La grande conférence internationale sur la Palestine, prévue la semaine prochaine au siège des Nations unies à New York, n'aura pas lieu. Officiellement, le report s'explique par les tensions régionales, notamment les récentes attaques israéliennes contre l'Iran. Paris recule. Sous pression d'Israël et des Etats-Unis, la France a préféré ajourner plutôt que d'assumer pleinement l'initiative qu'elle prétendait porter. Ce sommet, coorganisé avec l'Arabie saoudite, devait marquer une étape décisive vers la reconnaissance de l'Etat de Palestine. Mais à mesure que l'échéance approchait, la diplomatie française s'est effacée. Plusieurs capitales du Moyen-Orient avaient prévenu qu'elles ne participeraient pas – un prétexte tout trouvé – pour justifier ce retrait. Mais nul n'est dupe : ce report ressemble à une capitulation. La France plie face aux injonctions de ses alliés occidentaux, renonçant à incarner une parole indépendante et courageuse sur la scène internationale. Emmanuel Macron avait pourtant annoncé, en avril, vouloir rejoindre la liste des 147 pays ayant déjà reconnu l'Etat de Palestine. Il avait promis une initiative forte, un tournant historique, un signal clair. Aujourd'hui, il recule. L'ambassadeur israélien en France a eu beau jeu de qualifier cette reconnaissance de "désastre" : ses menaces ont manifestement porté leurs fruits. À force de vouloir ménager Tel-Aviv et Washington, Paris s'est enfermé dans une incohérence diplomatique flagrante. Pendant ce temps, l'Elysée a tenté de sauver les apparences. On a parlé de discussions "d'arrache-pied", de coups de fil tous azimuts, de missions secrètes menées par des conseillers spéciaux. Mais tout cela n'aura pas masqué l'essentiel : la France, une fois encore, s'est dérobée. Même le projet de compromis élaboré en coulisses – désarmement du Hamas, garanties sécuritaires pour Israël, élections palestiniennes supervisées – n'aura pas suffi à rassurer Londres ou Washington. Et surtout, il n'aura pas convaincu Paris lui-même de tenir bon. À force d'hésitations, la France a raté un rendez-vous crucial avec l'Histoire.n