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historiens, universitaires et chercheurs évoquent l'Andalousie médiévale
CAFE LITTERAIRE DE CHERCHELL
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 01 - 2019

Lors de la conférence qu'ils viennent d'animer récemment dans la salle de conférences de l'hôtel Césarée, le Dr Bouredouze Abdenacer, historien et chercheur au Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique, et le Dr Salah Mounir, professeur à l'Institut de traduction de l'université de Bouzaréah, conférencier, chercheur et historien de renommée internationale, ont évoqué le très sensible thème de l'Inquisition dont ont été victimes les Arabes, juifs et musulmans d'Espagne aux XIIIe, XIVe et XVe siècles après la chute de Cordoue, Grenade et Séville.
Le Dr Bouredouze Abdenacer, qui avait animé une conférence «Cherchell, terre d'accueil des Morisques», a créé un véritable engouement et un intérêt inhabituel. Quant au Dr Salah Mounir, membre de la Fondation Temimi, ayant son siège à Tunis, il souleva l'épineux problème de la reconnaissance des crimes de l'Espagne médiévale, des crimes et pogroms perpétrés lors de l'hérésie de la Reconquista de l'Espagne médiévale. cet historien, en sa qualité d'expert en traduction doublé d'un historien, avait à ce titre animé plusieurs conférences en Espagne, notamment à l'université d'Alicante sur des sujets intéressants à l'image de ceux relatifs aux renégats de l'époque, à la vie de Cervantes et aux problèmes de transcription et de traduction.
Quant au thème de la conférence du Dr Salah Mounir où il évoquait «la notion de solidarité et le concept de nation et de famille au sein de la minorité morisque au XVIe siècle», ce fut la situation, le statut et le rôle de ces minorités morisques qui furent au cœur de la problématique morisque telle qu'elle fut exposée avec éloquence par le conférencier.
A ce titre, ce dernier évoqua un pan historique de cette minorité en rappelant que «dans la nuit de Noël 1568, un soulèvement s'est organisé dans le quartier de l'Albaicin, à Grenade. Le premier chef de la rébellion est un jeune homme de 22 ans, Hernando de Valor, descendant des Omeyyades, qui a pris le nom de Abou Humeya. La révolte gagnait toute la vallée de Lécrin puis s'étendit à toutes les montagnes de Abbou Kharras (Alpujarras). Cette révolte fut pacifique, mais cela n'empêcha pas les exactions sur la population musulmane commises par les autorités catholiques qui saisirent le prétexte de commettre des crimes, en particulier au siège de Dúrcal par les troupes du marquis de los Vélez».
Quant au sens du terme «morisque», le Dr Salah Mounir le définissait ainsi : «Morisques désigne les musulmans d'Espagne qui se sont convertis au catholicisme après 1499 lors d'une campagne de conversions massives à Grenade et en 1526 à la suite du décret d'expulsion des musulmans de la région d'Aragon». Le conférencier poursuit : «Morisque désigne également les descendants de ces convertis. Alors que les ‘'mudéjars'' sont les musulmans vivant sous l'autorité des rois chrétiens pendant la reconquête de l'Espagne qui s'est achevée en 1492 avec la prise de Grenade par Ferdinand et Isabelle. Toujours selon ce conférencier «les morisques, eux, sont des chrétiens, anciennement musulmans ou descendants de musulmans convertis. Ils ne forment donc pas à proprement parler une minorité religieuse ou ethnique. Entre la période des conversions de 1499 à 1502 pour Castille, et entre 1521 à 1526 pour Aragon, et l'expulsion générale des morisques entre 1609 à 1614, plusieurs générations se sont succédé, plus ou moins proches de la culture arabo-musulmane, plus ou moins assimilées à la société majoritaire chrétienne. Les différences régionales étaient, elles aussi, importantes, comportant des degrés d'assimilation variables.»
Un autre universitaire et historien, présent à ce café littéraire, avait attiré l'attention sur l'histoire de l'Andalousie médiévale, en précisant qu'«en 711, Tarik, un chef berbère, débarqua d'Afrique du Nord avec 7000 guerriers berbères et arabes près de la montagne qui reçoit son nom, ‘'Djabal-Tariq'' (Gibraltar), et chassa les Wisigoths». cet intervenant précisa : «Les musulmans furent présents en Espagne du VIIIe au XVIe siècles. Ainsi, Grenade, Cordoue, Séville et Jaén furent alors de brillants foyers de la culture islamique ; ce fut au XIe siècle, et à partir de 1031, que le califat de Cordoue se divisa en plusieurs principautés, dénommées ‘'taïfas'' qui sont Cordoue, Séville, Jaén et Grenade ; mais ce fut au XIIIe siècle, après la défaite de Las Navas de Tolosa en 1212, que les Espagnols reprennent Cordoue, Jaén, Séville, Jérez et Cadix», révéla notre interlocuteur qui ajouta qu'«en 1492, la prise de Grenade par Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille contribua à chasser les Maures ; l'Andalousie est alors rattachée au royaume d'Espagne ; en 1610, l'Espagne possède l'ensemble des territoires d'Andalousie».
