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Les riches algériens ne sont pas c... ils se cassent en douce !
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 19 - 09 - 2012


Ahmed Selmane
Mercredi 19 Septembre 2012
Le quotidien français Libération a fait scandale en lançant un « casse-toi riche con » au plus riche des français, le milliardaire Bernard Arnault qui a des envies de nationalité belge. Le détournement de la formule de Nicolas Sarkozy fait jaser. En Algérie, malgré les villas rococo-baroques et les automobiles rutilantes, les riches ne sont pas connus. Actuellement, ils « placent » de l'argent dans la pierre en Espagne et ailleurs. Car les riches algériens, eux, ne sont pas cons. Ils se cassent, en douce, sans qu'on leur enjoigne de lever le camp ! Rien de neuf sous le soleil, ils respectent une tradition établie....
Quelle est la dernière tendance chez les algériens fortunés ? Investir dans l'immobilier en Espagne et dans les pays européens affectés par la crise. Ce n'est pas son excellence La Rumeur qui le dit mais Djamel BenBelkacem, conseiller à la Banque d'Algérie, personnage rare qui a l'immense qualité de ne pas faire dans la langue d'ébène. Il nous livre ainsi la raison pour laquelle l'euro reste « fort » en Algérie sur le marché « réel » de Port-Saïd, qu'il chute ou non par rapport au dollar. La phase « exceptionnelle » où le cours du marché parallèle s'était rapproché du cours officiel venue après l'interdiction de l'importation des voitures d'occasion n'a pas duré longtemps. La tradition qui remonte à loin, au moins au temps de la Régence, de l'Odjak et des Janissaires, est strictement observée : les valeurs, or, argent et... compétences quittent l'Algérie et n'y reviennent jamais. La solide permanence du marché de Port Saïd et ses clones en province – ils ont tenu de la période du « socialisme » indéfinissable à celle du libéralisme honteux jusqu'à la sombre hibernation actuelle en temps de pétrole cher et de caisses pleines – est là pour rappeler l'état d'extraversion de l'Algérie qui dépasse le simple stade de l'économie. Ceux qui ont du pouvoir et de l'argent – souvent les mêmes – n'ont plus, comme les Janissaires hier, une unique Sublime Porte comme base de repli, ils disposent de dizaines de havres de substitution. Ils sont au cœur du « marché » où ils peuvent – ou ils croient – être à l'abri des humeurs et des aléas locaux.
Des châteaux en Espagne
Pourquoi se risquer à subir un sélectif « d'où tiens-tu cela ?» quand on peut s'offrir, pour quelques sacs de dinars reconvertis à la banque Port-Said & co, des villas-châteaux en Espagne. Aucun placement ne vaut la pierre, c'est bien connu ! Les riches algériens branchés sur la rente – ceux qui créent de la richesse ne sont pas légion – ne doutent pas de l'avenir de l'Espagne, ils y investissent. Ne croient-ils pas en l'avenir de l'Algérie ? C'est une question rendue superflue par le fait, établi, que le pays connaît un grave problème d'accumulation et se découvre, de cycle en cycle, ramené à chaque fois à la case départ. L'accumulation – Tarakoum – entravée, on la retrouve aussi bien au niveau économique que celui de la transmission du savoir, de l'organisation institutionnelle ou de l'expérience militante. L'Algérie, tel Sisyphe, condamné à faire rouler éternellement un rocher qui redescend avant de parvenir au sommet, est rebootée régulièrement vers un programme de démarrage sans jamais effectuer les nécessaires mises à jour. La comparaison des castes dirigeantes du temps de la Régence qui ponctionnaient l'arrière-pays et, qui au moins prenaient le risque de la Course, avec le comportement économique « rationnel » des riches d'aujourd'hui, n'a rien de choquant. Il est vrai cependant que la Course supposait un certain niveau de détermination et d'organisation quand la piraterie bureaucratique actuelle ne nécessite que les protections idoines pour ponctionner la rente. Il faut donc revisiter l'histoire de la Régence dans sa phase terminale. Passer en revue ses deys et ses beys, ses pachas, ses intermédiaires et ses négociants en tous genres. L'exercice requiert un effort d'adaptation, de modification de décor et d'actualisation des costumes, même si l'intrigue n'a guère changé avec une Europe toujours très présente (Ah, ces Consuls, ces marchands, ces espions...), mais il est certainement très éclairant pour comprendre le présent.
La mauvaise monnaie chasse la bonne
Le conseiller de la Banque d'Algérie ne donne pas dans la langue de bois quand il souligne la confortable situation macro-financière du pays avec des réserves de change de plus 180 milliards de dollars et un fonds de régulation de près de 70 milliards de dollars... Mais il ne se hasarde pas à expliquer pourquoi ceux qui en profitent le plus, les algériens florissants, choisissent d'acquérir des résidences dans une Espagne en crise... Ces algériens opulents, comme au temps de la Régence, sont convaincus que leur avenir n'est pas dans le pays qui a fait leur fortune. Et cette conviction s'exprime sans détours : la progéniture des riches algériens vit plus souvent « là-bas » qu'ici. Il n'y a pas de secret dans le dynamisme du marché parallèle des changes. La règle qui veut que « mauvaise monnaie chasse la bonne » s'applique clairement. On se débarrasse des dinars pour thésauriser des euros dans la pierre andalouse et dans les banques espagnoles. Les transferts vers les pays « surs » même s'ils sont en crise ne font que s'amplifier avec l'amélioration des revenus pétroliers. La compulsion immobilière ibérique des fortunes d'Algérie est connue des économistes sous le nom de loi de Gresham, du nom du financier anglais Thomas Gresham (1519 – 1579). Le principe est simple : «Lorsque deux monnaies se trouvent simultanément en circulation avec un taux de change légal fixe, les agents économiques préfèrent conserver, thésauriser la « bonne » monnaie, et par contre utilisent pour payer leurs échanges la « mauvaise » dans le but de s'en défaire au plus vite ». Comme en Algérie, critiquer les riches est frappé de ringardise, ne serait que vulgaire jalousie et expression d'un dépit impuissant, prenons la précaution de confirmer que du point des choix et décisions individuelles, la quête du château espagnol est, évidemment, tout à fait rationnelle. Car la valeur d'une monnaie ne dépend pas seulement des données macroéconomiques (où la forêt des derricks masque le désert de la création et de la production), mais aussi de la «confiance », de la « stabilité juridique », etc.. Ce sont ces éléments qui peuvent pousser des entrepreneurs et des ménages à se projeter vers l'avenir et donc à investir... Qui, sous nos cieux incertains, peut affirmer être en mesure de se projeter, en « toute confiance » dans un futur national ? Les riches algériens qui ne sont pas aussi cons – avec tout le respect qu'on doit à la rente et à ceux qui la contrôlent – ne finissent pas d'apporter la réponse et cela dure depuis des lustres... Cette reconquista immobilière par des capitaux flottants d'une Andalousie bétonnée évoque, Sisyphe encore, un auteur local controversé dont l'œuvre était très justement centrée sur l'absurde. Paraphrasons donc Albert Camus : l'Algérie n'est pas un pays ou l'on va, c'est un pays d'où l'on revient...
Albert Camus – Essais – Le vent à Djemila : « ...Il faut beaucoup de temps pour aller à Djémila. Ce n'est pas une ville où l'on s'arrête et que l'on dépasse. Elle ne mène nulle part et n'ouvre sur aucun pays. C'est un lieu d'où l'on revient.... »


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