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En Algérie, «la fable présidentielle est seulement nécessaire pour protéger l'armée»
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 13 - 12 - 2019


Par Célian Macé — 12 décembre 2019 à 18:55
Liberation.fr
Chercheuse à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), Amel Boubekeur suit le Hirak («mouvement») à Alger depuis le déclenchement du soulèvement populaire, le 22 février. Selon l'universitaire, le déroulement de l'élection présidentielle de ce jeudi montre que «le régime utilise les mêmes vieilles recettes» alors que «l'Algérie, elle, a déjà profondément changé».
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Au vu de l'histoire de l'Algérie, il n'y a absolument aucune raison de penser que l'élection sera honnête. Dans le passé, les fraudes ont été manifestes et documentées. Dans certains centres de vote, notamment à l'étranger, des hirakistes ont comptabilisé les électeurs qui pénétraient dans les bureaux pour comparer avec les chiffres officiels de participation, afin de prouver la supercherie électorale. Mais en réalité, là n'est plus vraiment la question en Algérie : le scrutin est massivement rejeté, les gens sont désormais au-delà du test de la sincérité du pouvoir.
Ce n'est pas une question de personnes. Tous les cinq participent d'une certaine résilience du régime. Leurs programmes sont extrêmement creux, et leurs différences ne sont que des nuances à l'intérieur d'un cadre tracé par le pouvoir algérien – comme lors des précédentes élections. Même quand les candidats font des appels du pied au Hirak, cela reste des messages populistes que veut faire passer le régime. L'élection n'a pas été le moteur d'un renouvellement de la réflexion de ces partis historiques. Ni dans l'idéologie, ni dans l'ingénierie de la campagne.
A peu près, oui. Une partie d'entre eux ont déjà essayé de changer le système de l'intérieur, à partir de 1999. Mais ils ont été déçus, le régime s'est montré inflexible. Puis l'idée d'une négociation directe avec le pouvoir a émergé ; on a un temps imaginé la création d'une potentielle coalition démocratique. Cela n'a pas marché non plus. C'était se leurrer : l'armée ne veut surtout pas avoir à discuter avec les civils, elle cherche à virtualiser la vie politique algérienne.
En Algérie, la question de la légitimité politique est déconnectée de la légitimité électorale. La fable présidentielle est seulement nécessaire pour protéger l'armée. Après, il y aura peut-être des consultations, des mains tendues, une conférence nationale… en accord avec l'institution militaire. Le régime sait très bien faire ça, il n'a pas de problème avec cet exercice.
Dans les rues d'Alger jeudi. Photo Abdo Shanan pour Libération.
L'omniprésence d'Ahmed Gaïd Salah [le chef de l'état-major, numéro 1 du régime depuis la démission de Bouteflika, ndlr] est toutefois le signe d'un malaise. Jamais l'armée n'avait été aussi mise en avant, elle s'expose beaucoup. La légitimité populaire est désormais du côté du Hirak, et la légitimité électorale tourne à vide. La mobilisation, pour la campagne, était extrêmement limitée, quelques centaines de personnes seulement étaient présentes dans les contre-manifestations en soutien à Gaïd Salah… Dans un pays aussi clientélisé que l'Algérie, c'est le signe d'un échec profond.
Je vois deux options. Celle d'un renforcement autoritaire, d'une répression très sévère. Et celle d'un émiettement progressif du régime. Car le système va inévitablement se heurter à des contradictions. La lutte contre la corruption, par exemple, mise en avant par le pouvoir : elle ne pourra pas être véritablement conduite jusqu'au bout, puisque les réseaux de corruption sont très imbriqués en Algérie, et vont bien au-delà des proches de Bouteflika condamnés jusque-là. Le récit de l'armée va atteindre ses limites.
Je ne crois pas qu'il soit obsédé par le vote ! Ce sont les partis, les mouvements politiques, les médias qui se sont focalisés là-dessus. Ecoutez les slogans : ils parlent aussi de dignité, d'une nouvelle indépendance, du rôle de l'armée, de corruption, etc. Je constate une évolution continue du Hirak. On n'est plus dans la phase euphorique de redécouverte des libertés. Cet engouement, nécessaire au début, a disparu. Les Algériens qui manifestent aujourd'hui sont plus déterminés. Et conscients que l'enjeu est désormais un changement complet de régime, donc un travail de longue haleine.
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Il est vrai que l'après-scrutin ouvrira un nouveau chapitre, mais des militants ont déjà entamé des réflexions. L'élection peut surtout avoir un effet accélérateur sur l'autonomisation des initiatives locales. Pour l'instant, la contestation est réservée à certains lieux, certaines rues, certains quartiers. L'une des clés de cette dynamique parallèle de transition sera la capacité du mouvement d'apporter le Hirak en bas de chez soi. C'est, à mon avis, ce qui peut faire la différence.Célian Macé


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