Le Dr Bouredouze Abdenacer, pour sa part, s'est évertué à inviter l'assistance à effectuer une randonnée à travers l'histoire tumultueuse de l'époque médiévale de l'Espagne musulmane. L'intervention de M. Ghebalou, professeur d'université à Alger, auteur et historien, ne manquera pas de titiller la curiosité des Cherchellois, en évoquant le sombre pan de l'histoire de la Reconquista ; car, ce fut en 1609 que plusieurs centaines de familles de l'Andalousie médiévale prirent le chemin de l'exode en direction de la ville de Cherchell, sous la protection des frères turcs, Aroudj et Kheireddine, qui ont contribué à faire transiter ces transfuges forcés, malgré le blocus espagnol maritime. Le Dr Bouredouze Abdenacer, pour sa part, rappela certains faits historiques tels que transcrits par les archives historiques espagnoles, qui évoquaient tristement les sinistres tribunaux de l'Inquisition. Cet historien et chercheur s'est évertué à retracer certains tristes et dramatiques épisodes de cette Reconquista médiévale ; il dira à ce propos : «Les musulmans, Arabes et juifs, furent soumis à un certain nombre de restrictions d'ordre social et religieux qui les désignaient comme sujets de second rang», révéla l'orateur en poursuivant : «Beaucoup d'entre eux quittèrent l'Espagne pour aller s'installer pour la plupart en Afrique du Nord, à cause des effets désastreux de la Reconquista, de l'hérésie chrétienne et des injustices commises contre les religieux musulmans, notamment en raison du zèle religieux des chrétiens d'Espagne qui menèrent une vie dure aux musulmans.» Ce fut ainsi, selon le Dr Bouredouze Abdenacer, que «lors des journées du vendredi, le fait de s'habiller proprement et de se réunir en famille pour les fêtes du vendredi équivaut à un acte illicite car islamique» ; cité par le conférencier, qui se réfère aux archives médiévales, un certain Juan Dépardos témoignait : «Lorsqu'on mangeait du couscous en fêtant la religion du Prophète, c'est illicite, et on risquait la potence ou être brûlé vif. » Un autre témoignage d'un morisque, un certain Francis qui affirmait selon les archives que «faire le carême, ou ne pas manger du porc, c'est illicite, et toutes les portes des maisons morisques doivent rester ouvertes. Insulter le Prophète Mohamed est une provocation où toute réaction est punie de mort et tout silence est condamnable ; les morisques sont contraints de boire du vin et de manger du porc».
Selon le Dr Bouredouze Abdenacer, «en 1609, le décret d'expulsion des musulmans est une véritable délivrance, malgré que ces expulsés furent expropriés de leurs terres, de leurs biens ; même les enfants âgés de moins de 14 ans sont réquisitionnés et enlevés à leurs parents en vue d'être convertis et initiés à la religion chrétienne», affirmait l'orateur en poursuivant : «Les morisques, qui se disaient chrétiens, sont étroitement surveillés par les tribunaux de l'Inquisition, même si par accident, on parlait spontanément en arabe, on est condamné à être pendu ou brûlé vif, ce fut le cas de ‘'dame Navarro'', surprise à parler arabe et qui fut brûlée vive pour ce délit.»
Le Dr Bouredouze Abdenacer produisit à ce titre d'autres témoignages d'archives : «Lors d'une naissance, il faut baptiser le nouveau-né à l'église et lui donner un nom chrétien. Lors d'un mariage, il faut passer à l'église et ne pas faire lire la Fatiha par un cadi ; lors des funérailles morisques, il est interdit de laver le mort avec une eau mélangée de romarin ; il ne faut pas recouvrir le mort avec un linceul blanc, c'est illicite.»
Selon les conférenciers, «au XVe et XVIe siècles, toute vie musulmane et juive avait disparu de l'Espagne musulmane, à cause des souffrances endurées contre leurs religions. Les nouveaux dirigeants du pays chassèrent tous les musulmans et les juifs de l'Espagne».
Houari Larbi


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