Par Mohamed Bachir Amokrane (1) «Le malheur ouvrier, comme tout ‘‘extrême malheur'' — qui suppose la ‘‘déchéance sociale'' — crée une zone de silence où les êtres humains se trouvent enfermés comme dans une île.» (Simone Weil) «Il faut d'abord décrire avec lucidité la réalité d'aujourd'hui et reconstituer le cheminement dont elle est l'aboutissement provisoire; puis il faut s'adresser à ceux qui auront à la construire, les hommes de demain, ceux que prépare l'école d'aujourd'hui. C'est à eux de devenir plus clairvoyants que leurs aînés, à eux de prendre conscience des erreurs commises et surtout d'adhérer à un objectif commun. C'est à l'école que se joue l'avenir ; c'est donc autour de l'école qu'il faut tenter d'articuler un projet.» (Albert Jacquard) L'influence de notre penseur dépasse de loin le cercle étroit de ceux qui ont vraiment compris son œuvre. Tout comme elle va au-delà de la sphère de ceux qui l‘ont lue, sans avoir tout saisi. Sa renommée touche tous ceux qui connaissent à peine ce personnage. En témoignent le plus d'un million de vues sur certaines de ses vidéos. C'est aujourd'hui, incontestablement, le penseur algérien le plus connu dans le monde, le plus traduit et le plus original pour ce qui est de penser d'une façon singulière le passé, le présent et l'avenir de l'humanité. Cependant que sa célébration bruyante, quelquefois, n'a pas encore trouvé l'écho espéré dans son propre pays. Je vais reprendre, ici, ce que j'avais déjà dit lors d'une conférence en présence d'Omar Aktouf(2) : «Un penseur n'appartient qu'à celui qui l'honore et lui concède sa juste place. A nous les Algériens de prétendre à être les dignes héritiers et les plus authentiques fidèles de cette pensée.» Plus d'une année après cet appel, les choses sont restées telles quelles ! Sauf peut-être pour la création d'une page Facebook (Le Cercle des Amis d'Omar Aktouf). Sans compter avec les efforts insensés de son éditeur algérien,(3) pour publier toute une série de titres écrits par le professeur. Ce qui nous pousse à reprendre notre effort de présentation des idées, de cet humaniste algérien. L'œuvre du Dr Omar Aktouf, cela ne sera jamais assez répété, est une construction complexe et multidimensionnelle. Foisonnante et stimulante. Elle porte en elle le message d'un homme hanté, dès sa jeunesse, par le poids d'une «conscience aiguë» de toute injustice à l'encontre de l'humain. Nous avons vu à travers les contributions précédentes,( 4) comment le jeune chercheur avait transmis la voix des ouvriers et l'a faite résonner dans les milieux universitaires en général et managériaux en particulier. Et ce, sans relâche et sans être contredit depuis une bonne quarantaine d'années. De l'aveu du professeur lui-même, aucun apprentissage ne sera plus marquant pour lui que celui issu du côtoiement et de l'amitié des ouvriers de base. Car il avait appris auprès de ces «indigènes» (au sens ethno-méthodologique) de l'industrie, ce qu'on ne pouvait apprendre ni dans l'immense majeure partie des manuels de gestion ni dans les business schools. Pour Aktouf, répétons- le, rien ne vaut la transmission de valeurs humaines aux futures générations, aux étudiants et aux managers. Ceux-ci doivent être protégés coûte que coûte des mythes du néo-libéralisme et immunisés contre les mensonges de l'histoire officielle du travail, de l'industrie, du management, de la «réussite» à l'américaine. Cette dernière contamine largement le discours «entrepreneurial», y compris en Algérie. Face à cette réalité, Aktouf oppose un projet pédagogique renouvelé. Il y dénonce l'orientation «néo-libérale» des écoles de gestion. Il intègre dans sa pédagogie une vision globale, comme si une classe de cours ne pouvait pas arrêter de tourner avec le monde. Aktouf dit à ce sujet : «Il faudrait cesser de voir les choses de manière sectorielle. Il faut enfin comprendre que, comme la biologie et la physique l'ont compris depuis longtemps, rien n'est séparé de rien et tout est lié. On ne peut penser un système d'éducation indépendamment de celui de la santé, de celui du logement, de celui de l'alimentation, de celui du transport, de celui de la culture…tout cela est lié, c'est ce qu'on appelle un projet de société.» C'est dans ce nouvel édifice aktoufien, que nous allons tenter une nouvelle incursion. En relevant les pathologies, les ignorances et les injustices, que perpétue le capitalisme à travers l'un de ses appareils de reproduction. Le néolibéralisme et les mirages de la connaissance La lecture de l'œuvre du Dr Aktouf nous met devant une réalité difficilement réfutable : le capitalisme financier entretient une relation foncièrement pathologique avec les vérités scientifiques, et ce même s'il s'en réclame haut et fort. En diffusant aux kyrielles de diplômés en gestion une «caricature de la culture scientifique», il ne retient de la science qu'un minimum supportable. Une censure ciblant particulièrement l'histoire des faits économiques, et la connaissance de l'humain