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Analyse : Déconstruire 6 mythes sur l'investissement climatique
Publié dans Le Maghreb le 03 - 07 - 2019

Les investisseurs institutionnels négligent des opportunités de générer des performances intéressantes et d'avoir un impact significatif faute d'une bonne grille de lecture du changement climatique. Par Vikram Raju, directeur exécutif et responsable de l'investissement à impact AIP Marchés privés chez Morgan Stanley IM. C'est parce qu'ils analysent le changement climatique de façon très approximative que les investisseurs institutionnels négligent des opportunités de générer des performances intéressantes et d'avoir un impact significatif sur le problème le plus urgent auquel notre planète est actuellement confrontee. Les investisseurs ont pris conscience du fait que le changement climatique n'est plus une menace théorique. Les effets des conditions meteorologiques extremes, de l'élévation du niveau des mers, de la rarete des ressources et de la pollution se font sentir sur tous les continents, avec des consequences desastreuses pour les particuliers, les gouvernements et les entreprises. Pourtant, pour de nombreux investisseurs, l'investissement climatique reste un concept abstrait qui est souvent associe a des discussions sur la gestion des risques, les preferences des consommateurs, et l'amalgame entre l'investissement environnemental, social et de gouvernance (ESG) et l'investissement à impact. En fait, les consequences du changement climatique sont nuancees, tout comme les solutions potentielles. En examinant la question du changement climatique sous un angle plus large, nous pensons que les investisseurs pourraient etre en mesure de mieux cerner les opportunites de s'attaquer efficacement a un eventail de problemes climatiques et de potentiellement generer des performances ajustees du risque interessantes.
Voici six des mythes les plus courants qui circulent sur l'investissement climatique.

Mythe n°1 : la problématique se résume au réchauffement climatique
Réalité : les problèmes sont multiples.
Pour beaucoup de gens, le terme " rechauffement climatique " evoque la fonte des icebergs au niveau du cercle polaire arctique. Il s'agit en effet d'une consequence majeure et inquietante du changement climatique.
Neanmoins, de nombreux aspects de la question climatique sont plus tangibles et potentiellement plus faciles a gerer. Ils comprennent, entre autres :
- La pollution : Qu'il s'agisse du probleme tres visible de la qualite de l'air a Pekin ou a Delhi, qui s'etouffent dans les brouillards toxiques, ou de la verdoyante Londres, ou les niveaux d'oxyde d'azote depassent regulierement les normes de securite, la pollution est presente dans notre vie quotidienne.
- La rareté des ressources : La secheresse est un probleme de plus en plus serieux qui affecte les communautes et les agriculteurs du monde entier. L'annee derniere, la ville du Cap a failli etre a court d'eau et a introduit le concept du Jour Zero, qui declenche le debut d'un rationnement drastique de l'eau. La Californie doit egalement faire face aux graves consequences de la secheresse et, desormais, des inondations. Dans de nombreuses regions d'Afrique, les lacs s'assechent, ce qui entraine des troubles sociaux, des conflits, des mouvements migratoires et des crises liees au probleme des refugies.
- La gestion des déchets : Bon nombre de nos villes sont a court de sites d'enfouissement et d'autres solutions d'elimination des dechets. Les plastiques se repandent dans les oceans, contaminant la vie marine et notre chaine alimentaire a des niveaux alarmants. Au rythme actuel, il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons dans les oceans d'ici 2050.
- L'éco-diversité : Des sections de foret tropicale vierge en Indonesie sont regulierement rasees pour faire place a l'agriculture ou le commerce du bois. C'est egalement le cas au Bresil ou la foret tropicale amazonienne produit 20% de l'oxygene de notre planete. Rien qu'en 2016, 30% du corail de la Grande Barriere de corail a ete detruit.

Mythe n°2 : une strategie ESG permet de repondre aux enjeux climatiques.
Réalité : l'investissement ESG est necessaire, mais pas suffisant pour faire face au changement climatique.
Il consiste a integrer des facteurs de risque environnementaux, sociaux et de gouvernance, et devient une composante essentielle de toute strategie d'investissement. Son objectif est de limiter le risque operationnel, financier ou de reputation qui pourrait resulter d'un dysfonctionnement dans l'une de ces trois dimensions.
Nous pensons toutefois qu'il n'est pas possible de se limiter a un assainissement ESG si l'on veut avoir un impact positif sur le climat. Il est necessaire d'investir activement dans les entreprises, en mobilisant generalement des capitaux dans le cadre du capital-investissement, dont les activites principales creent de nouveaux effets positifs sur l'environnement, qu'il s'agisse d'une reduction des emissions de CO2, de la pollution ou de la consommation de ressources.

