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De gros risques à prix réduits !
Les magasins de «faux» parfums prolifèrent
Publié dans Le Midi Libre le 20 - 08 - 2009

Le parfum fut le symbole de noblesse au temps de la grande civilisation égyptienne, les plantes odorantes étaient cultivées par les anciens. Depuis, le parfum a une grande place dans notre quotidien. Cependant, les parfumeries refilent des produits d'imitation certains sont faits sous licence. Mais ils sont loin de répondre aux normes internationales. La production nationale est très faible ce qui ouvre grand la voie à la contrebande. L'Asie et le Moyen-Orient constituent les destinations privilégiées pour les importateurs algériens. De plus, les magasins de parfum poussent comme des champignons sans pour autant qu'il y ait un chimiste pour chaque boutique d'où le risque de fourguer un mauvais parfum avec du méthyle au lieu de l'éthyle, ce qui peut provoquer des réactions dermiques. Mais le prix prend le pas sur la qualité. Le ministère du Commerce, quant à lui , tire la sonnette d'alarme et paradoxalement, les douanes ont enregistré une hausse des produits saisis.
Le parfum fut le symbole de noblesse au temps de la grande civilisation égyptienne, les plantes odorantes étaient cultivées par les anciens. Depuis, le parfum a une grande place dans notre quotidien. Cependant, les parfumeries refilent des produits d'imitation certains sont faits sous licence. Mais ils sont loin de répondre aux normes internationales. La production nationale est très faible ce qui ouvre grand la voie à la contrebande. L'Asie et le Moyen-Orient constituent les destinations privilégiées pour les importateurs algériens. De plus, les magasins de parfum poussent comme des champignons sans pour autant qu'il y ait un chimiste pour chaque boutique d'où le risque de fourguer un mauvais parfum avec du méthyle au lieu de l'éthyle, ce qui peut provoquer des réactions dermiques. Mais le prix prend le pas sur la qualité. Le ministère du Commerce, quant à lui , tire la sonnette d'alarme et paradoxalement, les douanes ont enregistré une hausse des produits saisis.
Le renchérissement de l'euro a poussé à la hausse le prix des parfums de marque. En conséquence, le marché algérien est aujourd'hui envahi par des produits contrefaits. Certains consommateurs en sont même venus à penser qu'il est préférable d'utiliser des produits d'imitation que des produits étiquetés. Au moins, ils connaissent la composition des imitations ! Ces parfums répondent-ils aux normes internationales de fabrications et respectent-ils toutes les mesures d'hygiène pour la bonne santé du consommateur? Loin de parler de la production nationale des parfums qui reste, malheureusement très faible, à l'instar de celle d'autres produits, l'enquête de l'Office national des statistiques (ONS), qui porte sur le type et le rythme d'activité industrielle et non sur les productions, indique que 62% du potentiel de production du secteur privé ont connu un taux d'utilisation des capacités de productions inférieur à 75%. Dans le secteur public, en revanche, près de 40% du potentiel de production installé ont utilisé leurs capacités de production à moins de 75%. Cette enquête vient rappeler la triste réalité de la contrebande et de la contrefaçon qui est en train de prendre des proportions alarmantes. la Chine, la Turquie, Dubaï… constituent, aujourd'hui, une destination privilégiée des gros importateurs algériens. Et il est communément admis que la contrefaçon dans ce bassin d'importation représente 70% de la production. Le ministère du Commerce a déjà tiré la sonnette d'alarme au sujet de la contrefaçon des parfums et des produits cosmétiques. Les Douanes ont enregistré une hausse record de produits de contrefaçon importés. Les produits cosmétiques et d'hygiène occupent la première place des produits saisis, avec 30,86% des prises. En 2007, ils ont saisi plus de deux millions d'articles contrefaits lors d'une cinquantaine d'interventions. Ce n'est pas tant le contrôle aux frontières algériennes qui fait défaut, mais parce que les services de contrôle sont tout simplement débordés par une contrebande presque générale et qui fait feu de tout bois. Des produits de contrebande, donc de contrefaçon, qui trouvent un terrain fertile dans le millier de marchés, brassent, à eux seuls, l'équivalent du chiffre d'affaires de toutes les petites et moyennes entreprises du pays, dans des transactions où la production nationale est quasiment absente. C'est une réalité : en matière de prix, l'importation de ces produits luxueux et surtout ceux de grandes marques, ne peut pas soutenir la comparaison avec les produits de contrebande contrefaits. Ces derniers se targuent d'offrir, paradoxalement un rapport qualité-prix avantageux.
