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Guérir par l'art
Boris Cyrulnik en conférence à Alger
Publié dans Le Soir d'Algérie le 21 - 01 - 2019

Le neuropsychiatre de renommée mondiale Boris Cyrulnik était l'invité de l'Institut français d'Alger où il a donné une conférence samedi autour des résiliences.
Transcender le traumatisme et empêcher que ses répercussions psychologiques atteignent les enfants, voici en résumé le domaine de compétence de Boris Cyrulnik qui s'inscrit dans une démarche de vulgarisation de la neuropsychiatrie, et notamment la reconstruction de l'individu éprouvé. Devant une salle comble, ce rescapé des camps de concentration nazis où sa famille avait trouvé la mort, explique à l'assistance le processus «d'invention» de la mémoire en ce sens que chacun de nous se représente son passé de manière fluctuante : «Nous sollicitons les mêmes zones du cerveau quand on se remémore son passé et quand on imagine un avenir».
Devenu psychiatre «pour empêcher les guerres», se disait-il enfant, considérant qu'Hitler était fou et que c'est faute de soins qu'il a commis autant d'horreurs, Cyrulnik changera d'avis avec le temps mais continuera à s'intéresser à l'enfance comme période cruciale du développement de l'individu. Ainsi, il est en total désaccord avec certains enseignements modernes sur l'éducation des enfants, notamment celui qui préconise de faire dormir le nouveau-né dans une chambre individuelle, loin de sa mère. «C'est vécu comme un abandon. Un bébé préverbal (qui ne parle pas encore) ressent le monde et comprend beaucoup de choses. Il vit ce moment où il doit passer la nuit seul dans sa chambre avec angoisse et anxiété. C'est une pratique toxique». Fervent adepte des méthodes nordiques, Boris Cyrulnik estime qu'il faut «ralentir les enfants», introduire le plaisir dans l'apprentissage et rompre avec la doctrine d'individualisation de l'enfant et la supplanter par les vertus de la théorie de l'attachement (un enfant a besoin de figures affectives et sécurisantes).
Or, le neuropsychiatre a eu affaire à de nombreux cas dont l'enfance saccagée par des événements violents ou traumatisée par des carences affectives majeures. Au-delà de l'accompagnement médical (psychanalyse), c'est le processus de résilience qui s'est avéré le plus efficace pour leur venir en aide. En quoi cela consiste ? Il s'agit de ne plus se soumettre au passé, de le transcender et de choisir son entourage en fonction de ces besoins. Ce principe va de l'échelle individuelle à l'échelle sociale : le cas de la Roumanie, traumatisée par le règne de Ceausescu, et celui de l'Algérie au sortir des années 1990 sont édifiants. Que cela concerne des blessures d'enfance ou de toute une nation, le silence devient très vite une arme de défense face à une évocation trop douloureuse, mais il demeure chargé, ce que Cyrulnik appelle «les murmures des fantômes». Or, l'évocation peut s'avérer également nuisible étant donné le poids souvent insupportable de ce passé douloureux. Que faire alors ? L'invité de l'IFA explique le pouvoir cathartique et «représentatif» de l'art : «Quand on ne peut pas raconter à nos enfants ou à notre entourage notre propre traumatisme, on se fait ‘'représenter'' par une œuvre de création. On leur demande alors d'aller voir tel film ou lire tel livre qui évoque notre propre traumatisme et qui nous déchargerait ainsi d'en parler.» Car une majorité écrasante de créateurs, quelle que soit la discipline, présente un manque, une blessure d'enfance, un trauma, etc. Leur talent et leur capacité à sublimer la douleur et la convertir en forme artistique les aident à mener à bien leur processus de résilience et leur œuvre aide à son tour leur public à transcender leurs propres traumatismes. On devient ainsi le co-auteur de l'œuvre en question dans le sens où nos interprétations personnelles vont les adapter à nos attentes du moment.
S. H.


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