Les Bourses européennes ont creusé leurs pertes jeudi après-midi en réaction à une information qui a fait retomber les rumeurs de relance en Allemagne malgré une nouvelle contraction de l'activité manufacturière au mois d'août. À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,87% à 5.388,25 points. Le Footsie britannique a perdu 1,05% et le Dax allemand 0,47%. L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,63%, le FTSEurofirst 300 de 0,48% et le Stoxx 600 de 0,4%. Selon Bloomberg, qui cite deux personnes proches du dossier, la Bundesbank ne voit pas la nécessité d'une relance budgétaire à l'heure actuelle même si elle s'attend à une nouvelle contraction de l'économie au troisième trimestre. Les premiers résultats meilleurs qu'attendu des enquêtes PMI sur l'activité manufacturière en zone euro en août ont limité les pertes sur les actions au détriment des obligations. Mais malgré une croissance de l'activité en zone euro en légère amélioration, les perspectives restent faibles et le secteur privé en Allemagne a continué de souffrir, laissant présager une poursuite de la récession. Après le compte rendu de la dernière réunion de la Fed mercredi, qui a apporté peu d'éclaircissements sur ses intentions en matière de taux, les investisseurs ont relativement bien accueilli le compte rendu de la dernière réunion de la Banque centrale européenne publié en début d'après-midi. Ils attendent vendredi le discours du président de la Fed de Jerome Powell au symposium de Jackson Hole. Les responsables de la BCE ont exprimé lors de leur réunion du mois dernier la crainte que la croissance soit encore plus faible que prévu et jugé qu'un "paquet" de mesures pourrait être plus efficace pour combattre le ralentissement, montre le compte rendu des débats publié jeudi. La Bourse de Milan (-0,14%) a surperformé alors que le président de la République italienne, Sergio Mattarella, attend dès ce jeudi des "signes concrets" sur la possibilité de former une nouvelle coalition gouvernementale et des "développements significatifs" d'ici au début de la semaine prochaine. Matteo Salvini, chef de la Ligue, s'est dit prêt à se réconcilier avec son ex-partenaire de coalition, le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) si ce dernier adoptait une attitude plus constructive. Sur le marché américain, le Dow Jones avait quasiment effacé ses pertes au moment de la clôture en Europe, grâce au soutien de Boeing, qui prenait plus de 3% en réaction à un commentaire positif du courtier Cohen, selon lequel le calendrier de remise en service des avions 737 MAX sera respecté. En outre, Moody's estime que la croissance du bénéfice opérationnel du secteur mondial de l'aéronautique et de la défense dans le monde devrait être bien supérieure à 10% en 2020 après être tombée à 5%-7% en 2019, en cas de reprise des vols des 737 MAX immobilisés en mars après deux catastrophes. Dans le secteur de la distribution, Nordstrom, qui gagne environ 15%, s'achemine vers sa plus forte hausse en une séance depuis dix ans après avoir publié un bénéfice trimestriel meilleur que prévu.
Valeurs & indicateurs L'automobile (+0,17%) est restée dans le peloton de tête des hausses, derrière les banques (+1,04%). Aux valeurs individuelles, l'allemand Thyssenkrupp a gagné 5,59%, parmi les plus fortes hausses du Stoxx 600, après avoir contesté auprès d'un tribunal européen le veto des autorités européennes de la concurrence au projet de coentreprise avec l'indien Tata Steel. Sunrise Communications en revanche a perdu 6,37% après avoir a défendu son projet d'acquisition, pour 6,3 milliards de francs (5,8 milliards d'euros) dette incluse, d'UPC, la filiale helvétique de Liberty Global. L'opérateur télécoms suisse. En Europe, outre les indices PMI, l'indice de confiance du consommateur s'est dégradé au mois d'août, selon les chiffres d'Eurostat. Aux Etats-Unis, les indicateurs ont été encore une fois mitigés, avec d'un côté une baisse plus forte que prévu des inscriptions hebdomadaires au chômage, mais de l'autre la première contraction de l'activité manufacturière en août depuis près de dix ans selon l'enquête d'IHS Markit.