Le parfum, symbole de noblesse autrefois
Utilisées en fumigations pour honorer les dieux et accompagner le passage de la vie à la mort, les plantes odorantes cultivées par les anciens égyptiens étaient un symbole de noblesse et de divinité. Les aromates jouent aussi un grand rôle dans la conservation des corps, par embaumement. Bientôt, les parfums se mettent au service de la beauté, sous forme d'onguents, d'huiles ou même, plaisir suprême, de petits cônes qui, en fondant, parfument les cheveux. Certaines matières, comme les bois odoriférants, sont importées de Libye ou d'Arabie Saoudite. D'abord stockés dans des récipients en terre cuite, les parfums sont ensuite conservés dans des flacons en albâtre. Comme en Egypte, on brûle de l'encens pour rendre hommage aux dieux et sans parfum, point de salut de l'âme. Le parfum accompagne naissances et mariages et devient une véritable source d'agrément. Chez les Grecs, le parfum est «un remède pour soigner les rhumes, les refroidissements et la mauvaise humeur». La palette des substances s'enrichit d'huiles parfumées aux fleurs qui s'ajoutent aux gommes, résines et baumes. Les Romains, de leurs côté, et après une période d'ignorance de l'hygiène, accordent une grande place au parfum. En devenant maître de l'Egypte, Auguste s'empare de son empire commercial faisant de Rome le principal port de la Méditerranée, qui s'enrichit du commerce des composants entrant dans la fabrication du parfum. Des textes, comme ceux de Pline l'Ancien, recensent les centaines de parfums débités dans les officines, puis préparés en onguents, pastilles, poudres et sapo, l'ancêtre du savon.
L'art de se parfumer
La parfum a une grande place dans notre quotidien; alors, pour tout savoir sur l'utilisation du parfum pour ne pas en perdre une goutte, nous avons interrogé Ami Omar, un propriétaire d'un de ces magasins de parfums et qui compte prochainement ouvrir une petite usine de fabrication de parfum comme il a acquis une grande expérience dans le domaine. «Plus de 25 ans et je suis resté plus de 18 ans en Arabie saoudite où j'ai appris tout ce qu'il y a à savoir sur les parfums et leur fabrication, conservation et commercialisation aussi». Ami Omar nous explique, la structure traditionnelle de chaque parfum : «appelée pyramide olfactive, elle se partage en trois groupes et décrit les notes que l'on sent au fur et à mesure de l'évolution du parfum dans le temps. La première, la note de tête: c'est la note la plus volatile, celle que l'on sent juste après avoir vaporisé le parfum. Elle correspond à une note fraîche et verte, comme la lavande, les hespéridés, le romarin ou le laurier, et peut durer deux heures; la seconde, c'est la note de cœur : se développe pendant plusieurs heures et constitue l'odeur caractéristique du parfum. La plupart des senteurs florales en font partie(muguet, jasmin, chèvrefeuille, violette, rose, magnolia); enfin, la note de fond qui s'évapore lentement, parfois pendant plusieurs jours. Elle a pour fonction de fixer le parfum, pour le faire durer dans le temps, et c'est sur elle que s'appuient les notes de tête et de cœur. Ce sont le vétivier, le patchouli, le musc, le santal, la vanilline…etc.» Ami Omar nous a aussi expliqué la différence qu'il y a entre l'extrait de parfum, l'eau de parfum et l'eau de toilette : l'extrait de parfum contient entre 20 et 40% de concentré de parfum, l'eau de parfum contient entre 10 et 15 % de concentré de parfum, L'eau de toilette contient moins de 10 % de concentré de parfum.
