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Un mouton chèrement payé
Vol
Publié dans Le Midi Libre le 27 - 10 - 2011

L'histoire qui va suivre a eu lieu récemment à Boudouaou, à l'Est d'Alger. Elle ressemble un peu aux contes que nos grands-mères racontaient autrefois aux enfants, sauf qu'ici le dénouement est différent et plus conforme à la tristesse et la froideur de la réalité.
L'histoire qui va suivre a eu lieu récemment à Boudouaou, à l'Est d'Alger. Elle ressemble un peu aux contes que nos grands-mères racontaient autrefois aux enfants, sauf qu'ici le dénouement est différent et plus conforme à la tristesse et la froideur de la réalité.
Bachir eut beau faire preuve de bonne volonté et travailler du mieux qu'il pouvait, il avait toujours des fins de mois très difficiles. Et le scénario qu'il craignait le plus était en train de se dessiner. L'Aïd El-Adh'ha était proche et telle que la situation se présentait, il savait qu'il ne pourrait pas acheter de mouton cette année. Ce ne serait pas la fin du monde ; toutes les familles passent par quelques difficultés qui les incitent à faire l'impasse sur telle ou telle dépense nécessaire mais pas vitale, se dit Bachir. Cette année, Bachir avait décidé d'acheter de la viande et du bouzellouf. Une dépense de 2000 à 3000 DA… Juste pour qu'il y ait l'odeur de méchoui chez lui comme celle qui ne manquerait pas d'émaner des voisins.
Ce soir-là, deux de ses cinq enfants en bas âge, profitant de ce qu'il était en train de dîner pour lui demander :
- Quand nous ramèneras-tu le mouton, papa ?
Bachir faillit avaler de travers.
- Le mouton ? Mais mon petit, il reste encore un mois pour l'Aïd.
- Mais beaucoup de nos voisins en ont déjà acheté, papa. Tu n'as pas vu que dans le quartier tout le monde a son mouton ? Chaque après-midi dès que mes amis sortent de l'école, ils promènent le leur.
Comme Bachir était ce soir là de mauvaise humeur, il répondit :
- Nous avons un petit chien à la maison ; vous n'avez qu'à le promener à tour de rôle.
Les plus grands, âgés de 13 et 14 ans, ne dirent rien, certainement parce qu'ils avaient compris que leur père n'avait pas les moyens d'acheter un mouton. Mais les trois plus jeunes s'étaient mis à pleurer en silence. Sous le regard attendri de la mère et de Bachir qui regretta aussitôt de s'être laissé gagner par la colère. Il était en colère non pas contre ses enfants mais contre ses voisins qui avaient ramené des moutons dans la cité pratiquement juste après l'Aid El-Fitr ! Des moutons qu'ils passent le plus clair de leur temps à promener au bas de la cité et dans les cages d'escaliers. Il avait même vu un gamin tentant de faire entrer son mouton chez un boulanger où sa mère l'avait envoyé acheter du pain.
- Allez, les enfants, ne pleurez pas, ne pleurez pas, je vais vous ramener un mouton. Peut-être pas demain parce que je n'ai pas le temps mais après demain, c'est sûr.
- Et pourquoi alors nous as-tu demandé, papa, de promener notre chien ? répliqua le plus petit, âgé de quatre ans.
- Euh…je voulais plaisanter, mais je vois que mes plaisanteries ne sont pas bonnes.
- C'est vrai… Il vaut mieux que tu ne plaisantes pas, papa !
Une fois leurs enfants endormis, la mère demanda au père s'il parlait sérieusement.
- Bien sûr que je parlais sérieusement… je vais leur ramener un mouton demain ou après demain.
- Avec quel argent ?
- J'ai de l'argent qui va rentrer, je vais demander à ceux qui me le doivent de me le donner demain…
- Tu n'aurais pas dû dire aux enfants que tu ramènerais ce mouton demain ou après demain. Tu aurais pu t'accorder un délai plus large. Pourquoi t'es-tu mis la corde au cou comme ça ?
- Bon, laisse-moi tranquille… c'est toi avec ton langage déplacé qui me portes la poisse !
En réalité, Bachir n'avait pas du tout l'intention de débourser de l'argent pour un mouton. Il se le procurerait par un moyen aux antipodes de ce que recommandent les préceptes de la religion.
Le lendemain, au lieu de se rendre à son travail, il monta dans sa vieille voiture et se mit à sillonner la région de Boudouaou pour repérer les déplacements des éleveurs et de leurs troupeaux.
Après deux heures d'investigations, il repéra un vieil éleveur dont les moutons jouissaient d'une certaine liberté dans les mouvements, ce qui leur permettait d'aller où ils voulaient dans l'immensité d'un terrain vague clairsemé d'herbe.
Il gara sa voiture, et tel un chacal à l'affut de quelque brebis qui se serait éloignée d'un troupeau, il jeta son dévolu sur un beau mouton. Il évalua la distance entre lui et l'animal et entre lui et l'éleveur et se dit que le coup était jouable. Même si l'éleveur le voyait, il ne pourrait pas l'empêcher de s'emparer de la bête et de la jeter dans la voiture.
Et il avait raison. Une demi-heure plus tard, Bachir arrivait chez lui fièrement avec un beau mouton à l'arrière dans sa voiture. En fin d'après-midi, il était chez lui en train de prendre son café quand la police vint lui demander de l'accompagner au commissariat.
Et c'est là qu'il découvrit que ce n'était pas l'éleveur qui l'avait vu au moment du vol de mouton… mais un de ses voisins, habitant la même cité que lui et qui avait acheté un mouton depuis… deux mois déjà !
