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Portrait d'une jeune femme, d'origine algérienne... chef d'orchestre
Zahia Ziouani
Publié dans Le Midi Libre le 11 - 09 - 2012

Zahia Ziouani est une jeune femme d'origine algérienne née dans le 93 (département de la-Seine Sain-Denis). Elle est chef d'orchestre. Les mots semblent ne pas aller ensemble, mais Zahia Ziouani les conjugue avec le plus grand naturel. Ses racines ? Un père kabyle qui travaille dans la restauration et une mère algéroise férue de théâtre, de danse.
Zahia Ziouani est une jeune femme d'origine algérienne née dans le 93 (département de la-Seine Sain-Denis). Elle est chef d'orchestre. Les mots semblent ne pas aller ensemble, mais Zahia Ziouani les conjugue avec le plus grand naturel. Ses racines ? Un père kabyle qui travaille dans la restauration et une mère algéroise férue de théâtre, de danse.
Le 11 septembre à la Cité de la musique, elle dirige son orchestre Divertimento au cours d'un concert qui ouvre un cycle commémorant les cinquante ans de l'indépendance de l'Algérie.
Zahia Ziouani, c'est un roc que rien ne semble pouvoir entamer, une battante dont l'arme fatale est la douceur et le carburant, une détermination immarcescible. « Ce qui compte, c'est mon engagement musical et artistique », affirme-t-elle.
Zahia Ziouani ne veut pas que son cas soit un cas, justement, et elle oppose un refus extrêmement poli mais catégorique à toute tentative visant à l'enfermer dans des clichés. Mieux vaut la laisser raconter, à sa manière...
Une lignée de fortes femmes
« Dans ma famille, il y a une lignée de fortes femmes. Ma grand-mère a combattu pour que les femmes puissent s'exprimer et prendre des responsabilités. Elle a joué aussi un rôle important pendant la guerre pour aider les Algériens à s'affranchir.
Ma mère, qui a fait des études supérieures, a hérité de cette opiniâtreté. Moi, je suis née en France. Je suis heureuse d'avoir grandi ici et de vivre ici, mais j'étais curieuse aussi de connaître mes racines. »
Juste après la guerre, son père s'installe en France où il apprend à lire, et à aimer la musique classique qu'il découvre à la radio. Il ne travaille pas très loin de la salle Pleyel et n'hésite pas à en franchir le seuil.
Lorsqu'il s'y rend pour la première fois, c'est pour entendre, en trio, les trois plus grands monstres sacrés du XXème siècle : le pianiste Sviatoslav Richter, le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, et le violoniste Yehudi Menuhin !
Mozart et Beethoven à la maison
A la maison, chez les Ziouani, on écoute des symphonies de Mozart ou de Beethoven. Tant pis pour les clichés : ces musiques-là passent très bien le périphérique.
Les trois enfants – un garçon et les jumelles, Zahia et Fettouma qui est devenue violoncelliste – sont inscrits au conservatoire de Pantin. Quand leur mère allait les chercher à l'école, elle apportait leurs instruments puis les conduisait au conservatoire. Quant à leur père, il leur faisait lire chaque jour un article du Monde. Zahia Ziouani s'insurge : « Quand on parle de la banlieue, on n'évoque jamais les gens qui travaillent comme des fous, qui sont très modestes et qui font plein de sacrifices pour leurs enfants. On parle seulement de ce qui ne va pas ! »
Zahia entre au Conservatoire à 8 ans. Elle apprend d'abord la guitare classique (elle en avait commandé une au Père Noël), puis se met au violon alto quand elle réalise qu'il n'y a pas de guitare dans « la musique qu'elle écoute avec papa ».
A 11 ans, elle joue pour la première fois dans un orchestre et observe, de cette position privilégiée, le travail du chef.
Des posters de chefs dans sa chambre d'ado
A 13 ans, c'est le coup de foudre : l'adolescente découvre ce qu'est le travail du chef d'orchestre en dirigeant, le temps d'une courte pièce, la formation des élèves du conservatoire. Elle sera chef, c'est décidé. Dans sa chambre, elle accroche les posters de ses maestros préférés : Wilhelm Furtwängler, Sergiu Celibidache et Herbert von Karajan.
« A partir de ce jour, j'ai passé beaucoup de temps à écouter la musique en lisant en même temps les partitions. Je comparais les différentes interprétations, j'essayais de comprendre ce qui se passait.