sur l'humain. Quand cette dernière tente un tant soit peu de redonner sa place à l'Homme et à quelques vérités historiques dans l'univers des organisations, elle se trouve vite amputée de sa substance et raison d'être. Et aussitôt transformée en vulgaire «pensée opératoire», au service du sempiternel «how-to». Notre monde n'a jamais connu autant de diplômés en gestion, mais est-ce pour autant qu'il est «mieux» géré ? Et de fait, «mieux» dans quel sens et pour le bénéfice de qui ? Voilà les abysses intellectuels, les angoisses éthiques et les vertiges de la déconstruction critique vers lesquels nous conduit l'œuvre du Dr Aktouf ! On comprend alors pourquoi elle suscite de plus en plus l'admiration des plus larges publics. Bien loin de la simpliste et tellement triviale «sous-raison pratique», exagérément positiviste-fonctionnaliste du management dominant. Aktouf nous convie à tout «re-prononcer», tout «ré-énoncer» tout questionner pour mieux «re-annoncer » ce que «gérer l'humain» signifie.(5) Dans la majorité des systèmes actuels, les étudiants n'ont accès, en réalité, qu'aux résultats et non aux méthodes.(6) Cela signifie qu'ils ne sont invités qu'à «croire», «ingurgiter», appliquer et exécuter. Ce qui élimine – ou discrédite – d'emblée et sui generis, toute invitation à se questionner, concevoir par soi-même, et finalement «vivre» ce qui se passe en milieux gestionnaires. Alors même que beaucoup d'enseignants sincères ignorent les influences qu'exercent sur eux des idéologies puissantes aux desseins insensés, telles que la croissance maximaliste infinie. Lesquelles influences modèlent les croyances des étudiants, les menant à une «rationalisation- acceptation» lourdement biaisée des faits, de l'histoire et de toute représentation de la réalité organisationnelle. Un management «aveuglément idéologique » règne donc, en maître absolu, dans les écoles de gestion, dans les bibliothèques et les librairies. Ce qui se projette hélas dans les pratiques gestionnaires les plus courantes. De l'intrinsèque impossibilité de la pensée managériale à «penser» l'entreprise en «fait humain total» L'entreprise est une «société en miniature », où l'on peut observer tous les phénomènes étudiés par les sciences humaines.(7) Un univers que la formation en gestion devrait donc rendre le plus «humainement» intelligible possible pour les managers et pour les étudiants ! Car ce qu'il faudrait leur rappeler, c'est que dans toute situation sociale, il se passe bien plus de choses que nous n'en percevrons jamais. Alors que l'enseignement courant en ce domaine, qu'Aktouf nommera, non sans malice et vive acuité intellectuelle, «le savoir-administratif-enseignable »,(8) ne sera que consécration adoubement d'une doctrine érigée par «la synthèse» de ce que pensent les maîtres d'industrie.(9) A l'infaillibilité du «Leader», il faudrait préférer l'humilité, la vulnérabilité et l'empathie de l'humain. Lequel réside en chacun de nous. C'est donc un manager conscient de ce que «condition ouvrière» veut dire, soucieux de l'impact avant tout humain écologique de ses décisions, que les écoles de gestion devront s'engager à préparer. Cela si l'on veut un «futur» encore viable quelques décennies.(10) On est là en présence proprement d'œuvre de pur et simple «endoctrinement », comme le dit Aktouf, et non pas du tout en terrain de savoirs ou d'instruction. Endoctrinement systématisé autour du «comment» produire tout en conservant «l'écart le plus grand possible entre coûts et revenus». Il faut néanmoins concéder au néolibéralisme un semblant de ténacité «artificielle », faite d'injustices, d'entropie et de dogmatisme qui font croire à sa vitalité. Cette doctrine, dite théorie économique, a méthodiquement évincé «les mille nuances de pensée» de ses inspirateurs originaux. Nuances pétries de «culture économique, morale et philosophique » qui auraient été à la hauteur des défis et complexités que vit notre planète. Les instigateurs de cette doctrine «dévastatrice» ont choisi de réduire le riche butin qu'ont légué – notamment — les classiques, en «dogmes stérilisants et abstraits»(11) comme le dit un G. Corm si proche de la pensée aktoufienne. Ainsi, l'ensemble de la matière enseignée dans la majeure partie des business school n'est que l'expression d'une «réalité désirée par les dominants», certes revêtue des oripeaux de «l'action concrète», mais inadmissible sur les plans scientifique, humain et écologique. Cette approche dite pragmatiste, veut conférer à la «réalité du terrain» la qualité d'institution de construction des savoirs managériaux. Elle ne reste, au fond, que le reflet des pratiques managériales existantes et adoptées par les leaders. Elevés au rang de héros de la société, ceux-ci deviendront hélas une source d'inspiration pour les disciples des business school. Le savoir managérial et la dimension oubliée En portant la voix des «indigènes de l'industrie».