Les spécialistes avertissent
Comme on le sait tous, le parfum est un produit vivant et délicat, il convient de le laisser à l'abri de la lumière et de la chaleur pour le préserver, «ce qui n'est pas toujours le cas dans ces magasins dont la majorité d'entre eux ne respectent guère ces mesures de conservation, ce qui peut être très dangereux pour la santé du consommateur qui, attiré par les prix, néglige souvent ces importants détails», nous affirme M Saheli, un chimiste qui travaille pour une entreprise de fabrication de produits cosmétiques et de parfums sous licence d'une grande marque Européenne. «Les composants de ces produits «imités», posent aussi un problème, parce que chacune de ces boutiques a sa propre formule. Vous pourriez trouver une grande différence dans les mesures de chaque composant d'un magasin à un autre, la recette consiste en un mélange de 20 à 45% d'essence de parfum, 10% d'eau distillée et le reste d'alcool. Chaque parfumerie semble avoir ses propres compositions», explique M Saheli. «Je doute très fort qu' il y ait un chimiste ou un laborantin dans chaque boutique pour bien mesurer les composants», ajoute t-il. Pour exemple, «on peut bien employer de l'alcool de mauvaise qualité comme le méthyle au lieu de l'éthyle, beaucoup plus cher, pour réaliser un maximum de gains», articule-t-il. Mais la majorité des gérants des parfumeries interrogés se défendent d'utiliser de telles ruses. Un autre inconvénient qui parait bien négligé par le consommateur algérien, que par les autorités concernées et même les défenseurs des consommateurs est hélas celui des mesures d'hygiène; dans ces magasins où on n'a pratiquement jamais vu un vendeur qui fait lui-même le mélange des composants du parfum choisi par son client, porter des gants ou prendre la moindre mesure pour éviter la transmission de bactéries par ses mains au liquide injecté par la même seringue des milliers de fois, si ce n'est la même depuis l'ouverture de son magasin, alors qu'un parfum a un rapport directe avec la peau qui pourrait à son tour attraper des maladies dermatologiques, nous a expliqué M Kheladi, un professeur dermatologue en disant que «la peau peut être exposée à tout risques, il y a certaines microbes qui se transmettent par manque d'hygiène surtout à ceux qui ont une peau sensible»; d'ailleurs même les composants d'un parfum peuvent agir d'une manière nocive sur certaines peaux alors qu'ils ne produisent aucun effet chez d'autres. «Le parfum s'exprime donc différemment sur chaque personne et crée, au contact de sa peau, une alchimie unique. C'est connu que la peau modifie par exemple même l'odeur du parfum, et plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : le PH (acide ou basique), le taux de lipides (peau grasse ou sèche), le relief cutané qui retient plus ou moins les odeurs et aussi la température du corps, l'alimentation, le climat et c'est pareil pour la transmission d'un germe apporté par un parfum, chaque peau réagit selon ses caractéristique. Mais les mesures d'hygiènes dans tous les cas, sont indispensable pour protéger le consommateur de tout risque même le plus infime», ajoute le professeur.
Le prix plus important que la qualité ?