Et puis, alors que j'avais 16 ans, j'ai eu la chance d'être sélectionnée pour étudier la direction auprès du maestro Sergiu Celibidache, qui m'a énormément marquée... ». Avec plusieurs premiers prix en poche (alto, guitare classique, musique de chambre) puis une maîtrise de musicologie obtenue à la Sorbonne (Paris-IV), Zahia Ziouani se lance dans la fabrication de son rêve. En 1997, à 20 ans, elle crée un orchestre avec des étudiants, qui deviendra en 2002 une réelle structure professionnelle. C'est Divertimento, une formation qui compte aujourd'hui 70 musiciens.
A cette époque aussi, la famille Ziouani ne va plus en Algérie. La situation politique ne le permet pas. Il leur faudra attendre dix ans pour y retourner.
France-Algérie, « je t'aime moi non plus »
En 2007, Zahia Ziouani est nommée premier chef invité de l'Orchestre national d'Algérie, unique en son genre dans le pays. Aujourd'hui, il existe un réel engouement pour la musique classique et la chef d'orchestre bénéficie d'une grande médiatisation. Elle a établi au fil du temps de multiples coopérations entre Divertimento et la formation algérienne.
« J'ai dirigé un concert en Algérie en octobre 2010 alors qu'il y avait de grandes tensions entre les deux pays. L'histoire entre la France et l'Algérie, c'est un peu " je t'aime moi non plus !"
J'ai fait jouer des musiciens algériens et français ensemble, ce qui a créé de belles rencontres. En mêlant les deux orchestres, j'ai voulu dire que les relations entre les deux pays, ce n'était pas seulement cette tension, et qu'il y a cinquante ans, cela avait été douloureux pour tout le monde. »
C'est ainsi que le 11 septembre, une quinzaine de solistes de l'Orchestre national d'Algérie joueront aux côtés des musiciens français de Divertimento, dans un programme qui mêlera musique classique européenne, musique classique arabe et musique traditionnelle. Un superbe programme.
« Je ne me laisse pas faire ! »
Si elle refuse résolument la stigmatisation de ses origines, Zahia Ziouani admet qu'elle connaît une difficulté : son jeune âge. Elle concède aussi, mais du bout des lèvres, qu'être une femme dans le milieu musical, un monde très masculin, voire « macho », n'est pas aisé.
« Mais je ne me laisse pas faire, assène-t-elle. Il faut installer son autorité et savoir se faire respecter ».
Respect, un mot que sa sœur Fettouma accole volontiers à ce qui guide l'action de Zahia Ziouani. Nommée directrice de l'école municipale de musique et de danse de la ville de Stains, elle fait régner la discipline dans l'établissement.
Elle demande aux garçons d'enlever leurs casquettes dès qu'ils entrent dans l'école et n'autorise pas les filles à porter le voile.
Elle n'est pas d'accord non plus pour que les enfants ne viennent pas à l'école les jours de fêtes religieuses. « Des règles de bonne conduite qui s'appliquent à tout le monde », dit-elle très simplement.
Elle œuvre aussi pour que toutes les populations y soient représentées. Son ambition, créer un lieu où les enfants, quel que soit leur contexte familial et social, aient accès à la pratique et au savoir musical, avec tout ce que cela comporte de difficultés. Un lieu où le respect est réciproque. Où l'exigence est la réponse à l'adversité. Un lieu de partage de la musique.
Pas l'ombre d'un zeste
de démagogie
Il faut avoir vu Zahia Ziouani répéter avec les jeunes de l'orchestre Demos, ce programme d'éducation musicale classique mis en place dans les zones urbaines sensibles : chacune de ses phrases ponctuée par « merci jeunes gens », « s'il vous plaît » est l'expression de l'égard qu'elle montre à ces enfants, qui, par réciprocité, lui manifestent le même. Sans l'ombre d'un zeste de démagogie.
Au violoniste Jean-Marc Phillips-Varjabedian, qui joue très souvent sous sa direction ainsi que le violoncelliste Raphaël Pidoux, le mot de la fin : « Elle a bien les pieds sur terre et en même temps, elle est très touchante. Elle a su habilement contourner les sirènes des politiques, en restant très droite. Lors de notre dernier concert à la Cité de la musique, la salle était pleine de gens du 93 qui avaient traversé le périphérique. Si tout le monde faisait comme elle, il y aurait peut-être moins de problèmes dans les banlieues. »
En kabyle, « zahia » signifie porte-bonheur.