Mythe n°3 : les energies renouvelables constituent la solution principale
Réalité : le spectre des opportunites d'investissement depasse largement la production d'electricite.
Les energies renouvelables ont toujours ete le fondement de l'investissement dans la lutte contre le changement climatique, mais il existe tout un univers d'opportunites en plus des eoliennes et des panneaux photovoltaiques. Une strategie globale sur le climat ne se limitera pas a la production d'electricite, mais portera egalement sur l'efficacite energetique, le logement, les transports, l'alimentation et le recyclage. La encore, certaines des idees d'investissement les plus caracteristiques, tant du point de vue de la performance que de l'impact, se concentrent sur la resolution de problemes specifiques, l'amelioration des technologies existantes ou la facilitation de leur adoption a une large echelle. Minimiser l'empreinte carbone des transports, par exemple, ne consiste pas seulement a financer les voitures electriques et les fabricants de batteries lithium-ion. Ce secteur abrite une myriade d'entreprises qui contribuent a developper des moyens de transport plus respectueux de l'environnement, qui peuvent sembler modestes mais qui ont un impact immense. C'est le cas, par exemple, d'une entreprise de kiosques d'echange de batteries en Asie, qui fait des deux-roues electriques une alternative plus viable en apportant une reponse creative au probleme de la charge. Plutot que de brancher leur vehicule et d'attendre qu'il se recharge, les conducteurs utilisent les kiosques pour echanger leurs batteries. Les kiosques ne sont pas infeodes a une technologie en particulier ; des que de nouvelles batteries sont lancees sur le marche, l'entreprise les integre simplement dans son catalogue. De meme, la chimie verte est une categorie qui ne beneficie pas de la meme consideration que les energies alternatives, mais qui permet amplement de reduire l'utilisation de derives de combustibles fossiles dans des produits de consommation courante, des materiaux de conditionnement aux peintures et aux vernis pour meubles. Il en va de meme pour les nouveaux modeles economiques concernant le recyclage, les materiaux de conditionnement compostables, la valorisation energetique des dechets et le traitement des eaux usees.
Il existe aussi un grand nombre d'idees d'investissement liees a l'alimentation. La demande de proteines de viande augmente en meme temps que la population mondiale et les niveaux de revenu. Pourtant, le betail est une source importante d'emissions de methane, un gaz a effet de serre dont les effets sont environ 30 fois pire que le CO2. De ce point de vue, les produits de la mer durables, dont l'empreinte carbone est beaucoup plus faible, constituent un ocean d'opportunites.

Mythe n°4 : les énergies renouvelables ont besoin de subventions pour générer des performances convaincantes
Réalité : les coûts ont chute massivement depuis l'avenement des energies renouvelables et les prix sont désormais concurrentiels par rapport aux énergies traditionnelles sur de nombreux marchés.
Il fut un temps où les énergies renouvelables étaient totalement tributaires des subventions, mais trois changements majeurs ont rendu cette réalité obsolète.
Tout d'abord, les coûts ont considerablement baisse alors que la technologie s'est amelioree ; il est desormais possible de developper des sources d'energie renouvelable dans des espaces très reduits ou dans des zones reculees. Aujourd'hui, les pales des eoliennes sont proches des ailes d'avions en termes de taille et de sophistication, tandis que les prix des panneaux photovoltaiques ont baissé de plus de 60% au cours des dix dernières années. Comme cette technologie atteint son volume critique, son installation et son entretien deviennent également plus rentables et pratiques.
Deuxièmement, les investisseurs peuvent maintenant cibler des projets spécifiques et ainsi s'assurer que la solution est en adequation avec la problematique. Les marches ne sont pas monolithiques et les prix de l'energie, de meme que les ressources photovoltaiques et eoliennes, varient selon les régions. Cela rend les énergies renouvelables très concurrentielles dans certains endroits et moins dans d'autres. Il incombe egalement aux investisseurs de se pencher sur le contexte particulier dans lequel s'inscrivent les projets d'energie renouvelable. Enfin, la demande de solutions distribuées est en hausse, favorisée par le vieillissement des infrastructures de réseau dans les marchés développés et, dans le cas de nombreux marchés emergents, par l'absence de reseaux. Par exemple, une entreprise d'Afrique australe qui se spécialise dans la fabrication et la vente de systemes domestiques fonctionnant grâce a l'energie photovoltaïque ouvre la voie à des changements environnementaux et sociaux. En remplaçant le kerosene ou le diesel par l'energie photovoltaique, les consommateurs economisent de l'argent, contribuent a ameliorer la qualite de l'air dans leurs collectivites et puisent dans une source d'energie plus fiable et plus durable.