A l'intérieur de l'une des ces surfaces ou se vendent des parfums d'imitation, implantés un peu partout dans les rues de la capitales, devant les flacons qui ornent le comptoir de la boutique, Nassima rêve en feuilletant le catalogue des grandes marques proposées à l'imitation. Secrétaire dans une entreprise publique, Nassima envisage de s'offrir pas moins de cinq copies de parfums de luxe pour son trousseau de mariée. «Même en achetant une douzaine de ces copies, cela ne coûte pas autant qu'un seul flacon d'un parfum d'origine, je suis gagnante. Les deux parfums ont la même senteur, sauf que les copies ne durent pas aussi longtemps», explique-t-elle. «Je dois penser à l'organisation de mon mariage, je ne peux me permettre d'acheter un parfum qui coûte la moitié de mon salaire, ce serait insensé» ajoute-t-elle. Alors, elle choisit soigneusement des flacons en cristal dans lesquels seront versées les imitation. Ces fragrances censées incarner le rêve, la sensualité et le désir ne portent pas d'étiquettes ni de signe particulier. Les clients choisissent des flacons anonymes rechargeables pour des copies de marques célèbres. «Même dans les boutiques les plus luxueuses, on risque de trouver des produits qui peuvent nuire à la santé», affirme Fatima, une enseignante qui achète régulièrement des parfums d'imitation. «Aussi autant acheter de tels produits qui correspondent à nos revenus puisque la contrefaçon et les risques sont partout». Les vendeurs de parfum d'imitation s'empressent de dire que leurs imitations ne sont pas préjudiciables aux marques. «Nous faisons de l'imitation, pas de la contrefaçon. Les extraits de base sont originaux. Nous faisons des produits d'excellente qualité», souligne un gérant de magasin. «Rares sont les personnes qui peuvent s'offrir un parfum à 7.000 dinars ou plus», ajoute-t-il. «Il y a peut-être une minorité d'individus qui peuvent en acheter à l'occasion de voyages à l'étranger, mais pour la grande majorité des Algériens, dont les salaires atteingnent difficilement les 15.000 dinars, c'est un produit de luxe». L'un des gérants de la boutique insiste sur le fait que les produits qu'ils importent sont contrôlés par des laboratoires européens. «Nous avons des certificats d'analyse et de conformité. Il y a aussi les services de contrôle de qualité et de répression d'éventuelles fraudes pratiquées par le ministère du Commerce», nous assure-t-il. Les prix varient d'une parfumerie à l'autre, mais comme le souligne un vendeur, «ces parfums sont dix fois moins chers que les originaux». Les spécialistes du secteur reconnaissent que la demande de produits de marque est fonction du revenu des personnes. Le prix des parfums français peut être inabordable pour beaucoup, et les imitations répondent à un besoin, en particulier du fait que, comme l'explique l'un des gérants d'El Baraka à Magharebia, il existe désormais «une culture du parfum en Algérie». A El Baraka, un flacon de 50 ml coûte en moyenne 500 dinars, tandis qu'aux Parfumeries d'Andalousie, les flacons de 50 ml se vendent 800 dinars. Les prix sont globalement les mêmes pour tous les parfums d'imitation. Dans les boutiques de luxe, le prix d'un flacon de 50 ml d'un parfum d'origine oscille entre 5.200 et 8.000 dinars. Des études lui ont permis de connaître le niveau de qualité recherché par les Algériens, explique un fabricant de parfums et de produits cosmétiques à Birkhadem. «J'ai effectué plusieurs tests; entre autres, j'ai présenté différentes gammes de plantes odorantes à des personnes, de la plus chère à la plus mauvaise qualité. Résultat : la majorité d'entre elles a préféré le produit de moindre qualité.
