La réunion présidée mercredi par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, consacrée à l'aggravation du conflit entre Ibadite et Malékite à Ghardaïa et regroupant notamment le Premier ministre, le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP et le ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, est déjà perçue comme un mea-culpa, le moment de tirer les leçons de l'échec de la gestion de ce conflit qui persiste depuis plus de trois années. C'est dire combien les pouvoirs publics se sont trouvés devant un paradoxe. C'est avec les interlocuteurs des deux communautés qu'ils ont trouvé des difficultés à faire passer le message de la réconciliation.
Mesures plus rigoureuses Il faut maintenant à travers toute la vallée du M'zab, faire un effort supplémentaire non seulement pour sensibiliser les citoyens des deux camps sur les mesures annoncées par le chef de l'Etat et pour que tout le monde y adhère sans équivoque à leur mise en œuvre sur le terrain, pour également protéger les personnes et les biens, pour la relance efficiente du développement local qui, pour cause de ce conflit connait un retard grandiose mais aussi pour la transformation des mentalités, faire prendre conscience à la population de la réalité et des buts inavoués de ce conflit meurtrier. C'est une tâche urgente, pour assainir les esprits, et pour mobiliser tout un chacun. Une ambition politique et sociale d'avoir face-à-face les deux communautés vivre en paix et dans la sécurité. C'est une des raisons pour lesquelles le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a décidé d'être plus exigeant pour faire une sorte de " restructuration " de la société ibadite et malékite dans le sens d'une entente durable. Aussi, a-t-il pris des décisions et des mesures à hauteur de cette situation négationniste-révisionniste et de haute subversion. Cette fois-ci, le chef de l'Etat a pris des mesures plus rigoureuses que celles prises jusqu'à maintenant, qui déjà subordonnent l'entrée sur le terrain et la prise en main de ce conflit par l'ANP. Ce qui signifie une période d'observation confiée au Commandant de la 4ème Région militaire : " Le Commandant de la 4ème région militaire est chargé de superviser l'action des services de sécurité et des autorités locales concernées pour le rétablissement et la préservation de l'ordre public à travers la wilaya de Ghardaïa ", lit-on dans le communique de la présidence de la République publiée mercredi à travers l'APS.
L'ANP : un rempart contre les zones d'ombre Et, si l'ANP a été investie pour la préservation de l'ordre dans cette région, c'était avant tout pour se solidariser davantage avec la société à la réconciliation. C'est aussi un rempart solide contre les zones d'ombre, les manipulations et la propagande destructive, contre les privilèges politiciens que certains tirent de ce conflit. Le meilleur moyen était de confier la gestion de cette situation à l'ANP, à un seul interlocuteur, un seul décideur en l'occurrence le Commandant de la 4ème région militaire contre les déviations, les affrontements et le contrôle de toutes localités sensibles de la région. L'ANP a assez de prestige, de référents au sein de la société algérienne pour mettre un coup d'arrêt aux exactions de ces jeunes cagoulés et d'autres marginaux, qui ont mis depuis plus de trois années les deux communautés antagonistes en coupe réglée.
Le pardon mutuel Le moment est opportun pour remettre les choses en ordre. Maintenant, il faut que la jeunesse ibadite et malékite, par exemple, prenne conscience de la gravité du moment, soit acquise à l'entente mutuelle que l'ensemble du reste de la population dans les deux camps, elle, soit favorable à la fin des affrontements de plus en plus sanglants. Il faut que tout le monde se pardonne mutuellement et qu'on considère désormais qu'une page douloureuse est tournée à Ghardaïa et qu'il faut oublier. Dans ce contexte, les notables et la société civile à Ghardaïa doivent demeurer la force dominante dans la mise en œuvre des mesures prises par le chef de l'Etat, les motifs politiciens écartés car ils sont les symptômes de la mise en danger de toute la région.
Force restera à la loi Les mesures annoncées mercredi par le chef de l'Etat profondément inspirées de la notion " Force restera à la loi " s'inscrivent dans une démarche visant à mettre fin à l'anarchie et à l'insécurité. Dans cette voie le communiqué de la présidence de la République indique : " Le Premier ministre veillera avec le ministre de la Justice, Garde des sceaux afin que le Parquet prenne en charge avec diligence, toutes les violations de la loi à travers la wilaya de Ghardaïa et notamment l'atteinte à la sécurité des personnes et biens ". A ce propos, le premier magistrat du pays est tout à fait conscient que de tels agissements enfreignent le calme et la sérénité de la population. Il n'a pas d'autre choix que faire actionner la loi. Il a donc pris la meilleure des décisions pour éviter d'autres écueils sanglants. Cela est dû à l'attention particulière qu'il porte à la tranquillité de toute la région et à la mise en hirs d'état de nuire de certaines bandes armée qui sèment la terreur à Ghardaïa. C'est là, l'essentiel de cette mesure ébauchant l'action publique car la vallée du M'zab est dans une situation réellement catastrophique. Il est incroyable de voir à quel point de pourrissement peut parvenir ce conflit avec 22 morts et plus de 70 blessés en moins de 36 heures. On est arrivé de fait à un moment où Ghardaïa est au fond de l'abime. Et qu'il fallait réagir de façon draconienne contre les forces du mal.
Relance du développement local L'autre priorité, d'ailleurs majeure : l'effort de développement local qui avait été fait jusqu'à présent dans la wilaya de Ghardaïa ne peut désormais suffire, d'où l'insistance du chef de l'Etat à ce que le gouvernement s'implique davantage dans cette région : " Sous l'autorité du Premier ministre, le gouvernement veillera à diligenter la mise en œuvre des programmes déjà arrêtés en vue de la relance du développement économique et social et du retour à une vie normale à travers le territoire de la wilaya de Ghardaïa ". Il est à relever dans ce cadre que les différentes localités de la vallée du M'zab ne sont pas homogènes d'un point de vue économique et social et qu'il y a lieu de faire une analyse probante en ce qui concerne les complémentarités à introduire dans le développement local de chaque localité. Certaines sont particulièrement déshéritées. Et ainsi pourrait se cimenter un développement harmonieux, juste et parvenir à l'effacement des disparités socio-économiques à l'intérieur même de la wilaya de Ghardaïa, notamment que la planification du développement local qui existait était d'une compétence technique relative et très mal organisée.