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Bonnes feuilles
Publié dans Le Midi Libre le 10 - 07 - 2008

Je me rappellerai toujours cette expression de mépris que j'entendais souvent autour de moi: «Les Chawis se sont jetés dans l'oued! »
C'était vrai, le Chawi bâtisseur avait confié son choix au destin et ce .demier lui réserva un terrain enclavé en plein cœur d'Alger. Il l'accepta et demanda à ce que Dieu le bénisse. Son instinct l'aurait guidé encore une fois. Ce site quoique complexe présentait une richesse des plus exceptionnelles. Cette assiette était traversée par Oued Kniss, un oued sec depuis plusieurs décennies et portait en lui toute une mémoire, une histoire millénaire. Il y avait des traces des fabuleux jardins coloniaux, quelques puits encore en fonction, un. marabout y était enterré et surtout un aqueduc de la période ottomane. Du coup, cet oued où se seraient jetés les Chawis prit une grande valeur. Une valeur historique inestimable. Une valeur de patrimoine national.
Mon bonhomme de bâtisseur, candide, me sortit une explication à son choix aussi naïve que fraîche.
- Tu sais mon enfant, je suis un enfant des Aurès, jamais un oued ne pourra me faire peur. Les anciens dont je suis le descendant nous avaient toujours enseigné de suivre le parcours de l'oued pour nous sédentariser comme l'avaient fait avant nous les anciens Egyptiens autour du Nil. Ne nous sommes-nous pas toujours installés sur les rives de notre Ighzer Amellal, la Vallée Blanche que beaucoup nous envient aujourd'hui? Ne vient-on pas des contrées les plus lointaines pour admirer nos falaises cyclopéennes de Tighanimin, les Balcons de notre Ghoufi national et la somptueuse oasis de Timsunin? Tout notre patrimoine se trouve sur le parcours de la rivière. Alors un petit oued de la capitale ne peut pas faire peur au Chawi que je suis.
Une explication judicieuse qui en valait mille autres.
La conception du projet avec le maître d'œuvre fut un véritable bras de fer. Ce dernier cherchait à imposer un design d'inspiration égyptienne alors que mon Chawi voulait une architecture typiquement algérienne. Un design sobre se référant au vécu de la famille algérienne.
Un combat titanesque se préparait. Non seulement l'étude devait subir des adaptations conformes au site mais aussi des modifications de ses cellules aux normes occidentales où la cuisine se limitait à une surface réduite et où la terrasse perdait toute sa fonctionnalité et redevenait un accessoire sans utilité.
L'ingénieux se confia à sa princesse de femme et lui demanda conseil. Celle-ci aussi perspicace qu'à son habitude sut le guider en reprenant avec lui chacun des détails dans la conception dimensionnelle et fonctionnelle de la maison. N'est-ce pas la femme qui, seule, gère le vécu de cet espace lui appartenant? Les terrasses reprirent leur rôle par rapport aux cuisines qui se retrouvèrent être l'espace le plus important en dimension du vécu de la famille. Un grand placard fut conçu pour la réserve familiale. Il fut laissé même un espace pour la tabouna traditionnelle pour la cuisson du pain quotidien. Les dégagements se voyaient plus aérés, les séjours s'approprièrent les balcons qui ne servaient plus à rien. La chambre des parents se confondit à une partie du balcon pour donner place à un dressing et à un espace-bureau. Le logement était revu dans une dimension de confort tout autre. Un confort à l'autochtone où il fait bon de vivre.
Il n'était pas facile d'imposer ses vues à ces requins de l'immobilier même après s'être fait un nom honorable et honnête dans le métier. J'imagine alors ce que pouvait être le début de cet homme dans les années cinquante, alors que la Guerre de libération allait emporter le pays dans une tourmente qui durera sept années où les Chawis montreront leur vrai visage d'hommes libres. Nul joug n'a su ou pu les plier malgré le passage incessant des envahisseurs cherchant à y installer leurs colonies. L'Aurès est né libre et à jamais il le restera.
Dès 1954, avec le début de la guerre, le bâtisseur sillonnera les Aurès avec sa propre entreprise et commencera son aventure de maître d'ouvrage avec la réalisation des routes départementales.
Lors de ces années sombres, obtenir des projets à exécuter, surtout pour un indigène, n'était pas une chose aisée. Il fallait du sérieux et de la vigilance pour être considéré par le colon qui avait toutes ses raisons de douter de tous les Chawis, car tous acquis à la cause du pays en guerre. Cependant le colon utilisait ces petites entreprises comme de la chair à canon. Il leur donnait des projets que lui-même ne pouvait exécuter car les risques étaient trop grands. .
De petits projets en petits projets, l'entreprise prit son essor et se spécialisa dans le bâtiment. Mon extravagant maître allait tout investir dans l'achat de terrains.
- Mieux vaut un terrain qui dort que de laisser son argent entre les mains d'un banquier véreux. Il ne faut jamais hésiter. Toute opportunité en ce domaine doit être saisie.
Quand il n'avait rien à faire pour cause d'intempérie, il sortait et allait se cacher sur un de ses chantiers pour en admirer l'avancée et profiter de ce plaisir de humer du béton.
