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Rached Ghannouchi : « Ennahda a quitté le pouvoir par choix éthique »
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 16 - 01 - 2014

Le Monde.fr | 14.01.2014 à 10h41 Mis à jour le 15.01.2014 à 10h24 |Propos recueillis par Isabelle Mandraud (Tunis, envoyée spéciale)
Rached Ghannouchi est le président du parti islamiste tunisien Ennahda. Ce dernier a abandonné sous la pression la gestion du gouvernement qu'il dominait depuis les élections d'octobre 2011.
Trois ans après la chute de l'ancien régime, Ennahda quitte le gouvernement qu'il dirigeait. Comment l'avez-vous expliqué aux militants?
« Vous quittez le gouvernement, vous n'êtes pas battus, vous sortez par la grande porte. A quoi bon rester dans une maison qui s'écroule sur vous? » C'était le cas à partir du moment où notre présence empêchait la rédaction d'une Constitution avec une opposition qui boycottait les travaux de l'Assemblée. Nous ne pouvions pas écrire une Constitution tout seuls. Ou plutôt, nous aurions pu le faire, même avec deux tiers des voix, mais nous nous serions trouvés dans une situation à l'égyptienne, avec une société divisée entre pro-musulmans et pro-laïques. Nous ne voulions pas cela. Il nous fallait choisir: ou nous réussissions le processus démocratique, ou nous restions au gouvernement.
Nous l'avons quitté de notre propre volonté, par choix éthique. Le 5 octobre, nous avons signé une feuille de route en ce sens et cela n'a pas été facile. Je l'ai prise[cette décision] sous ma propre responsabilité avec un certain nombre de frères. Nous n'avons pas perdu des élections, nous faisons un sacrifice dans l'intérêt du pays, pour la réussite du processus démocratique. Il y a aujourd'hui un soulagement global, nous faisons partie de ce pays, et nous sommes aussi soulagés.
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Ce qui s'est passé en Egypte a donc été déterminant?
Bien sûr, ce qui s'est passé en Egypte est un tremblement de terre. Cela a poussé l'opposition à élever leurs exigences et à envisager un scénario à l'égyptienne. Mais les Tunisiens n'ont pas répondu. Ils ont protesté par dizaines de milliers contre les assassinats, mais ils ont refusé que l'on s'en serve pour un coup d'Etat. Ils ont à la fois rejeté ces assassinats et leur instrumentalisation.
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Comment concevez-vous maintenant le rôle d'Ennahda ? Comme un parti d'opposition ?
On ne peut plus parler d'opposition ou de parti au pouvoir. C'est une situation nouvelle avec la mise en place d'un gouvernement consensuel et neutre, chargé de conduire le pays vers les prochaines élections. Ce gouvernement aura tous les pouvoirs, il sera soutenu par ceux qui étaient encore récemment au pouvoir et par l'opposition. Il ne représentera ni les uns, ni les autres.
Après deux ans d'exercice du pouvoir, quels échecs êtes-vous prêts à reconnaître? L'intérieur du pays connaît encore aujourd'hui des troubles sociaux…
Cette transition a duré trop longtemps. Tous les problèmes sont arrivés la deuxième année car cela a été trop long, même si, bien sûr, cela n'a pas été fait exprès. Dès le départ, nous avons commis cette erreur de penser que nous pouvions tout faire en un an, alors que l'Assemblée ne s'est pas seulement occupée de la Constitution, elle avait aussi pour mission, comme tout parlement, de contrôler le gouvernement, de voter les lois, de ratifier les conventions internationales. Il aurait peut-être fallu que l'Assemblée se concentre sur la Constitution et que le gouvernement gère le pays avec des décrets. Sur le plansocial, quand nous avons pris le gouvernement, la croissance était négative, -2%, alors qu'elle est aujourd'hui de 3,5%. Les budgets alloués au développement n'ont été parfois dépensés qu'à hauteur de 20 à 30%, c'est pour cela que certaines régions protestent toujours. Nous aurions dû nous comporter de façon plus révolutionnaires en réformant la bureaucratie héritée de l'ancien régime, notamment pour les appels d'offre…
On vous accuse aussi d'avoir été complaisants avec des salafistes.