Mythe n°5 : l'investissement initial dans les technologies propres est totalement vain
Réalité : les investisseurs avisés ciblent des solutions modestes plutôt que des projets particulièrement ambitieux.
L'investissement dans les technologies propres a traverse quelques cycles de bulles speculatives et, comme l'investissement initial dans d'autres domaines, il a connu des succès et des échecs très médiatisés. Bien que ce soit essentiellement les solutions globales et à grande échelle qui retiennent l'attention des investisseurs dans le domaine des technologies propres, de plus en plus d'entreprises travaillent en coulisse pour s'attaquer aux causes et aux effets specifiques du changement climatique.
En effet, le secteur a évolué, tout comme les investisseurs. Au lieu de chercher une solution miracle pour le dessalement de l'eau de mer a grande echelle, les investisseurs avises s'interessent aux logiciels qui regulent les pompes des systemes d'eau. Plutot que de miser sur la prochaine nouveauté dans le domaine des voitures ou des batteries électriques, les investisseurs intelligents spécialisés dans les phases de démarrage soutiennent des projets comme le développement de materiel permettant de faciliter la collecte de donnees ou l'optimisation de l'alimentation aux bornes de recharge. Ces idées ne font peut-être pas les gros titres - et c'est souvent une bonne chose - mais elles créent collectivement le maillage nécessaire pour réaliser des gains significatifs et progressifs dans leurs domaines respectifs.

Mythe n°6 : l'investissement climatique est fortement tributaire des changements politiques et reglementaires
Réalité : les particuliers, les entreprises et les administrations locales peuvent exercer la même influence.
Les medias mettent souvent l'accent sur les declarations des gouvernements concernant la politique climatique, mais la tendance sous-jacente de l'investissement climatique est resolument constante et transcende de plus en plus la politique. Collectivement, les particuliers, les entreprises et les administrations locales peuvent exercer plus d'influence.
Prenons l'exemple des Etats-Unis. Alors que le gouvernement fédéral a pris une orientation differente en matiere d'initiatives climatiques, les Etats et les villes mettent en oeuvre des plans ambitieux qui leur sont propres. En mars, le Nouveau-Mexique s'est joint a la Californie, a Hawai et au district de Columbia pour fixer un objectif en matiere de production d'electricite renouvelable et sans emissions de CO2 d'ici 2045, et les gouverneurs d'une douzaine d'autres Etats americains auraient apparemment l'intention de devoiler des objectifs similaires. Dans le même temps, certaines des plus grandes entreprises au monde prennent des mesures significatives pour réduire leur empreinte environnementale. Et il ne faut pas sous-estimer les particuliers qui se mobilisent en tant que citoyens et en tant que consommateurs. Tout cela pour dire qu'une strategie climatique globale tient compte de toutes les idees, grandes et petites. Son objectif est de faire face à la menace globale du réchauffement climatique et de soutenir les initiatives locales visant à résoudre les problèmes liés à la pollution, à la rareté des ressources, a la gestion des dechets et a l'ecodiversite. L'innovation comporte des risques technologiques et commerciaux. Cependant, une approche active et diversifiee a l'echelle mondiale dans toutes les classes d'actifs - depuis le stade initial aux infrastructures en passant par l'agriculture - peut offrir aux investisseurs un moyen d'obtenir des performances interessantes et d'avoir un impact reel sur le probleme le plus urgent auquel notre planete est actuellement confrontée.


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