Wall Street hésite après des indicateurs décevants La Bourse de New York a fini sans tendance claire jeudi après des indicateurs économiques divergents qui ont incité les investisseurs à la prudence à la veille d'un discours très attendu du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell.L'indice Dow Jones a gagné 49,51 points, soit 0,19%, à 26.252,24. Le S&P-500, plus large, a cédé 1,48 points, soit 0,05%, à 2.922,95. Le Nasdaq Composite a reculé de 28,82 points, soit 0,36%, à 7.991,39. Tous trois étaient en hausse à l'ouverture mais la tendance est devenue de plus en plus incertaine au fil des heures. Le S&P-500 a ainsi gagné jusqu'à 0,5% et cédé jusqu'à 0,7%. Les premiers résultats de l'enquête mensuelle d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats du secteur manufacturier traduisent une baisse de l'activité pour la première fois depuis septembre 2009, l'indice PMI "flash" étant tombé à 49,9 contre 50,4 en juillet. "Le fait que l'industrie manufacturière n'ait pas seulement ralenti mais se soit contractée est un peu surprenant", a commenté Oliver Pursche, responsable de la stratégie de marché de Bruderman Asset Management. Pour autant, a-t-il ajouté, "il y a ces chiffres corrects sur les demandes d'indemnités chômage, ils sont un peu meilleurs qu'attendu, donc cela compense." Les inscriptions au chômage ont en effet reculé un peu plus qu'attendu la semaine dernière, à 209.000, un chiffre qui suggère que le marché du travail reste dynamique. Ces éléments alimentent naturellement le débat en cours sur l'opportunité de nouvelles baisses des taux d'intérêt de la Réserve fédérale, débat dans lequel le président de la Fed, Jerome Powell, doit intervenir vendredi en prononçant un discours dans le cadre du symposium économique de Jackson Hole, dans l'Etat américain du Wyoming. En attendant, Patrick Harker, le président de la Fed de Philadelphie, a déclaré ne pas juger justifiée une augmentation du soutien monétaire et son homologue de Kansas City, Esther George, a dit ne pas avoir observé à ce jour de signe de retournement de la conjoncture économique aux Etats-Unis.
Valeurs & indicateurs Six des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini la séance en repli, la baisse la plus marquée touchant le compartiment de la santé (-0,49%) alors qu'à l'opposé, celui des valeurs financières prenait 0,62%, les dernières déclarations de responsables de la Fed allant dans le sens d'une baisse limitée des taux. Meilleure performance du Dow, Boeing s'est adjugé 4,24% en réaction à des avis positifs d'analystes et aux informations de Reuters sur la volonté du groupe d'augmenter de nouveau la cadence de production de son modèle 737 dont la version MAX est immobilisée après deux catastrophes aériennes. Dans le compartiment de la distribution, après Target et Lowe's mercredi, le groupe de grands magasins Nordstrom a bondi à son tour, prenant 15,86% après un bénéfice trimestriel supérieur au consensus. Parmi les baisses marquantes du jour, L Brands, le groupe propriétaire de la marque de lingerie Victoria's Secret, a chuté de 3,49% après des ventes en dessous des attentes.
Taux Les déclarations de Patrick Harker et Esther George défavorables à de nouvelles baisses de taux ont favorisé la remontée des rendements des bons du Trésor américain malgré les hésitations de Walt Street. En fin de séance, celui des titres à dix ans prenait près de quatre points de base à 1,6148%. La courbe des rendements obligataires américains à deux et dix ans s'est une nouvelle fois brièvement inversée, un phénomène considéré par de nombreux observateurs comme un signe avant-coureur une récession. Le rendement des Treasuries à deux ans a dépassé celui des titres à 10 ans, l'écart entre les deux ayant atteint jusqu'à 0,9 point de base. Sur le marché obligataire, les rendements ont progressé en Europe (sauf en Italie) après les indices PMI flash jugés globalement légèrement meilleurs que prévu. Le rendement du Bund à 10 ans allemand évolue autour de -0,64% après être tombé à -0,695% avant les PMI.
Changes Le dollar a cédé du terrain, les cambistes ajustant leurs positions avant le discours de Jerome Powell à Jackson Hole vendredi. De nombreux participants s'attendent à ce que le président de la Fed évoque vendredi la possibilité d'un soutien monétaire accru ou laisse entendre que la banque centrale est désormais engagée dans un cycle d'assouplissement, des éléments qui desserviraient le billet vert. Au moment de la clôture à Wall Street, l'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, cédait 0,11%. L'euro se traitait alors à 1,1080 dollar. La journée a aussi été marquée par une hausse de plus de 1% de la livre sterling face au dollar et à l'euro, les entretiens du Premier ministre britannique, Boris Johnson, avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, ayant un peu rassuré le marché quant à la possibilité de trouver un compromis sur la frontière irlandaise, point d'achoppement du dossier du Brexit.