Le renchérissement de l'euro a poussé à la hausse le prix des parfums de marque. En conséquence, le marché algérien est aujourd'hui envahi par des produits contrefaits. Certains consommateurs en sont même venus à penser qu'il est préférable d'utiliser des produits d'imitation que des produits étiquetés. Au moins, ils connaissent la composition des imitations ! Ces parfums répondent-ils aux normes internationales de fabrications et respectent-ils toutes les mesures d'hygiène pour la bonne santé du consommateur? Loin de parler de la production nationale des parfums qui reste, malheureusement très faible, à l'instar de celle d'autres produits, l'enquête de l'Office national des statistiques (ONS), qui porte sur le type et le rythme d'activité industrielle et non sur les productions, indique que 62% du potentiel de production du secteur privé ont connu un taux d'utilisation des capacités de productions inférieur à 75%. Dans le secteur public, en revanche, près de 40% du potentiel de production installé ont utilisé leurs capacités de production à moins de 75%. Cette enquête vient rappeler la triste réalité de la contrebande et de la contrefaçon qui est en train de prendre des proportions alarmantes. la Chine, la Turquie, Dubaï… constituent, aujourd'hui, une destination privilégiée des gros importateurs algériens. Et il est communément admis que la contrefaçon dans ce bassin d'importation représente 70% de la production. Le ministère du Commerce a déjà tiré la sonnette d'alarme au sujet de la contrefaçon des parfums et des produits cosmétiques. Les Douanes ont enregistré une hausse record de produits de contrefaçon importés. Les produits cosmétiques et d'hygiène occupent la première place des produits saisis, avec 30,86% des prises. En 2007, ils ont saisi plus de deux millions d'articles contrefaits lors d'une cinquantaine d'interventions. Ce n'est pas tant le contrôle aux frontières algériennes qui fait défaut, mais parce que les services de contrôle sont tout simplement débordés par une contrebande presque générale et qui fait feu de tout bois. Des produits de contrebande, donc de contrefaçon, qui trouvent un terrain fertile dans le millier de marchés, brassent, à eux seuls, l'équivalent du chiffre d'affaires de toutes les petites et moyennes entreprises du pays, dans des transactions où la production nationale est quasiment absente. C'est une réalité : en matière de prix, l'importation de ces produits luxueux et surtout ceux de grandes marques, ne peut pas soutenir la comparaison avec les produits de contrebande contrefaits. Ces derniers se targuent d'offrir, paradoxalement un rapport qualité-prix avantageux.
Le parfum, symbole de noblesse autrefois
Utilisées en fumigations pour honorer les dieux et accompagner le passage de la vie à la mort, les plantes odorantes cultivées par les anciens égyptiens étaient un symbole de noblesse et de divinité. Les aromates jouent aussi un grand rôle dans la conservation des corps, par embaumement. Bientôt, les parfums se mettent au service de la beauté, sous forme d'onguents, d'huiles ou même, plaisir suprême, de petits cônes qui, en fondant, parfument les cheveux. Certaines matières, comme les bois odoriférants, sont importées de Libye ou d'Arabie Saoudite. D'abord stockés dans des récipients en terre cuite, les parfums sont ensuite conservés dans des flacons en albâtre. Comme en Egypte, on brûle de l'encens pour rendre hommage aux dieux et sans parfum, point de salut de l'âme. Le parfum accompagne naissances et mariages et devient une véritable source d'agrément. Chez les Grecs, le parfum est «un remède pour soigner les rhumes, les refroidissements et la mauvaise humeur». La palette des substances s'enrichit d'huiles parfumées aux fleurs qui s'ajoutent aux gommes, résines et baumes. Les Romains, de leurs côté, et après une période d'ignorance de l'hygiène, accordent une grande place au parfum. En devenant maître de l'Egypte, Auguste s'empare de son empire commercial faisant de Rome le principal port de la Méditerranée, qui s'enrichit du commerce des composants entrant dans la fabrication du parfum. Des textes, comme ceux de Pline l'Ancien, recensent les centaines de parfums débités dans les officines, puis préparés en onguents, pastilles, poudres et sapo, l'ancêtre du savon.