Au tribunal de Boudouaou où il avait été jugé il y a quelques jours, Bachir expliqua qu'il avait été obligé de voler ce mouton-là pour faire plaisir à ses enfants vu qu'il n'avait pas la somme nécessaire pour l'acheter. Un argument difficile à faire admettre et qui a incité le procureur à requérir une année de prison ferme contre lui.
Bachir eut beau faire preuve de bonne volonté et travailler du mieux qu'il pouvait, il avait toujours des fins de mois très difficiles. Et le scénario qu'il craignait le plus était en train de se dessiner. L'Aïd El-Adh'ha était proche et telle que la situation se présentait, il savait qu'il ne pourrait pas acheter de mouton cette année. Ce ne serait pas la fin du monde ; toutes les familles passent par quelques difficultés qui les incitent à faire l'impasse sur telle ou telle dépense nécessaire mais pas vitale, se dit Bachir. Cette année, Bachir avait décidé d'acheter de la viande et du bouzellouf. Une dépense de 2000 à 3000 DA… Juste pour qu'il y ait l'odeur de méchoui chez lui comme celle qui ne manquerait pas d'émaner des voisins.
Ce soir-là, deux de ses cinq enfants en bas âge, profitant de ce qu'il était en train de dîner pour lui demander :
- Quand nous ramèneras-tu le mouton, papa ?
Bachir faillit avaler de travers.
- Le mouton ? Mais mon petit, il reste encore un mois pour l'Aïd.
- Mais beaucoup de nos voisins en ont déjà acheté, papa. Tu n'as pas vu que dans le quartier tout le monde a son mouton ? Chaque après-midi dès que mes amis sortent de l'école, ils promènent le leur.
Comme Bachir était ce soir là de mauvaise humeur, il répondit :
- Nous avons un petit chien à la maison ; vous n'avez qu'à le promener à tour de rôle.
Les plus grands, âgés de 13 et 14 ans, ne dirent rien, certainement parce qu'ils avaient compris que leur père n'avait pas les moyens d'acheter un mouton. Mais les trois plus jeunes s'étaient mis à pleurer en silence. Sous le regard attendri de la mère et de Bachir qui regretta aussitôt de s'être laissé gagner par la colère. Il était en colère non pas contre ses enfants mais contre ses voisins qui avaient ramené des moutons dans la cité pratiquement juste après l'Aid El-Fitr ! Des moutons qu'ils passent le plus clair de leur temps à promener au bas de la cité et dans les cages d'escaliers. Il avait même vu un gamin tentant de faire entrer son mouton chez un boulanger où sa mère l'avait envoyé acheter du pain.
- Allez, les enfants, ne pleurez pas, ne pleurez pas, je vais vous ramener un mouton. Peut-être pas demain parce que je n'ai pas le temps mais après demain, c'est sûr.
- Et pourquoi alors nous as-tu demandé, papa, de promener notre chien ? répliqua le plus petit, âgé de quatre ans.
- Euh…je voulais plaisanter, mais je vois que mes plaisanteries ne sont pas bonnes.
- C'est vrai… Il vaut mieux que tu ne plaisantes pas, papa !
Une fois leurs enfants endormis, la mère demanda au père s'il parlait sérieusement.
- Bien sûr que je parlais sérieusement… je vais leur ramener un mouton demain ou après demain.
- Avec quel argent ?
- J'ai de l'argent qui va rentrer, je vais demander à ceux qui me le doivent de me le donner demain…
- Tu n'aurais pas dû dire aux enfants que tu ramènerais ce mouton demain ou après demain. Tu aurais pu t'accorder un délai plus large. Pourquoi t'es-tu mis la corde au cou comme ça ?
- Bon, laisse-moi tranquille… c'est toi avec ton langage déplacé qui me portes la poisse !
En réalité, Bachir n'avait pas du tout l'intention de débourser de l'argent pour un mouton. Il se le procurerait par un moyen aux antipodes de ce que recommandent les préceptes de la religion.
Le lendemain, au lieu de se rendre à son travail, il monta dans sa vieille voiture et se mit à sillonner la région de Boudouaou pour repérer les déplacements des éleveurs et de leurs troupeaux.
Après deux heures d'investigations, il repéra un vieil éleveur dont les moutons jouissaient d'une certaine liberté dans les mouvements, ce qui leur permettait d'aller où ils voulaient dans l'immensité d'un terrain vague clairsemé d'herbe.
Il gara sa voiture, et tel un chacal à l'affut de quelque brebis qui se serait éloignée d'un troupeau, il jeta son dévolu sur un beau mouton. Il évalua la distance entre lui et l'animal et entre lui et l'éleveur et se dit que le coup était jouable. Même si l'éleveur le voyait, il ne pourrait pas l'empêcher de s'emparer de la bête et de la jeter dans la voiture.
Et il avait raison. Une demi-heure plus tard, Bachir arrivait chez lui fièrement avec un beau mouton à l'arrière dans sa voiture. En fin d'après-midi, il était chez lui en train de prendre son café quand la police vint lui demander de l'accompagner au commissariat.
Et c'est là qu'il découvrit que ce n'était pas l'éleveur qui l'avait vu au moment du vol de mouton… mais un de ses voisins, habitant la même cité que lui et qui avait acheté un mouton depuis… deux mois déjà !
Au tribunal de Boudouaou où il avait été jugé il y a quelques jours, Bachir expliqua qu'il avait été obligé de voler ce mouton-là pour faire plaisir à ses enfants vu qu'il n'avait pas la somme nécessaire pour l'acheter. Un argument difficile à faire admettre et qui a incité le procureur à requérir une année de prison ferme contre lui.


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