tout thème, nous serons toujours tentés d'ouvrir des débats sur " qui a la suprématie sur qui ?". Partout où il y aura un enjeu, de pouvoir ou d'intérêt, et pas d'exercice intellectuel, on se posera cette question et on tentera d'en imposer la réponse. Les moyens de force auront la suprématie sur les moyens argumentaires. Appliqué à la politique, ce concept servirait plutôt à identifier quelques-uns des éléments clés de la définition de la nature de l'ordre politique interne qui serait à instaurer. Nous avons assisté à nombre d'empoignades entre l'assemblée populaire de wilaya et l'administration locale, pour des raisons de clivage. A qui accorder la suprématie? A chaque fois que le débat porte sur les prérogatives des élus locaux et de l'administration, l'attention se porte vite sur les attributions des uns et des autres telles que décrites dans les codes de wilaya et de la commune. Au regard du fait que c'est l'élu qui bénéficie de la légitimité populaire, les attributions attendues de la révision des codes de commune et de wilaya sont celles d'un renforcement des pouvoirs des élus. Y aurait-il un domaine dans lequel l'élu serait plus rentable que l'autorité administrative ? Y aurait-il un domaine dans lequel l'autorité administrative serait plus efficace si elle a la suprématie sur l'élu ? Favoriser l'administration locale ? Favoriser les élus locaux ? Il y a une contradiction particulièrement remarquée. Le président de la République est un élu. Le chef du gouvernement est un élu parlementaire. Les parlementaires sont des élus. La tendance devrait aller vers plus d'attributions aux élus locaux et la soustraction de ceux-là à l'autorité de l'administration locale. Nous pouvons dire que normalement on accorde la suprématie à l'élu sur le fonctionnaire. C'est la répartition des attributions entre les élus et les représentants de l'administration qui donne un aperçu sur la nature du système politique en préparation. Quel type de démocratie allons-nous installer si on se rappelle que lors de son discours d'investiture à la magistrature suprême, le président de la République avait bien précisé que " nous construisons une démocratie conforme à nos valeurs ". Il est certain que cela n'est pas bien compris, car il n'y a pas eu de démarche d'explication de cette nouvelle vision de la démocratie. Au mois de mai de l'année 1994, à l'époque déjà, un projet de réforme était préparé et devait assurer le renforcement des walis. A cette époque, il n'y avait pas d'institutions légitimées par les urnes et cela semblait irrationnel de sortir un nouveau, code alors que l'Assemblée nationale et les assemblées locales avait cédé le pas aux institutions transitoires, non élues. D'abord, il y a toujours une continuité dans les missions et attributions des walis, et ce depuis des décennies. Peut-on dire qu'il y a une confusion entre missions de développement et missions de souveraineté, alors qu'il est supposé que maintenant les élus locaux ont des programmes de développement par le biais de leurs partis politiques, qu'ils sont élus sur la base de la prise en charge des aspirations populaires et on sait que celles-ci sont liées à l'abaissement des frustrations socioéconomiques en premier lieu.