Les maladies cardiovasculaires gagnent du terrain et font de plus en plus de morts. Le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef du service cardiologie à l'hôpital Parnet, qui donne l'alerte sur ces maladies, estime qu'ils seraient 60 000 cas à être atteints du syndrome coronarien aigu sur le territoire national. Pour limiter les dégâts, ce professeur appelle à la mise en place d'une stratégie nationale de lutte. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le professeur Nibouche, qui s'est exprimé hier sur les ondes de la Radio Chaîne 3, estime que les maladies cardiovasculaires inquiètent et le taux de mortalité lié à cette maladie est en nette augmentation. Le professeur souligne qu'il n'y a pas eu d'études épidémiologiques «sérieuses», pour disposer de données réelles. Mais il dit avoir réalisé une étude restreinte au niveau de son service, et elle a révélé qu'environ 60 000 cas seraient atteints du syndrome coronarien aigu sur le territoire national. Il s'agit d'une « une véritable hécatombe », selon l'intervenant de la radio qui a indiqué que le taux de mortalité lié aux maladies cardiovasculaires dans le monde se situe à 32%. Cependant, souligne-t-il, dans les pays développés actuellement, c'est le cancer qui occupe la première place et non les maladies cardiovasculaires. Ces pays, dit-il, ont réussi à faire baisser la tendance de ces maladies grâce à la mise en place d'un plan d'action qui consiste à la mise en place d'une stratégie de prise en charge du syndrome coronarien aigu, d'une stratégie de prévention rigoureuse contre les facteurs de risque ainsi que d'une stratégie de dépistage. C'est pourquoi le professeur estime qu'il est primordial de mettre une stratégie nationale de prise en charge. Cette stratégie, dit-il, ne peut pas se faire du jour au lendemain. L'invité de la rédaction propose donc de commencer par faire d'abord un état des lieux de cette maladie. Le professeur a rappelé que l'Institut national de santé publique, (INSPS) est le seul habilité à faire des études épidémiologiques et de donner exactement la température de toutes les maladies morbides en Algérie. « Avant, nous avions le bulletin de l'INSP, qui nous donnait la situation épidémiologique des maladies, mais il n'existe plus malheureusement », regrette-t-il. Néanmoins, le professeur Nibouche a indiqué que l'INSP est actuellement en train de préparer un registre national du syndrome coronarien aigu. « Nous avons commencé par Alger, puis Blida et nous allons l'élargir au niveau national », a souligné l'intervenant qui qualifie cette étude de « grande envergure » qui permettrait de donner un état réel sur ce qui se passe sur le plan épidémiologique et qui mettra la lumière sur plusieurs paramètres permettant d'évaluer au mieux cette maladie. Par ailleurs, l'intervenant a indiqué qu'un travail «colossal a été mené depuis plusieurs années autour des facteurs risques intégrés des maladies cardiovasculaires, en collaboration avec l'OMS, mais qui n'est toujours pas mis en place». S. A.