La croissance de l'activité industrielle de la zone euro a ralenti dans l'ensemble en mars, mais les chiffres définitifs de l'enquête mensuelle RBS-NTC auprès des directeurs d'achat montrent surtout d'inquiétantes divergences entre les principaux pays européens. L'indice d'activité PMI ressort à 52,0 contre 52,3 en février, conforme aux attentes des économistes et à l'estimation précoce publiée il y a 12 jours.Même revenu à son plus bas niveau depuis octobre dernier, il devrait continuer de contraster avec le chiffre équivalent américain que l'Institute for Supply Management (ISM) publiera mardi également, à 14h00 GMT. Les économistes prévoient en moyenne une nouvelle contraction de l'indicateur américain à 47,5 contre 48,3, sous le seuil de 50 à partir duquel les indices PMI rendent compte d'une expansion.Le maintien de la croissance dans le secteur manufacturier de la zone euro et les pressions sur les prix - le taux d'inflation de mars est estimé à 3,5%, un record - amèneront probablement la Banque centrale européenne à maintenir son taux directeur à 4,0% pendant quelques mois encore.Le sous-indice de la production a néanmoins fléchi à 52,1 en mars, au plus bas depuis août 2005, contre 53,7 en février. Et la BCE s'inquiétera aussi de la divergence croissante, et sans précédent depuis sept ans, des quatre principales économies de la zone euro. "On a un secteur manufacturier à deux vitesses en Europe", commente Dominic Bryant chez BNP Paribas. "L'Allemagne résiste assez bien alors que l'Italie est en train de capituler et que l'économie espagnole est en chute libre". "Le principal facteur qui joue contre notre prévision d'une baisse de taux en juin est l'inflation. Il y a des risques significatifs que la baisse de taux soit différée", ajoute-t-il. L'indice d'activité allemand a atteint un plus haut en sept mois de 55,1 et son équivalent français est resté robuste à 51,9, mais celui de l'Italie, à 49,4, est passé sous 50 pour la première fois depuis 2005, dénotant une contraction dans le secteur manufacturier. Quant à l'indice espagnol, il marque un quatrième mois consécutif de contraction du secteur et tombe à un plus bas depuis décembre 2001 de 46,4. Ensemble, l'Italie et l'Espagne ont grosso modo le même poids que l'Allemagne dans la zone euro. "Cela suggère que l'activité industrielle de la zone euro pourrait caler vers le milieu de l'année", observe Martin van Vliet, économiste chez ING. Mais les enquêtes attestent aussi de la persistance des pressions sur les prix, alors que le taux d'inflation est bien au-dessus de l'objectif de 2% de la BCE. L'indice des prix des achats a atteint un plus haut depuis septembre 2006 de 68,6, contre 66,1 en février, en raison de l'augmentation des prix du pétrole et des matières premières. Mais les entreprises ont eu plus de mal à répercuter la hausse de leurs coûts sur leurs prix de vente, leur pouvoir de tarification étant limité par un affaiblissement de la demande. L'indice des prix de vente a ainsi fléchi à 55,5 contre 56,4. Les perspectives pour l'emploi se sont malgré tout améliorées. Le sous-indice correspondant a progressé à 52,5 contre 52,1, son meilleur niveau depuis septembre 2007. Les créations d'emplois ont été soutenues en Allemagne (indice à 56,5 contre 55,3 en février) alors que l'emploi en Espagne a connu au contraire un rythme de déclin sans précédent depuis trois ans (47,8 contre 48,3).
