A l'issue d'une assemblée générale du Conseil local de l'Ordre des architectes (Cloa) qui s'est réuni hier au niveau de l'hôtel Royal à Oran, plusieurs décisions ont été prises. Toutes gravitent autour d'une même problématique dénonçant «des méthodes qui aboutissent à des cahiers des charges faits sur mesure pour certains bureaux d'études». Ce qui tend à exclure les architectes par un non-respect du décret présidentiel 15-247 du 16 septembre 2015 portant réglementation des marchés publics, nous ont confié les concernés. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Le président du Cloa Fatmi Abdelkader nous explique que cette AG a abordé les différents obstacles et difficultés rencontrés par les architectes de la wilaya et même au niveau national. Notre interlocuteur dénonce les méthodes des maîtres d'ouvrages publics qui lancent des cahiers des charges quelque peu éliminatoires, dit-il, et d'adaptation avec des conditions de chiffres d'affaires exagérés, s'insurge-t-il. «Dans certains appels d'offres, ils demandent jusqu'à 10 milliards de moyens par an concernant les trois ans. C'est impossible, ce sont des conditions éliminatoires presque de 99% des architectes.» L'intervenant dira que les architectes membre du Cloa ont vraiment des doutes sur les méthodes d'élaboration de ces cahiers des charges, qui sont sur mesure, dit-il. Autre revendication exprimée hier concerne l'exigence de lancer des projets dans le cadre des concours d'architecture. «Nous, nous sommes des architectes, des personnes physiques et sur le terrain, on trouve des attributions pour des entreprises, des Sarl et des Eurl. Alors que la loi stipule que seules les personnes physiques sont habilitées. On demande à tous les maîtres d'ouvrage de se conformer à la loi et de lancer les projets dans le cadre des concours d'architecture.» Les 400 architectes membres du Cloa sur les 490 que compte la wilaya d'Oran revendiquent et refusent tous les projets confiés en études et réalisations aux entreprises de réalisation. «Cela veut dire que l'architecte travaille sous la direction de l'entreprise, c'est elle qui le paye, elle est juge et partie. Il doit se conformer aux directives de l'entreprise, il n'est plus le maître d'œuvre.» Pour sa part, Karim El Ghazi, architecte et vice-président du Cloa, dira à ce sujet qu'il s'agit là de «ce qu'on appelle l'urbanisme de la grue. Pour que l'entreprise entre dans son bénéfice, elle veut bien mettre une seule grue pour le maximum de bâtiments. C'est pour cela qu'on trouve ce type d'urbanisme de bidonvillisation». Il dira que le Cloa demande l'application des textes de la République concernant le concours d'architecture, parce que ce dernier est légiféré et spécifié par le décret présidentiel dans l'article 47/48 qui parle du concours. «Ce sont des cahiers des charges faits sur mesure pour certains bureaux d'études. Avant, il y avait en Algérie des bureaux d'études publics et ces bureaux ont été, pour la majorité, privatisés et actuellement il n'en reste que 7 publics.» Les architectes refusent également de participer aux études d'adaptation des projets, qui, dira notre interlocuteur, n'existent nulle part dans les textes qui régissent la profession. «On veut différentes architectures car là on est en train de détruire le cadre bâti avec notre accord et laisser faire.» Pour le vice-président du Cloa, l'Ordre demande de revenir à l'application des textes de loi qui régissent la profession. «On est en train de former des architectes à travers 26 départements ainsi qu'une école spécialisée. Ces architectes, une fois formés, sont tous voués, à ce rythme-là, à chômer. Quel architecte pourra avoir un chiffre d'affaires de 5 millions de DA par an ?!» Toutes ces revendications vont être transmises au Premier ministre ainsi qu'au Président de la République, nous diront nos interlocuteurs. A. B.