Je me rappellerai toujours cette expression de mépris que j'entendais souvent autour de moi: «Les Chawis se sont jetés dans l'oued! »
C'était vrai, le Chawi bâtisseur avait confié son choix au destin et ce .demier lui réserva un terrain enclavé en plein cœur d'Alger. Il l'accepta et demanda à ce que Dieu le bénisse. Son instinct l'aurait guidé encore une fois. Ce site quoique complexe présentait une richesse des plus exceptionnelles. Cette assiette était traversée par Oued Kniss, un oued sec depuis plusieurs décennies et portait en lui toute une mémoire, une histoire millénaire. Il y avait des traces des fabuleux jardins coloniaux, quelques puits encore en fonction, un. marabout y était enterré et surtout un aqueduc de la période ottomane. Du coup, cet oued où se seraient jetés les Chawis prit une grande valeur. Une valeur historique inestimable. Une valeur de patrimoine national.
Mon bonhomme de bâtisseur, candide, me sortit une explication à son choix aussi naïve que fraîche.
- Tu sais mon enfant, je suis un enfant des Aurès, jamais un oued ne pourra me faire peur. Les anciens dont je suis le descendant nous avaient toujours enseigné de suivre le parcours de l'oued pour nous sédentariser comme l'avaient fait avant nous les anciens Egyptiens autour du Nil. Ne nous sommes-nous pas toujours installés sur les rives de notre Ighzer Amellal, la Vallée Blanche que beaucoup nous envient aujourd'hui? Ne vient-on pas des contrées les plus lointaines pour admirer nos falaises cyclopéennes de Tighanimin, les Balcons de notre Ghoufi national et la somptueuse oasis de Timsunin? Tout notre patrimoine se trouve sur le parcours de la rivière. Alors un petit oued de la capitale ne peut pas faire peur au Chawi que je suis.
Une explication judicieuse qui en valait mille autres.
La conception du projet avec le maître d'œuvre fut un véritable bras de fer. Ce dernier cherchait à imposer un design d'inspiration égyptienne alors que mon Chawi voulait une architecture typiquement algérienne. Un design sobre se référant au vécu de la famille algérienne.
Un combat titanesque se préparait. Non seulement l'étude devait subir des adaptations conformes au site mais aussi des modifications de ses cellules aux normes occidentales où la cuisine se limitait à une surface réduite et où la terrasse perdait toute sa fonctionnalité et redevenait un accessoire sans utilité.
L'ingénieux se confia à sa princesse de femme et lui demanda conseil. Celle-ci aussi perspicace qu'à son habitude sut le guider en reprenant avec lui chacun des détails dans la conception dimensionnelle et fonctionnelle de la maison. N'est-ce pas la femme qui, seule, gère le vécu de cet espace lui appartenant? Les terrasses reprirent leur rôle par rapport aux cuisines qui se retrouvèrent être l'espace le plus important en dimension du vécu de la famille. Un grand placard fut conçu pour la réserve familiale. Il fut laissé même un espace pour la tabouna traditionnelle pour la cuisson du pain quotidien. Les dégagements se voyaient plus aérés, les séjours s'approprièrent les balcons qui ne servaient plus à rien. La chambre des parents se confondit à une partie du balcon pour donner place à un dressing et à un espace-bureau. Le logement était revu dans une dimension de confort tout autre. Un confort à l'autochtone où il fait bon de vivre.
Il n'était pas facile d'imposer ses vues à ces requins de l'immobilier même après s'être fait un nom honorable et honnête dans le métier. J'imagine alors ce que pouvait être le début de cet homme dans les années cinquante, alors que la Guerre de libération allait emporter le pays dans une tourmente qui durera sept années où les Chawis montreront leur vrai visage d'hommes libres. Nul joug n'a su ou pu les plier malgré le passage incessant des envahisseurs cherchant à y installer leurs colonies. L'Aurès est né libre et à jamais il le restera.
Dès 1954, avec le début de la guerre, le bâtisseur sillonnera les Aurès avec sa propre entreprise et commencera son aventure de maître d'ouvrage avec la réalisation des routes départementales.
Lors de ces années sombres, obtenir des projets à exécuter, surtout pour un indigène, n'était pas une chose aisée. Il fallait du sérieux et de la vigilance pour être considéré par le colon qui avait toutes ses raisons de douter de tous les Chawis, car tous acquis à la cause du pays en guerre. Cependant le colon utilisait ces petites entreprises comme de la chair à canon. Il leur donnait des projets que lui-même ne pouvait exécuter car les risques étaient trop grands. .
De petits projets en petits projets, l'entreprise prit son essor et se spécialisa dans le bâtiment. Mon extravagant maître allait tout investir dans l'achat de terrains.
- Mieux vaut un terrain qui dort que de laisser son argent entre les mains d'un banquier véreux. Il ne faut jamais hésiter. Toute opportunité en ce domaine doit être saisie.
Quand il n'avait rien à faire pour cause d'intempérie, il sortait et allait se cacher sur un de ses chantiers pour en admirer l'avancée et profiter de ce plaisir de humer du béton.


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