L'art de se parfumer
La parfum a une grande place dans notre quotidien; alors, pour tout savoir sur l'utilisation du parfum pour ne pas en perdre une goutte, nous avons interrogé Ami Omar, un propriétaire d'un de ces magasins de parfums et qui compte prochainement ouvrir une petite usine de fabrication de parfum comme il a acquis une grande expérience dans le domaine. «Plus de 25 ans et je suis resté plus de 18 ans en Arabie saoudite où j'ai appris tout ce qu'il y a à savoir sur les parfums et leur fabrication, conservation et commercialisation aussi». Ami Omar nous explique, la structure traditionnelle de chaque parfum : «appelée pyramide olfactive, elle se partage en trois groupes et décrit les notes que l'on sent au fur et à mesure de l'évolution du parfum dans le temps. La première, la note de tête: c'est la note la plus volatile, celle que l'on sent juste après avoir vaporisé le parfum. Elle correspond à une note fraîche et verte, comme la lavande, les hespéridés, le romarin ou le laurier, et peut durer deux heures; la seconde, c'est la note de cœur : se développe pendant plusieurs heures et constitue l'odeur caractéristique du parfum. La plupart des senteurs florales en font partie(muguet, jasmin, chèvrefeuille, violette, rose, magnolia); enfin, la note de fond qui s'évapore lentement, parfois pendant plusieurs jours. Elle a pour fonction de fixer le parfum, pour le faire durer dans le temps, et c'est sur elle que s'appuient les notes de tête et de cœur. Ce sont le vétivier, le patchouli, le musc, le santal, la vanilline…etc.» Ami Omar nous a aussi expliqué la différence qu'il y a entre l'extrait de parfum, l'eau de parfum et l'eau de toilette : l'extrait de parfum contient entre 20 et 40% de concentré de parfum, l'eau de parfum contient entre 10 et 15 % de concentré de parfum, L'eau de toilette contient moins de 10 % de concentré de parfum.
Les spécialistes avertissent
Comme on le sait tous, le parfum est un produit vivant et délicat, il convient de le laisser à l'abri de la lumière et de la chaleur pour le préserver, «ce qui n'est pas toujours le cas dans ces magasins dont la majorité d'entre eux ne respectent guère ces mesures de conservation, ce qui peut être très dangereux pour la santé du consommateur qui, attiré par les prix, néglige souvent ces importants détails», nous affirme M Saheli, un chimiste qui travaille pour une entreprise de fabrication de produits cosmétiques et de parfums sous licence d'une grande marque Européenne. «Les composants de ces produits «imités», posent aussi un problème, parce que chacune de ces boutiques a sa propre formule. Vous pourriez trouver une grande différence dans les mesures de chaque composant d'un magasin à un autre, la recette consiste en un mélange de 20 à 45% d'essence de parfum, 10% d'eau distillée et le reste d'alcool. Chaque parfumerie semble avoir ses propres compositions», explique M Saheli. «Je doute très fort qu' il y ait un chimiste ou un laborantin dans chaque boutique pour bien mesurer les composants», ajoute t-il. Pour exemple, «on peut bien employer de l'alcool de mauvaise qualité comme le méthyle au lieu de l'éthyle, beaucoup plus cher, pour réaliser un maximum de gains», articule-t-il. Mais la majorité des gérants des parfumeries interrogés se défendent d'utiliser de telles ruses. Un autre inconvénient qui parait bien négligé par le consommateur algérien, que par les autorités concernées et même les défenseurs des consommateurs est hélas celui des mesures d'hygiène; dans ces magasins où on n'a pratiquement jamais vu un vendeur qui fait lui-même le mélange des composants du parfum choisi par son client, porter des gants ou prendre la moindre mesure pour éviter la transmission de bactéries par ses mains au liquide injecté par la même seringue des milliers de fois, si ce n'est la même depuis l'ouverture de son magasin, alors qu'un parfum a un rapport directe avec la peau qui pourrait à son tour attraper des maladies dermatologiques, nous a expliqué M Kheladi, un professeur dermatologue en disant que «la peau peut être exposée à tout risques, il y a certaines microbes qui se transmettent par manque d'hygiène surtout à ceux qui ont une peau sensible»; d'ailleurs même les composants d'un parfum peuvent agir d'une manière nocive sur certaines peaux alors qu'ils ne produisent aucun effet chez d'autres. «Le parfum s'exprime donc différemment sur chaque personne et crée, au contact de sa peau, une alchimie unique. C'est connu que la peau modifie par exemple même l'odeur du parfum, et plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : le PH (acide ou basique), le taux de lipides (peau grasse ou sèche), le relief cutané qui retient plus ou moins les odeurs et aussi la température du corps, l'alimentation, le climat et c'est pareil pour la transmission d'un germe apporté par un parfum, chaque peau réagit selon ses caractéristique. Mais les mesures d'hygiènes dans tous les cas, sont indispensable pour protéger le consommateur de tout risque même le plus infime», ajoute le professeur.