(12) Aktouf nous fait revisiter les réalités du management en scrutant les dimensions oubliées de la vie au travail. En véritable «acrobate» de l'intellect, il va rompre le silence imposé par la majeure partie des livres de management, écrits à la «troisième personne»(13) : il s'agit d'aller à l'encontre d'une préoccupation qui privilégie un idéal «méthodologique quantitatif et formaliste», plus qu'un «idéal de sens» de ce qui est recueilli sur le terrain. Cela s'éloigne de la réalité vécue par ceux qui «subissent» le management. Il s'agit d'intégrer dans les programmes d'enseignement ce que vit le sujet selon son expérience.(14) Nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper que, seules les expériences ethnographiques( 15) peuvent fournir ce «tour de la réalité» en 360°. Ce dont témoigne, de façon éloquente, le livre du Dr Aktouf, Le travail industriel contre l'homme. Pourquoi priver de futurs décideurs de cette prise de conscience ? D'évidence, ce n'est pas la voie empruntée par les écoles de gestion, dans leur façon d'initier les étudiants à la vie réelle. Celles-ci ont plutôt privilégié la voix des Leaders dans ce qu'ils voient, ce qu'ils veulent et ce qu'ils espèrent pour leur propre intérêt ! Cette démarche constitue la marque de fabrique de l'enseignement du management néolibéral. Lequel a très largement imprégné la majeure partie de la littérature du management. «Continuons à observer», dit ironiquement Omar Aktouf, «ce que font les dirigeants, transcrivons leurs discours, synthétisons ce qu'ils disent, ce qu'ils pensent et transposons le tout dans la formation des futurs managers»!(16) Quel triste choix que nous faisons subir à nos étudiants. En lieu et place d'un enseignement, qui ferait naître chez ces futurs managers des inquiétudes quant à l'avenir de la planète ; des questionnements et même de la révolte… en d'autres termes, un esprit «questionnant » plutôt que «exécutant». Conclusion : pour un enseignement inspirateur de changements Il s'agit, selon Aktouf, de trancher une question fondamentale : les écoles sont-elles censées former des «employables», afin de reproduire un système déjà existant ? Ou le rôle de toute institution de savoir, ne serait-il pas plutôt de faire émerger des individus capables de remettre en cause les systèmes établis ? Le professeur affirme à ce propos : «La formation en management est centrée sur une logique de reproduction, car les écoles de gestion sont des milieux conservateurs et élitistes, qui forment des managers et des théoriciens qui vont tendre à reproduire les mêmes modèles, les mêmes modes de pensée et à assurer, d'une génération à l'autre, la pérennité du statu quo favorable à ceux à qui le système en place profite le plus.»(17) Le professeur ne manque pas de rappeler la responsabilité des enseignants. Lesquels s'installent dans le confort d'un mimétisme intellectuel souvent inconscient, qui ne fait que perpétuer ce qui est présenté comme un fait établi : la préséance du «dieu» marché, beau camouflage de toutes les turpitudes cupides. Il s'adresse à eux avec cette formule lapidaire : «Les privilèges(18) que nous donne la société et qui sont liés au métier que nous faisons nous imposent un devoir de résistance devant les manipulations de basse politique et de bas affairisme qui se font au nom de ce que nous enseignons ! C'est l'éthique de notre profession qui est en jeu. Nous sommes les gardiens d'une certaine haute idée de l'humain et de ce qu'il fait, pas un comité de caution et de légitimation de ce que de ‘'rapineux'' faiseurs d'argent maximum et rapide veulent. » Ainsi pouvons-nous affirmer que l'œuvre du Dr Aktouf appelle à plus de connaissance, de conscience et de responsabilité ! M. B. A.
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1) Formateur. 2) En juillet 2017. 3) Arak éditions. 4) Voir série d'articles dans le Quotidien d'Oran. 5) Pour paraphraser cette terminologie si éloquente d'Edgar Morin. 6) Simone Weil, Réflexion sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale. 7) Alex Muchielli. 8) Beaucoup de formateurs de nos jours se vantent d'enseigner une «pratique théorisée» . 9) Ce qu'un H. Fayol dira presque mot pour mot ! 10) Se référer aux contributions précédentes au sujet de l'œuvre aktoufienne pour mieux comprendre ce point. 11) George Corm, Le Nouveau Gouvernement du Monde, Apic. 12) Voir série de contributions sur l'expérience ethno-méthodologique du Dr Omar Aktouf. 13) Expression utilisée par Pierre Vermersh, voulant dire sans consulter les concernés (premières personnes). 14) Il peut s'agir de l'ouvrier lui-même ou du chercheur qui palpe dans son cœur et sa chair les effets du management sur l'humain. 15) Ou toute autre méthode qualitative. 16) Omar Aktouf, Halte au Gâchis, en finir avec l'économie-management à l'américaine. 17) Ibidem. 18) Je ne sais pas si l'on peut parler de privilège pour ce qui est des enseignants en Algérie, mais toujours est-il que notre responsabilité est engagée, afin d'acquérir plus de conscience et dessiner les contours d'une Algérie meilleure.