Ces six derniers mois, il y a eu une amélioration de la situation sécuritaire. Mais il aurait peut-être fallu, dès le départ, nous montrer un peu plus fermes. Nous avons une expérience trop récente du pouvoir, nous apprenons tous les jours. Au début, ces extrémistes ne pratiquaient pas la violence, alors nous avons cherché àdiscuter, à faire en sorte qu'ils rentrent dans un cadre légal comme cela a été le cas pour deux partis salafistes. Mais d'autres se sont orientés vers la violence et le gouvernement [sortant] les a classés comme organisation terroriste.
La Constitution, en cours d'adoption, garantit la liberté de conscience, l'égalité entre citoyens et citoyennes… Vous êtes l'antithèse des Frères musulmans égyptiens ?
Chaque pays a sa propre expérience. Nous avons exporté la révolution pacifique mais nous ne voulons pas importer la contre-révolution égyptienne violente. Et nous sommes fiers de cette Constitution qui marie un islam modéré et des valeurs universelles et qui reflètent la coalition que nous avons formé entre Ennahda, parti islamique modéré, et le CPR et Ettakatol, deux partis laïques modérés. Ça, c'est le modèle tunisien.
Nous avons vu que l'inscription de la charia n'aidait pas cette Constitution car le mot n'est pas clair dans les esprits et une Constitution ne doit comporter que ce qui est clair et commun à tous. Nous ne voulons pas que ce texte divise et nous voulons que les musulmans se sentent vivre dans un monde ouvert sur le monde. C'est l'ambition des islamistes réformistes tunisiens depuis le XIXe siècle. Si la réussite de ce modèle nécessite des concessions, nous le faisons, comme nous l'avons fait en quittant le gouvernement.
Certaines dispositions que vous évoquez ont été adoptées à une grande majorité, parfois même à l'unanimité. Il nous reste quelques points en cours d'examen sur l'organisation des pouvoirs car nous cherchons une mixité entre pouvoirs présidentiel et parlementaire. Nous pensons que plus un pouvoir est décentralisé, mieux c'est. Nous ne voulons pas d'un pouvoir centralisé pour ne pas revenir au despotisme, ni entre les mains d'Ennahda, ni dans d'autres mains !
L'opposition n'a-t-elle pas pesé, pour beaucoup, dans ces avancées ?
Elle a participé au dialogue national qui ne pouvait pas aboutir sans elle. Au départ, l'opposition demandait la chute du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée. Finalement chacun a cédé sur un point. Notre chance c'est que nous avions quelque chose entre les mains [le gouvernement], alors que l'opposition a cédé là où elle est minoritaire [l'Assemblée]…
Contraint au départ, Ennahda retourne la situation à son avantage. Mais comment envisagez-vous les prochaines élections alors que vous avez tout de même à reconquérir un électorat déçu ?
Il n'y a pas de magie dans cette histoire, ni d'endormissement magnétique. Les gens sont attachés aux valeurs éthiques, ils ont besoin d'apaisement et ils détestent cette compétition acharnée autour du pouvoir. Ils pourront comparer et ils comprendront qu'il y a des problèmes structurels dans le pays. Il nous suffit pour nous d'avoir sauvegardé l'Etat, les services publics, et surtout, la liberté. Nous avons mis le pays sur les rails de la démocratisation, nous avons une commission électorale, une Constitution bien avancée, une instance indépendante pour les médias, une commission de lutte contre la torture, une autre pour lajustice transitionnelle. Nous avons traduit en institutions les premières valeurs de la révolution.
Nous souhaitons que les prochaines élections, législatives et présidentielle, aient lieu entre juin et août 2014. Plus cette échéance sera longue, plus ce sera dangereux. C'est ce que nous tirons de notre expérience : les périodes de transition doivent être les plus courtes possibles.
Avez-vous rencontré des obstacles comme l'a dénoncé le président Moncef Marzouki qui a évoqué un véto de puissances arabes, notamment des pays du Golfe ?
Il se peut que quelques pays arabes soient mécontents et craignent une contagion démocratique, mais nous voulons avoir de très bonnes relations avec tous les pays arabes. Nous savons que nous sommes un petit pays et nous connaissons nos limites.
Isabelle Mandraud (Tunis, envoyée spéciale)


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