George W. Bush a détaillé jeudi les grandes préoccupations internationales de sa dernière année de présidence: continuer à faire pression sur le gouvernement irakien, préserver l'engagement des alliés en Afghanistan et garder l'oeil sur la Russie de l'après-Poutine. Au cours d'une conférence de presse, le président américain, qui entrera en janvier dans sa dernière ligne droite, s'est interrogé comme rarement sur la voie sur laquelle son homologue russe Vladimir Poutine, qui quittera le Kremlin quelques mois avant lui, a mis la Russie. Il a tâché de dissiper les inquiétudes quant au déroulement de ce qui devrait rester la grande affaire de sa présidence: les guerres en Irak et en Afghanistan. "Sommes-nous satisfaits des progrès" accomplis en Irak, "non", a-t-il dit. "Nous continuerons à faire pression" sur le gouvernement irakien pour qu'il adopte les réformes politiques jugées indispensables à la stabilisation, a-t-il ajouté. Mais avec l'amélioration de la sécurité obtenue grâce à une augmentation controversée des effectifs américains en 2008, M. Bush, qui devrait quitter la Maison Blanche en laissant en Irak plusieurs dizaines de milliers de soldats malgré la pression de l'opinion pour un retrait, a prudemment paru plus confiant qu'il y a quelques mois. Il a invoqué un "gouvernement qui fonctionne", la réconciliation locale entre les communautés ou la répartition des revenus du pétrole. Au moment où la violence décline en Irak, M. Bush a cependant reconnu ses motifs d'alarme sur l'autre front de sa "guerre contre le terrorisme", l'Afghanistan, qui a connu son année la plus meurtrière depuis l'invasion de 2001. Il a confirmé que les Etats-Unis reconsidéraient leur stratégie. "Ma plus grande inquiétude, c'est que certains disent +on est fatigué de l'Afghanistan, et donc nous pensons en partir+", a-t-il dit en parlant des alliés des Etats-Unis. Il a fait l'éloge des soldats australiens, britanniques, canadiens, danois et néerlandais qui "acceptent d'être sur la ligne de front" dans les régions les plus dangereuses, omettant d'autres alliés comme les Allemands ou les Français que les Américains voudraient voir prendre une part plus importante aux combats. M. Bush a évoqué d'autres gros dossiers qui l'occuperont jusqu'en janvier 2009. Au moment où les Américains craignent une récession économique, qui pourrait devenir l'un des grands enjeux de la campagne présidentielle en cours, il a dit partager leurs soucis. Alors qu'un difficile processus international est en cours pour ralentir le réchauffement climatique, il a précisé "prendre au sérieux" le sujet, contrairement à ce qu'affirment ses détracteurs comme l'ex-vice-président Al Gore qui accusent l'administration d'être le principal obstacle à une action mondiale. Mais M. Bush a aussi comme rarement exprimé ses interrogations sur la Russie et son collègue Vladimir Poutine, dans une période de graves tensions entre les deux pays. Après la désignation de M. Poutine comme personnalité de l'année par le magazine Time, M. Bush a dit présumer "que c'est parce qu'il est un dirigeant important". Il s'est interrogé sur le rôle que jouerait M. Poutine après la présidentielle de mars 2008, alors que tout indique que M. Poutine restera au plus près du pouvoir. Sur le front intérieur, tendu lui aussi, M. Bush, volontiers annoncé comme voué à l'impuissance quand ses adversaires démocrates ont pris la majorité au Congrès en janvier, ne s'est pas privé de rappeler que les démocrates n'avaient pas réussi à lui imposer un retrait d'Irak. Et il a rappelé qu'en 2008 il continuerait à disposer du droit de veto pour s'opposer à leurs projets de loi.