Zahia Ziouani en six dates :
1978 : naissance à Paris.
1986 : entre au Conservatoire de Pantin. 2002 : création de l'orchestre Divertimento.
2006 : reçoit le Trophée de la réussite au féminin.
2007 : nommée premier chef invité de l'Orchestre national d'Algérie.
2010 : publie La Chef d'orchestre (éd. Anne Carrière).
Le 11 septembre à la Cité de la musique, elle dirige son orchestre Divertimento au cours d'un concert qui ouvre un cycle commémorant les cinquante ans de l'indépendance de l'Algérie.
Zahia Ziouani, c'est un roc que rien ne semble pouvoir entamer, une battante dont l'arme fatale est la douceur et le carburant, une détermination immarcescible. « Ce qui compte, c'est mon engagement musical et artistique », affirme-t-elle.
Zahia Ziouani ne veut pas que son cas soit un cas, justement, et elle oppose un refus extrêmement poli mais catégorique à toute tentative visant à l'enfermer dans des clichés. Mieux vaut la laisser raconter, à sa manière...
Une lignée de fortes femmes
« Dans ma famille, il y a une lignée de fortes femmes. Ma grand-mère a combattu pour que les femmes puissent s'exprimer et prendre des responsabilités. Elle a joué aussi un rôle important pendant la guerre pour aider les Algériens à s'affranchir.
Ma mère, qui a fait des études supérieures, a hérité de cette opiniâtreté. Moi, je suis née en France. Je suis heureuse d'avoir grandi ici et de vivre ici, mais j'étais curieuse aussi de connaître mes racines. »
Juste après la guerre, son père s'installe en France où il apprend à lire, et à aimer la musique classique qu'il découvre à la radio. Il ne travaille pas très loin de la salle Pleyel et n'hésite pas à en franchir le seuil.
Lorsqu'il s'y rend pour la première fois, c'est pour entendre, en trio, les trois plus grands monstres sacrés du XXème siècle : le pianiste Sviatoslav Richter, le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, et le violoniste Yehudi Menuhin !
Mozart et Beethoven à la maison
A la maison, chez les Ziouani, on écoute des symphonies de Mozart ou de Beethoven. Tant pis pour les clichés : ces musiques-là passent très bien le périphérique.
Les trois enfants – un garçon et les jumelles, Zahia et Fettouma qui est devenue violoncelliste – sont inscrits au conservatoire de Pantin. Quand leur mère allait les chercher à l'école, elle apportait leurs instruments puis les conduisait au conservatoire. Quant à leur père, il leur faisait lire chaque jour un article du Monde. Zahia Ziouani s'insurge : « Quand on parle de la banlieue, on n'évoque jamais les gens qui travaillent comme des fous, qui sont très modestes et qui font plein de sacrifices pour leurs enfants. On parle seulement de ce qui ne va pas ! »
Zahia entre au Conservatoire à 8 ans. Elle apprend d'abord la guitare classique (elle en avait commandé une au Père Noël), puis se met au violon alto quand elle réalise qu'il n'y a pas de guitare dans « la musique qu'elle écoute avec papa ».
A 11 ans, elle joue pour la première fois dans un orchestre et observe, de cette position privilégiée, le travail du chef.
Des posters de chefs dans sa chambre d'ado
A 13 ans, c'est le coup de foudre : l'adolescente découvre ce qu'est le travail du chef d'orchestre en dirigeant, le temps d'une courte pièce, la formation des élèves du conservatoire. Elle sera chef, c'est décidé. Dans sa chambre, elle accroche les posters de ses maestros préférés : Wilhelm Furtwängler, Sergiu Celibidache et Herbert von Karajan.
« A partir de ce jour, j'ai passé beaucoup de temps à écouter la musique en lisant en même temps les partitions. Je comparais les différentes interprétations, j'essayais de comprendre ce qui se passait.
Et puis, alors que j'avais 16 ans, j'ai eu la chance d'être sélectionnée pour étudier la direction auprès du maestro Sergiu Celibidache, qui m'a énormément marquée... ». Avec plusieurs premiers prix en poche (alto, guitare classique, musique de chambre) puis une maîtrise de musicologie obtenue à la Sorbonne (Paris-IV), Zahia Ziouani se lance dans la fabrication de son rêve. En 1997, à 20 ans, elle crée un orchestre avec des étudiants, qui deviendra en 2002 une réelle structure professionnelle. C'est Divertimento, une formation qui compte aujourd'hui 70 musiciens.