Le prix plus important que la qualité ?
A l'intérieur de l'une des ces surfaces ou se vendent des parfums d'imitation, implantés un peu partout dans les rues de la capitales, devant les flacons qui ornent le comptoir de la boutique, Nassima rêve en feuilletant le catalogue des grandes marques proposées à l'imitation. Secrétaire dans une entreprise publique, Nassima envisage de s'offrir pas moins de cinq copies de parfums de luxe pour son trousseau de mariée. «Même en achetant une douzaine de ces copies, cela ne coûte pas autant qu'un seul flacon d'un parfum d'origine, je suis gagnante. Les deux parfums ont la même senteur, sauf que les copies ne durent pas aussi longtemps», explique-t-elle. «Je dois penser à l'organisation de mon mariage, je ne peux me permettre d'acheter un parfum qui coûte la moitié de mon salaire, ce serait insensé» ajoute-t-elle. Alors, elle choisit soigneusement des flacons en cristal dans lesquels seront versées les imitation. Ces fragrances censées incarner le rêve, la sensualité et le désir ne portent pas d'étiquettes ni de signe particulier. Les clients choisissent des flacons anonymes rechargeables pour des copies de marques célèbres. «Même dans les boutiques les plus luxueuses, on risque de trouver des produits qui peuvent nuire à la santé», affirme Fatima, une enseignante qui achète régulièrement des parfums d'imitation. «Aussi autant acheter de tels produits qui correspondent à nos revenus puisque la contrefaçon et les risques sont partout». Les vendeurs de parfum d'imitation s'empressent de dire que leurs imitations ne sont pas préjudiciables aux marques. «Nous faisons de l'imitation, pas de la contrefaçon. Les extraits de base sont originaux. Nous faisons des produits d'excellente qualité», souligne un gérant de magasin. «Rares sont les personnes qui peuvent s'offrir un parfum à 7.000 dinars ou plus», ajoute-t-il. «Il y a peut-être une minorité d'individus qui peuvent en acheter à l'occasion de voyages à l'étranger, mais pour la grande majorité des Algériens, dont les salaires atteingnent difficilement les 15.000 dinars, c'est un produit de luxe». L'un des gérants de la boutique insiste sur le fait que les produits qu'ils importent sont contrôlés par des laboratoires européens. «Nous avons des certificats d'analyse et de conformité. Il y a aussi les services de contrôle de qualité et de répression d'éventuelles fraudes pratiquées par le ministère du Commerce», nous assure-t-il. Les prix varient d'une parfumerie à l'autre, mais comme le souligne un vendeur, «ces parfums sont dix fois moins chers que les originaux». Les spécialistes du secteur reconnaissent que la demande de produits de marque est fonction du revenu des personnes. Le prix des parfums français peut être inabordable pour beaucoup, et les imitations répondent à un besoin, en particulier du fait que, comme l'explique l'un des gérants d'El Baraka à Magharebia, il existe désormais «une culture du parfum en Algérie». A El Baraka, un flacon de 50 ml coûte en moyenne 500 dinars, tandis qu'aux Parfumeries d'Andalousie, les flacons de 50 ml se vendent 800 dinars. Les prix sont globalement les mêmes pour tous les parfums d'imitation. Dans les boutiques de luxe, le prix d'un flacon de 50 ml d'un parfum d'origine oscille entre 5.200 et 8.000 dinars. Des études lui ont permis de connaître le niveau de qualité recherché par les Algériens, explique un fabricant de parfums et de produits cosmétiques à Birkhadem. «J'ai effectué plusieurs tests; entre autres, j'ai présenté différentes gammes de plantes odorantes à des personnes, de la plus chère à la plus mauvaise qualité. Résultat : la majorité d'entre elles a préféré le produit de moindre qualité.


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