A cette époque aussi, la famille Ziouani ne va plus en Algérie. La situation politique ne le permet pas. Il leur faudra attendre dix ans pour y retourner.
France-Algérie, « je t'aime moi non plus »
En 2007, Zahia Ziouani est nommée premier chef invité de l'Orchestre national d'Algérie, unique en son genre dans le pays. Aujourd'hui, il existe un réel engouement pour la musique classique et la chef d'orchestre bénéficie d'une grande médiatisation. Elle a établi au fil du temps de multiples coopérations entre Divertimento et la formation algérienne.
« J'ai dirigé un concert en Algérie en octobre 2010 alors qu'il y avait de grandes tensions entre les deux pays. L'histoire entre la France et l'Algérie, c'est un peu " je t'aime moi non plus !"
J'ai fait jouer des musiciens algériens et français ensemble, ce qui a créé de belles rencontres. En mêlant les deux orchestres, j'ai voulu dire que les relations entre les deux pays, ce n'était pas seulement cette tension, et qu'il y a cinquante ans, cela avait été douloureux pour tout le monde. »
C'est ainsi que le 11 septembre, une quinzaine de solistes de l'Orchestre national d'Algérie joueront aux côtés des musiciens français de Divertimento, dans un programme qui mêlera musique classique européenne, musique classique arabe et musique traditionnelle. Un superbe programme.
« Je ne me laisse pas faire ! »
Si elle refuse résolument la stigmatisation de ses origines, Zahia Ziouani admet qu'elle connaît une difficulté : son jeune âge. Elle concède aussi, mais du bout des lèvres, qu'être une femme dans le milieu musical, un monde très masculin, voire « macho », n'est pas aisé.
« Mais je ne me laisse pas faire, assène-t-elle. Il faut installer son autorité et savoir se faire respecter ».
Respect, un mot que sa sœur Fettouma accole volontiers à ce qui guide l'action de Zahia Ziouani. Nommée directrice de l'école municipale de musique et de danse de la ville de Stains, elle fait régner la discipline dans l'établissement.
Elle demande aux garçons d'enlever leurs casquettes dès qu'ils entrent dans l'école et n'autorise pas les filles à porter le voile.
Elle n'est pas d'accord non plus pour que les enfants ne viennent pas à l'école les jours de fêtes religieuses. « Des règles de bonne conduite qui s'appliquent à tout le monde », dit-elle très simplement.
Elle œuvre aussi pour que toutes les populations y soient représentées. Son ambition, créer un lieu où les enfants, quel que soit leur contexte familial et social, aient accès à la pratique et au savoir musical, avec tout ce que cela comporte de difficultés. Un lieu où le respect est réciproque. Où l'exigence est la réponse à l'adversité. Un lieu de partage de la musique.
Pas l'ombre d'un zeste
de démagogie
Il faut avoir vu Zahia Ziouani répéter avec les jeunes de l'orchestre Demos, ce programme d'éducation musicale classique mis en place dans les zones urbaines sensibles : chacune de ses phrases ponctuée par « merci jeunes gens », « s'il vous plaît » est l'expression de l'égard qu'elle montre à ces enfants, qui, par réciprocité, lui manifestent le même. Sans l'ombre d'un zeste de démagogie.
Au violoniste Jean-Marc Phillips-Varjabedian, qui joue très souvent sous sa direction ainsi que le violoncelliste Raphaël Pidoux, le mot de la fin : « Elle a bien les pieds sur terre et en même temps, elle est très touchante. Elle a su habilement contourner les sirènes des politiques, en restant très droite. Lors de notre dernier concert à la Cité de la musique, la salle était pleine de gens du 93 qui avaient traversé le périphérique. Si tout le monde faisait comme elle, il y aurait peut-être moins de problèmes dans les banlieues. »
En kabyle, « zahia » signifie porte-bonheur.
Zahia Ziouani en six dates :
1978 : naissance à Paris.
1986 : entre au Conservatoire de Pantin. 2002 : création de l'orchestre Divertimento.
2006 : reçoit le Trophée de la réussite au féminin.
2007 : nommée premier chef invité de l'Orchestre national d'Algérie.
2010 : publie La Chef d'orchestre (éd. Anne Carrière).


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